ST-HILAIRE-DE-BRETHMAS La commune qui voulait accueillir des réfugiés syriens
Ce mercredi, le conseil municipal de St-Hilaire-de-Brethmas a voté une délibération pour exprimer sa volonté d'accueillir deux familles réfugiées du Moyen-Orient dans des logements sociaux vacants. Le sujet n'a manqué de susciter de lourds remous au sein de la droite qui s'est opposée à cette proposition.
Depuis février 2011, une guerre civile oppose en Syrie les partisans de Bachar al-Assad à ceux qui veulent sa chute. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, plus de 215 000 personnes ont été tuées, dont un peu plus de 66 000 civils. Et le bilan ne fait que s'alourdir de mois en mois. "4 millions de personnes ont dû fuir à l'extérieur. Une partie a été accueillie au Liban, en Turquie, en Irak et en Jordanie, mais ça ne suffit pas", souligne Jacqueline Tardieu, secrétaire adjointe du groupe Amnesty International Alès Cévennes. Le Haut commissariat aux réfugiés a ainsi lancé un appel aux pays du monde entier. 380 000 personnes resteraient sans solution.
En France, dans une période où le sujet de l'immigration brûle les urnes et exacerbe les tensions, le sort des Syriens n'est pas vraiment à l'ordre du jour. 500 réfugiés ont été accueillis en 2014 et le gouvernement s'est engagé à un nombre identique en 2015. A titre de comparaison, l'Allemagne a déjà ouvert sa porte à 70 000 Syriens, et la Suède à 30 000.
Une première dans le Gard
Amnesty International et le Secours populaire ont donc interpellé les communes afin de montrer l'exemple et inciter l'Etat à s'engager davantage. Dans le Gard, St-Hilaire-de-Brethmas serait la première à y répondre favorablement. "Quand j'étais au collège, j'avais un camarade réfugié cambodgien, dont la famille avait été violée et tuée par les Khmers Rouges. Ça m'a marqué. Quand on a la chance de vivre en Europe, c'est la moindre des choses", argue Jean-Michel Perret, maire divers gauche. Deux familles seraient donc installées dans l'un des huit logements sociaux appartenant au quota réservataire de la préfecture. Elles bénéficieront du RSA et de la CMU. Les frais de transports seront pris en charge par l'Etat. "Il s'agirait de personnes à grande majorité chrétienne de niveau intellectuel et éducatif élevé. C'est d'ailleurs pour leur engagement qu'ils sont persécutés", assure-t-il.
Violentes réactions à droite
L'opposition a vivement réagit à cette proposition, hier soir, en conseil municipal. "La vraie solidarité doit s'exercer sur place. Ces enfants seront déracinés et dans la détresse, ce n'est pas une solution", a avancé Sylvie Galtier, conseillère UDI. Et à Patrick Guy, sans étiquette plutôt marqué à droite, de renchérir : "On peut les aider d'une autre manière, par des dons par exemple. Ce n'est pas aux communes de prendre en charge cette responsabilité". Présente sur place, la bénévole Amnesty International a rappelé : "Plus rien ne fonctionne, les convois de médicaments sont interceptés. Les populations sont affamées et la faim est même devenu une arme de guerre".
Le ton est rapidement monté en séance, opposant les droite et gauche dans un clivage politique, à défaut d'être idéologique. "Ne nous faites pas culpabiliser de voter contre. Je suis engagée à l'église et j'accompagne des personnes âgées. Je n'ai pas de leçons à recevoir", a fustigé Sylvie Galtier, avant que Simone Tessier ne change de ton, devant les moqueries de l'assemblée : "Ils vont finir par nous mettre dehors!"
La délibération a finalement été adoptée avec 6 oppositions et une abstention. Le dossier est désormais entre les mains du préfet du Gard qui doit décider des suites à donner à cette demande. Dans le contexte actuel, rien n'est moins sûr. Contacté par Objectif Gard, il n'a pas souhaité nous répondre.
Eloïse Levesque