NÎMES Le député Yoann Gillet visite la prison : "Des conditions de travail à améliorer"
Le député de la 1ère circonscription du Gard a visité, ce mardi 30 août, la maison d'arrêt de Nîmes, l'une des plus peuplées de France avec un taux d'occupation de plus de 210%.
"Je veux voir la réalité d'une prison." Le député Rassemblement national de la 1ère circonscription du Gard a ainsi exercé son droit de visite, ce mardi, à Nîmes. Un établissement pénitentiaire régulièrement pointé du doigt en raison de sa surpopulation. "Nous comptons 423 détenus - condamnés et prévenus - alors que la capacité d'accueil est prévue pour 200 personnes, soit une suroccupation de plus de 210%", précise la directrice de la maison d'arrêt de Nîmes, Aurélie Martinière.
Lors de sa visite qui aura duré plus de deux heures, le député Yoann Gillet a pu rencontrer des surveillants, un médecin, entrer dans des cellules de moins de 10 m2 mais aussi échanger avec quelques détenus. "Ici, ce n'est pas un hôtel, il faut assumer sa peine. Nous sommes privés de liberté pour qu'on puisse comprendre notre sanction. Mais on peut être privés de liberté sans être privés de dignité. Il faut qu'il y ait un respect des personnes", a témoigné l'un d'eux, âgé de 37 ans et incarcéré au quartier des nouveaux arrivants. Ce dernier a dit vouloir négocier un transfert pour ne pas intégrer le bâtiment de détention "à cause des conditions".
Dès son arrivée, le 1er janvier 2019, Aurélie Martinière avait fait de la lutte contre la surpopulation carcérale, une priorité. Un travail de longue haleine. Encore aujourd'hui, une soixantaine de détenus dort sur des matelas posés à même le sol, dans le bâtiment des hommes comme dans celui des femmes. Ces chiffres, qui font état d'une situation préoccupante, la directrice les énumère machinalement. "Nous avons régulièrement des visites de parlementaires, représentants de l'État, etc. C'est l'occasion de discuter de nos difficultés, de se rendre compte de la réalité, d'en tirer des enseignements et de voir comment chacun peut agir pour que ça change", indique-t-elle.
Et la même de poursuivre : "Nous avons deux objectifs : la garde et la réinsertion. Nos agents sont des personnes volontaires, qui font leur métier avec passion." Mais le manque d'effectifs - la prison de Nîmes compte 100 postes de surveillants - et le fort taux d'absentéisme ont un impact sur la prise en charge individuelle et les conditions de sécurité au sein de l'établissement.
Un sujet qui a attiré l'attention du député Yoann Gillet. Il s'en était même préoccupé avant de passer la porte de la prison. "J'ai contacté des syndicats d'agents pénitentiaires. Ils déplorent leurs conditions de travail, le manque de moyens et de personnels. Le salaire d'un agent en début de carrière est à peine au-dessus du SMIC. Il faut une véritable prise de conscience de la part des pouvoirs publics, améliorer les conditions de travail et revaloriser ces métiers, les rendre attractifs", a réagi le parlementaire gardois à l'issue de sa visite. Un discours lors duquel il a également qualifié la justice de "laxiste", "avec notamment le recours aux aménagements de peine qui a pour conséquence d'amplifier l'insécurité dans notre pays". En plus des 423 détenus, les agents de la maison d'arrêt de Nîmes contrôlent 212 personnes en placement extérieur.
La rénovation et l'agrandissement de la prison actuelle devraient permettre d'améliorer les conditions de détention mais aussi de travail pour le personnel. Les travaux ont débuté en 2021 au niveau du stade. D'ici 2024, 120 cellules individuelles, mais dédoublables et assujetties au nouveau référentiel concernant l'immobilier pénitentiaire, sortiront de terre et une quarantaine d'agents seront recrutés. "Un projet en concomitance avec la création d'une nouvelle prison de 700 places (sur un terrain de 60 hectares situé sur les communes de Nîmes, Milhaud et Générac, Ndlr) dont l'ouverture est prévue pour 2027", a rappelé Aurélie Martinière.
Stéphanie Marin