NÎMES Un nouveau statut, une nouvelle statue
C'est plus qu'un symbole. Le nouveau statut du Musée de la romanité vient de lui permettre d'obtenir une statue du grand Musée du Louvre parisien. En effet, le musée le plus visité du monde a prêté pour cinq ans (renouvelable) la statue d'un " togatus ", un citoyen bienfaiteur, à l'établissement nîmois.
Jean-Luc Martinez, président-directeur en poste depuis 2013 au Louvre, l'avoue, " c'est agréable de venir et de revenir ici à Nîmes mais cette convention est le début d'un partenariat et d'un intérêt commun. Le Louvre a pour vocation de mettre à destination du public les collections qu'il a depuis 1793, date de sa création. "
Comment faire vivre autant de collections dans un lieu magique mais exigu et où l'accueil du public n'est pas toujours à la hauteur des œuvres ? " En collaborant, en exposant ailleurs nos collections, poursuit Jean-Luc Martinez. On imagine toujours les réserves remplies du Louvre, c'est faux... Sauf pour les pièces de cette époque ! Nous réalisons des travaux qui, en 2020 puis 2022, vont changer la physionomie du département des antiquités grecques, étrusques et romaines. Nous prêtons un millier de pièces par an en région. Sur les 620 000 œuvres du Louvre, seules 35 000 sont exposées au musée mais il y en a autant qui le sont en région. "
Rien d'exceptionnel pourrait-on se dire. Pas tout à fait. Cette convention s'établit également en vue de la future exposition temporaire de 2020 au Musée de la romanité. Après les gladiateurs l'an passé, Pompéi cette année, c'est le Louvre et le culte impérial sous la Rome antique qui seront les vedettes de la prochaine édition.
Une trentaine de pièces viendront du Louvre, d'autres d'Arles et de Toulouse. La liste est déjà arrêtée, les réflexions bien avancées et le synopsis très détaillé. Un scénographe est actuellement recherché pour tout mettre en place de manière fluide, dynamique et moderne. Rendez-vous le 12 juin pour voir tout ça !
Mais revenons à la statue du jour. Un togatus, un homme portant une toge, un citoyen qui a dû faire du bien quelque part mais on ne sait pas vraiment où. Jean-Luc Martinez ajoute que " cette statue est un complément aux pièces exposées dans ce Musée de la romanité. Elle est dans la salle de la vie quotidienne et représente le rôle du citoyen sous l'empire romain. On dirait même que les Romains pensaient vivre plus en République que sous un empire ! Cette sculpture incarne le rôle d'un citoyen mais on ne sait pas d'où elle vient. L'espace urbain était peuplé d'effigies. C'était la reconnaissance du rôle des élites. "
Le visiteur y verra un citoyen romain en toge, grandeur nature, debout et avec à ses pieds une boîte cylindrique. Le drapé de sa tenue est de belle facture, en marbre blanc veiné de gris comme l'ensemble de l'oeuvre. Datée de l'époque romaine impériale du 1er au second siècle de notre ère, cette nouveauté va plaire à coup sûr.
" Nous mettons tout en oeuvre pour que le musée soit l'un des projets les plus marquants du siècle, commente Jean-Paul Fournier, maire de Nîmes. Nous exposons 5 000 œuvres, et, même si c'est peu il a affirmé sa marque dans sa toute première année d'existence. Il est voué à un grand destin. Nos espérances sont déjà dépassées et cette statue est un magnifique cadeau. C'est un symbole car il vient du plus beau musée du monde ! Pour l'an prochain et l'exposition temporaire sur le culte impérial, la Maison carrée sera une pièce principale de ce moment culturel de la vie nîmoise. Les Nîmois ont été patients lors des travaux. Ce musée est le leur. "
Pour l'histoire, quand Louis XIV a tenu à exposer les richesses françaises dans un musée, il a d'abord initié le mouvement aux Tuileries. Ainsi, le passé romain de la France était assumé et visible. Aux Tuileries étaient rassemblés tous les témoignages de cette France romanisée et de nombreux togatus étaient présents dès 1670. Plus tard, on les retrouve lors du déménagement de la cour à Versailles en 1682 dans le Jardin des bosquets des sénateurs. Le togatus qui est à Nîmes a sûrement été exposé à là-bas. Lors de la Révolution de 1789, les œuvres ont été transférées au tout nouveau Musée du Louvre.