VAUVERT Lettre anonyme : le maire porte plainte pour diffamation
Début mai, une lettre anonyme a été envoyée à la presse, au procureur de la République ou encore au Sénat. Une « rumeur salace », dénonce la première adjointe « qui revient à chaque élection » dans le village vauverdois.
« Je souhaite mettre un terme à un tas de souillures et de vilenies », a laconiquement lâché le maire socialiste de Vauvert, Jean Denat, hier soir. Une fois n’est pas coutume, un conseil municipal s’est tenu, ce mardi, en plein entre-deux tours des Municipales. Imaginez l’ambiance… À Vauvert, la vie politique connaît bien des vicissitudes et les candidats ne se font pas de cadeau. Le report du second tour - prévu finalement le 28 juin - n’arrange rien.
L’ordre du jour du conseil présentait une délibération polémique : l'octroi de la "protection fonctionnelle" (le paiement des frais de justice) de la commune pour le maire, qui a porté plainte pour diffamation dans deux affaires distinctes. La délibération a été rapportée par la première adjointe, Katy Guyot. Le maire ayant décidé que lui et son opposant Rassemblement national, Jean-Louis Meizonnet, ne participeraient ni au vote, ni au débat.
Il faut dire que le leader d’extrême-Droite est mis en cause dans l’une des deux affaires. Le 15 mai, Jean Denat a déposé plainte pour diffamation, suite à la publication par son rival d’un texte sur le réseau social Facebook. Ce dernier a fustigé « des pratiques peu orthodoxes de Jean Denat » qui aurait, dit-il, « bloqué la demande faite par la Saur d'approvisionnement en eau du mas de Sandrine Rios, déposée le 27 février, avant confinement. »
Jean-Pierre Gusaï : « Vous muselez le responsable du RN »
La seconde affaire est bien plus grave. Le 8 mai, une lettre anonyme, a été envoyée à la presse mais également au ministère de l’Intérieur, à l’Assemblée nationale ou encore au Sénat. À la lecture de la délibération, les esprits s’échauffent et le ton monte. L'élu de Droite, Jean-Pierre Gusaï - qui a rejoint l’équipe de Jean-Louis Meizonnet - monte au créneau. Il demande à ce que les deux affaires soient séparées dans deux délibérations : « M.Meizonnet n’est pas mis en cause dans la lettre anonyme. Vous muselez le responsable du RN comme s’il était en cause ! »
Pour la majorité pas question. À son tour, Any Libra, élue Rassemblement national, prend la parole : « Je condamne les lettres anonymes. J’ai d’ailleurs été reçue à plusieurs reprises par la justice concernant des lettres. Ce n’est pas la première fois que l’on en entend parler de cette histoire. Mais ces lettres anonymes relèvent d’une affaire privée. Ce n’est pas à la commune de payer. À moins que Jean Denat soit dans la précarité financière ! » Agacée, la première adjointe rétorque : « Ce sont des rumeurs salaces qui salissent un élu de la République ! Ça revient à chaque élection ! Ces ragots portent atteinte à l'honneur d'un représentant de la commune, en citant son nom et ses fonctions. »
Jean Denat : « Je ne souhaite à personne de vivre ça… »
Micro à la main, Jean-Louis Meizonnet tente quand même de prendre la parole. En vain. Il aura juste le temps de lâcher : « C’est une voie de fait (*) et vous en répondrez. » À la fin du conseil municipal, Jean Denat clôture la séance : « Je ne le souhaite à personne de vivre ça. Je ne vous souhaite pas une belle campagne parce qu’elle a mal commencé. »
Coralie Mollaret
* La "voie de fait" est une notion du droit administratif. Il s'agit d'une action de l'administration réalisée sans droit qui porte matériellement et illégalement une atteinte grave à une liberté fondamentale ou à un droit de propriété.
Maître Khadija Aoudia a été saisie sur cette affaire. "Une enquête est en cours et devra faire la lumière sur le ou les présumés auteurs de ce courrier anonyme" nous explique l'avocate.