NON ELUCIDE Une bombe sous le lit visait un couple sans histoire
Le 19 avril 2001, les gendarmes de Pont-Saint-Esprit sont appelés par un couple qui vient de découvrir un engin incendiaire relié à une prise électrique par une minuterie. Le système est placé sous leur lit.
Une bombe artisanale prête à exploser
L'homme de la famille recherchait une fuite depuis des heures, une odeur de carburant se répandait dans la villa. Les militaires en se rendant sur place, se disent qu'il s'agit d'un canular, d'une bêtise, d'un jeu d'enfants et que les gamins vont être rapidement démasqués. Mais force est de constater que la bombe artisanale était bien connectée et qu'elle devait sauter dans la chambre à 2h45 du matin. Une bombe qui aurait pu déchiqueter le couple sans histoire qui vit dans cette belle demeure. " Cette bombe placée chez ce couple tranquille, cela paraissait surréaliste. C'est la seule fois de ma carrière où j'ai vu un procédé pareil pour éliminer quelqu'un", déclare un témoin qui est intervenu rapidement sur les lieux. "C'était une bombe artisanale mais le système devait sauter, tout était bien lié pour que ça explose. Il y avait plusieurs litres d'essence sous le lit", explique un enquêteur de l'époque. Le couple n'a pas d'ennemi, il n'a pas reçu de menaces. Mais rapidement les investigations de la Brigade de Recherches de Bagnols-sur-Cèze, vont cibler une personne de l'entourage des victimes. Leur propre fille ! Aussi surprenant que cela puisse paraître, l'étudiante de 23 ans, qui réside à Montpellier, est suspectée d'avoir voulu éliminer ses parents. Une jeune femme qui a beaucoup changé depuis qu'elle fréquente un curieux professeur de musique des environs de Pont-Saint- Esprit. Le musicien âgé de 33 ans à ce moment-là est décrit comme un "escroc" qui aurait une mauvaise influence sur la jeune femme.
La fille et son compagnon suspectés
Lorsque les gendarmes se rendent à Montpellier pour confirmer leurs doutes et lorsqu'ils perquisitionnent dans la chambre universitaire de la fille du couple victime et chez une proche, l'évidence apparaît soudain... "Plus on avançait dans l'enquête et plus nous étions surpris de voir que cette jeune femme, qui était inconnue de nos services, ait pu monter un tel stratagème pour une simple raison : toucher une forte assurance-vie. Pour cela, elle avait imaginé et préparé la mort de ses parents", ajoute le même enquêteur. Lors des perquisitions à Montpellier, il y a d'abord une facture dans un grand magasin qui prouve que le couple Delphine et Vincent ont acheté le 18 avril 2001, une batterie, des jerricans d'essence, du fil électrique. Des éléments qui seront retrouvés sous le lit, le lendemain. Entre-temps, il a fallu relier tous les éléments pour confectionner la bombe artisanale. Les gendarmes retrouvent sur le disque dur d'un ordinateur, des recherches effectuées sur Internet prouvant que Vincent " a bricolé" le système de mise à feu.
Arrêtés au Portugal pour l'assassinat d'un couple de touristes
Mais les gendarmes, malgré les recherches nombreuses, ne parviennent pas à mettre la main sur Vincent et Delphine. Ayant loupé leur intention homicide, ils se font la belle, en emportant leurs maigres économies. Après la tentative d'assassinat, le duo file vers l'Espagne où il commet des délits, puis part vers le Portugal où il est arrêté pour une affaire criminelle, quelques semaines après les faits de Pont-Saint-Esprit. Les amoureux ont tué un couple de touristes au Portugal, toujours pour des motifs crapuleux. Ils ont été condamnés à 25 ans de réclusion au Portugal et ils purgent encore leur sanction dans ce pays. Dans le Gard, même si de forts soupçons pèsent sur eux, ils n'ont jamais été condamnés par les Assises. Ils demeurent donc au yeux de la loi, présumés innocents.
Boris De la Cruz