Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 10.06.2018 - thierry-allard - 3 min  - vu 870 fois

TRICASTIN/MARCOULE À mi-chemin, le bon bilan du plan de revitalisation d’Orano

C’était il y a deux ans : le géant du nucléaire Areva, devenu Orano depuis, s’enrhumait et c’était tout un secteur qui se mettait à tousser.
Les acteurs du plan de revitalisation d'Orano autour du préfet de la Drôme, Éric Spitz (au centre, cravate jaune), ce vendredi après-midi à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Areva décidait alors de supprimer 1 026 emplois à l’échelle nationale, dont 391 sur le territoire Tricastin/Marcoule, qui concerne les départements du Gard, de Vaucluse, de la Drôme et de l’Ardèche.

« On aurait pu faire simplement un chèque »

Contraint par la loi, Areva signait alors une convention, déclinée sur le bassin d’emploi Tricastin/Marcoule le 3 janvier 2017, destinée à soutenir la création de 391 emplois sur le bassin, au prorata de ceux détruits dans le cadre du plan de départs volontaires. Un plan financé par Areva/Orano à hauteur d’1,23 million d’euros et qui court jusqu’à octobre 2019. « On est à mi-chemin du fonctionnement de cette convention, nous voulons voir si elle fonctionne bien », souligne le préfet de la Drôme, Éric Spitz, à l’issue d’une réunion des services de l’État avec le géant du nucléaire vendredi après-midi à St-Paul-Trois-Châteaux (Drôme).

Et loin de traîner des pieds, Orano joue la carte de l’engagement : « au delà de nos obligations cette opération est une belle opportunité de réinvestir les territoires de façon très concrète, de travailler avec des TPE-PME, la CCI, l’UIMM, les clubs d’entreprises dans une logique de recréation d’emplois », affirme Bruno Girard, responsable du dossier revitalisation pour Orano. Un engagement souligné par Orano, puisque comme le rappelle Bruno Girard, « on aurait pu faire simplement un chèque et être exonéré de prendre notre bâton de pèlerin et aller à la rencontre des entreprises, mais ce n’est pas du tout notre façon de faire. »

Concrètement, Orano s’est engagé à fournir quatre types d’aides : des prêts bonifiés pour faciliter l’investissement industriel, comprendre qu’Orano bonifie le taux en le faisant descendre jusqu’à 0 % et prend en charge les frais de dossiers et les garanties pour les PME/PMI du secteur industriel ou du service à l’industrie qui ont besoin de financement pour des investissements matériels amortissables, qui créeront au minimum cinq emplois en trois ans sur le territoire. La deuxième aide est constituée de subventions d’Orano en soutien de projets territoriaux, la troisième des avances remboursables pour la création d’entreprise et la quatrième de journées de prestations de salariés d’Orano en renfort des entreprises locales.

91 % de l’objectif réalisé à mi-parcours

Et à mi-parcours, le bilan présenté est plus qu’encourageant. « Sur la période, on a accompli 40 projets et engagé 356 emplois, dont 40 % sont déjà signés. Les autres se réaliseront au fil du temps », se félicite Bruno Girard. Ça donne 91 % de l’objectif réalisé à mi-parcours, pour 778 000 euros dépensés sur les 1,23 million prévus. Parmi ces emplois engagés, on en compte 77 dans le Gard, 77 en Vaucluse, 175 dans la Drôme et 27 dans l’Ardèche, la différence entre les départements étant produite par « une ventilation au regard de l’impact du plan de départs volontaires sur chaque département », précise Bruno Girard, en ajoutant qu’Orano, épaulé par la préfecture et la Direccte, « n’a pas chômé. »

Parmi les projets soutenus, on retrouve la start-up Extracthive, créée à Marcoule par d’anciens du CEA et qui fait dans le recyclage et la valorisation de céramiques industrielles et de matières minérales, qui a ainsi pu reprendre un site en Vaucluse, à Sorgues. « On a sauvé 10 emplois soutenus par Orano, on a bénéficié d’un prêt bonifié et nous avons recruté 7 personnes », explique le directeur de la start-up, Christophe Dondeyne. Extracthive s’est engagée sur 18 emplois, et en a d’ores et déjà créé 14.

Dans un tout autre secteur, l’entreprise Bulle Verte, spécialisée dans la fabrication de savons et détergeants écoresponsables basée à Malataverne (Drôme), qui a besoin d’aide pour accompagner sa croissance exponentielle. « On a eu dix jours de présence de personnel d’Orano pour nous aider et un prêt bonifié », note le chef de l’entreprise, Patrick Marcesse, qui compte créer 20 emplois. Le plan de revitalisation soutient également financièrement le projet de Cleantech Booster qui sera implanté à Aramon pour accompagner des start-ups.

Bref, comme le dit le préfet de la Drôme, « on est partis d’une obligation, mais c’est devenu une belle histoire. » Une belle histoire que le préfet verrait bien dépasser les objectifs initiaux : « on peut raisonnablement penser que quand on aura dépensé l’intégralité de la somme on aura créé plus d’emplois que ce qui avait été initialement perdu. »

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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