ALÈS La Confédération paysanne fait entendre sa nuance agricole et accuse la FNSEA
Les militants de la Confédération paysanne ont manifesté au rond-point de la route de Nîmes, en fin de matinée, pur dénoncer l'accord sur le Mercosur. Après le conseil municipal de ce lundi soir, qui semble emmener l'abattoir d'Alès vers la privatisation, la Confédération paysanne a dénoncé une parltie de poker menteur entre Ville d'Alès et chambre d'agriculture, en continuant de prôner un volume inférieur à ce qui était envisagé pour aller vers un véritable abattoir départemental public.
"On vient protester contre cette signature du Mercosur et tous les traités de libre-échange depuis 2000, contextualise le porte-parole gardois de la Confédération paysanne, Didier Marion. C'est la course aux moins-disants en matière d'écologie, d'agronomie, etc. Tout ça pour enrichir Lactalis et compagnie." Le lieu de la manifestation de la Confédération paysanne n'est d'ailleurs pas choisi au hasard, ce mardi matin : le rond-point de sortie de la Nationale 106 accueille aussi la concession Renault. "L'échange, pour l'Union européenne, ce sont des voitures contre l'agriculture." Au passage, une banderole du syndicat recouvre le film plastique revendicatif laissé par la FDSEA et les Jeunes agriculteurs autour de ballots de paille.
Avec ses adhérents, Didier Marion ne croit pas à la position officielle de la France. "Le pouvoir actuel a signé tous les traités de libre-échange, notamment l'an dernier, qui permet à l'agneau de Nouvelle-Zélande de rentrer détaxé, comme le lait, alors que la Nouvelle-Zélande est premier producteur mondial. C'était le dernier verrou de Lactalis pour faire baisser la collecte en France."
La Confédération paysanne espère aussi "dénoncer le double langage de la FNSEA", alors que les syndicats agricoles sont en période d'élection (jusqu'au 31 janvier). La semaine dernière, au Grand Palais à Paris, avait lieu la bourse européenne du commerce (lire encadré dans cet article). "Et il y avait le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau. Donc, il envoie ses troupes faire les beaux et détruire une MSA et, en même temps, il organise la spéculation", s'insurge Didier Marion.
"C'est vrai que la Ville d'Alès a mis 12 millions d'euros dans l'abattoir. Mais c'était mettre de l'eau dans un panier troué !"
Didier Marion, porte-parole de la Confédération paysanne
Mercosur et comportement de la FNSEA auraient suffi à rameuter les troupes de la Conf'. Mais lundi soir, un nouveau chapitre (sombre) de l'abattoir d'Alès s'est écrit en conseil municipal (relire ici), avec un dépôt de bilan qui paraît de plus en plus inévitable, le 15 janvier. "Ils sont en train de le céder au privé, dénonce Didier Marion. Et Alazard et Roux (société propriétaire de l'abattoir de Tarascon, NDLR) va en récupérer des bouts. C'est vrai que la Ville d'Alès a mis 12 millions d'euros, poursuit le porte-parole du syndicat paysan, en écho aux déclarations du maire, Max Roustan. Mais c'était mettre de l'eau dans un panier troué !"
Pour la Confédération paysanne, "l'abattoir n'était pas viable à terme. Il fallait partir, il y a dix ans, sur un abattoir départelmental, comme dans l'Ain ou la Haute-Marne. Avec un tonnage compris entre 1 500 et 2 500. Pendant qu'on liquide l'abattoir, eux inaugurent le leur..." Viticulteur à Martignargues, Simon Le Berre fait un rapide calcul. "Même avec 2 500 tonnes de viande produite, on est loin des 16 à 17 000 tonnes consommées chaque année dans l'agglo d'Alès..." Plutôt que la Ville cède l'équipement au privé, la Confédération paysanne continue de militer pour une solution plus "concertée" et départementale.
Deux Gardois "nassés" au Grand Palais
Deux Gardois ont fait partie des 200 militants partis manifester lors de l'inaguration de la Bourse européenne du commerce, au Grand Palais, jeudi 5 décembre. "La mise en place de l'action s'est très bien déroulée, témoigne Simon Le Berre. On savait le lieu surveillé mais le service de sécurité était très compréhensif. On a pu déployer une grande banderole."
Voilà pour la partie revendicative. "Mais la façon de nous demander de partir a été inadmissible. On savait bien qu'on allait devoir partir. On a commencé à descendre de l'esplanade mais on a rapidement été encerclés par les gendarmes et la Police nationale, et bloqués dans un carré de dix mètres par dix mètres." Des forces de l'ordre, ils n'obtiennent aucune réponse sur les raisons de cet encerclement, qui dure 45 minutes.
"Puis, la BRAV-M est arrivée". Une brigade qui, selon son nom (brigade de répression de l'action violente motorisée, NDLR), vient en répression de l'action violente mais qui a été mise en cause plus d'une fois par des témoignages de manifestants, lors du mouvement contre la réforme des retraites, comme étant elle-même source de violence, au lieu d'y mettre un terme. "Ils étaient chaud-bouillant, relève Simon Le Berre. Des types des renseignements généraux balançaient ceux qu'ils pensaient agressifs et la BRAV-M est rentrée cinq fois dans le tas pour aller chercher cinq personnes, qui ont fait 48 heures de garde à vue."
Selon Simon Le Berre, les forces de l'ordre n'ont pas cherché à les extraire mais à se créer un passage libre, en ligne droite, occasionnant vingt blessés dans les 200 manifestants. "Ce qui m'a le plus surpris, c'est que, finalement, ce sont les gendarmes qui nous ont protégés d'eux en acceptant d'agrandir le carré pour qu'on puisse, au moins, respirer..."