SAINT-ÉTIENNE-DES-SORTS Élection municipale sous haute tension ce dimanche
Saint-Étienne-des-Sorts, paisible petit village d’un peu moins de 600 habitants perché au bord du Rhône entre Pont-Saint-Esprit et Marcoule, se prépare à un dimanche électoral chargé. En effet, les électeurs Stéphanois devront élire, en plus d’un député, huit nouveaux conseillers municipaux sur les quinze que compte le conseil municipal du village.
Un village marqué depuis des mois par des tensions au sein de l’assemblée délibérante, tensions qui ont abouti à la démission de sept conseillers municipaux de l’opposition. Avec le décès de l’ancien premier-adjoint, il faut donc élire huit élus au cours de cette élection municipale partielle complémentaire à l’issue de laquelle ni la maire Patricia Garnero, ni ses adjoints et conseillers restants ne peuvent être destitués.
Mais l’enjeu reste de taille : si l’opposition emmenée par l’ancien maire Didier Bonneaud passe ses huit élus, Patricia Garnero n’aurait plus les mains libres pour appliquer sa politique, la moindre délibération pouvant être bloquée. C’était du reste déjà le cas pour les votes des comptes administratifs et de gestion, votes pour lesquels la maire doit quitter la salle, laissant majorité et opposition à sept contre sept.
Bref, il s’agit dimanche pour la maire de « pouvoir à nouveau travailler sereinement pour avancer sur nos dossiers », affirmait-elle lors d’une réunion publique mercredi soir. La sérénité, on n’y est pas tout à fait pour l’instant : Patricia Garnero va jusqu’à parler de « haine » envers elle et son équipe chez certains du camp d’en-face, quand Didier Bonneaud pointe « les insultes de l’équipe en place » envers lui, notamment sur les réseaux sociaux. Et lui aussi aspire à ce que le village retrouve sa « sérénité. »
Pourquoi en est-on arrivé là, dans ce petit village où tout le monde se connaît ? « Les gens de l’opposition ne voulaient pas travailler en accord avec nous, ni nous faire confiance », affirme Patricia Garnero. Didier Bonneaud, qui n’était lui plus élu à Saint-Étienne depuis 2020 et son aventure spiripontaine, pointe un déficit de communication de la majorité en place : « Les gens ont besoin de parler, il faut les écouter, dialoguer, et ce n’est pas ce qui s’est passé jusqu’à maintenant. »
L’enjeu, passer sa liste entière
Tous les ingrédients d’un dialogue de sourds. Alors sur le plan politique, Patricia Garnero défend son bilan de deux années de mandat, « alors qu’ils disent qu’on n’a rien fait », dit-elle en parlant du camp d’en-face. Parmi les projets réalisés, la maire pointe le terrain multisports, les pompes à chaleur de l’école et du centre socioculturel, le parking Saint-Roch, le déménagement de la bibliothèque, la réhabilitation des jardins communaux ou encore la reconnaissance de la digue par l’État et sa reprise par le syndicat ABCèze.
Sur la digue, Didier Bonneaud affirme qu’il s’est « battu pour qu’elle rentre dans le PAPI (Programme d’action et de prévention des inondations, ndlr) », et dit en faire une priorité pour enlever « l’épée de Damoclès » qui plane au-dessus du village. L’ancien-maire, qui affirme ne pas venir « pour être maire, mais pour prioriser les projets, je n’ai jamais mis le toit avant les fondations », met en tête des priorités « faire le Plan local d’urbanisme avec de la concertation », et estime que sur ce dossier, « on a perdu deux ans. »
La maire répond que les élus de l’opposition « ne sont jamais venus lors des commissions, maintenant nous sommes en phase d’étude de faisabilité. » Patricia Garnero avance un certain nombre de projets, au premier chef la sécurisation de la traversée du village, avec un début des travaux pour janvier 2023, le passage en LED de l’éclairage public, la construction d’une nouvelle cantine, la mise en place d’ombrières photovoltaïques ou encore la création d’une garderie communale. On y retrouve également la poursuite des travaux d’assainissement par l’Agglo. Ce dernier chantier est aussi une priorité pour Didier Bonneaud, qui y voit une affaire de « développement durable. »
Didier Bonneaud qui va donc abandonner son mandat de conseiller municipal d’opposition à Pont-Saint-Esprit, où il estime ne pas pouvoir « être utile », pour « aider (son) village qui en a grandement besoin », tout en ne fermant pas la porte à un retour à Pont en 2026 : « j’ai quelques idées. »
D’ici là, l’enjeu pour les deux camps est de faire passer leur liste entière, composée de sept élus pour Patricia Garnero et de huit pour Didier Bonneaud, sachant que la maire n’a besoin d’élire que deux élus pour garder la majorité. L’incertitude provient du mode de scrutin, où les panachages de listes sont possibles, tout comme le fait de rayer les noms de certains candidats.
Les listes :
Pour la majorité : Laurent Bastin, Clément Briffa, Christopher Colombani, Stéphane Gasperoni, Clément Gilles, Séverine Gradel et Noémie Ormières.
Pour l’opposition : David Cuadrado, Didier Bonneaud, Fabienne Gehin, Françoise Buffard-Becquart, Gaëtan Becquart, Magui Combin, Sébastien Sanchez et Stéphane Marcellin.
Thierry ALLARD