VILLEFORT "Ils veulent tuer le Cévenol !"
Ce samedi, en fin de matinée, la gare de Villefort (48) a été envahie par près de 200 manifestants venus dire leur colère contre la SNCF. Selon eux, elle laisserait peu à peu la ligne du Cévenol à l'abandon...
Applaudissements, sifflets, cris : le train Cévenol de 10h50 a rarement reçu un tel accueil à son arrivée en gare de Villefort. Sur le quai, entre 150 et 200 personnes, dont de nombreux maires et élus, sont venues assister au spectacle, inquiets de ne plus jamais voir ce train entrer en gare. Créée il y a un demi-siècle, cette ligne relie chaque jour Clermont-Ferrand à Nîmes, notamment à travers les paysages vallonnés des Cévennes. Sauf que depuis quelques années, le service laisserait à désirer.
C'est en tout cas ce qu'observent les manifestants, qui vivent pour la plupart dans ces contrées reculées où le train est un moyen de déplacement indispensable. « Réseau ferré de France ne fait pas les travaux nécessaires sur la ligne. Cela entraîne des ralentissements : il faut compter 20 à 30 minutes de plus pour faire le trajet », s'indigne Claude Magnien, président du comité de défense des services publics et des usagers dans les Hautes-Cévennes. Pour lui, l'intention de la SNCF est claire : « Avec tous les trains supprimés ou annulés et les retards, ils sont arrivés à dégoûter les voyageurs de prendre le train. Comme ça, ils pourront dire que la ligne n'est pas fréquentée lorsqu'ils voudront la fermer. Ils veulent tuer le Cévenol ! ».
Dans la même veine, Alain Roumier, secrétaire adjoint du comité, poursuit : « Que deviendrait alors nos chances de développement et nos conditions d'existence ? ». Elles seraient certainement moins bonnes. Jean-Luc Gibelin, vice-président chargé des infrastructures à la Région, semble en avoir bien conscience. Présent ce matin pour soutenir l'action des Cévenols, il a affiché le soutien de Carole Delga, sa présidente, qui a envoyé un courrier au ministre compétent « pour dire l'importance de ces trains d'équilibre du territoire ».
Il est presque 11h, le train repart en klaxonnant. Les manifestants, eux, restent sur le quai. Et comme leur Cévenol tant aimé, ils sont prêts, pour leur combat, à y revenir chaque jour.
Élodie Boschet