BAGNOLS/CÈZE À Bazine, une nouvelle vie pour les sept familles relogées
Après des années passées à vivre dans des conditions précaires, sept familles bagnolaises se sont installées depuis un an dans des logements familiaux. Un projet mené conjointement par la Mairie et le bailleur social Logis cévenols qui aura mis 12 ans pour se concrétiser.
"On mène enfin une vie normale", lâche Anita, approuvée par le hochement de tête de sa tante, Adam-Raymonde. Elles font partie d'une des sept familles qui habitent depuis un an les nouveaux logements familiaux Bazine. Pendant des années, leurs proches et elles ont habité dans des caravanes et des mobil-homes un peu plus en bas, dans des conditions très précaires. Ils y seraient encore si ce projet immobilier entre la Ville de Bagnols-sur-Cèze et le bailleur Logis cévenols n'avait pas vu le jour. Mais sa sortie de terre est le résultat d'une douzaine d'années de bataille.
"Cela fait quarante ans que l'on demande aux différents maires une solution. Jean-Christian Rey puis Jean-Yves Chapelet nous l'ont apportée", s'exclame Rina. Pourtant ce n'était pas gagné, comme elle le raconte en riant : "Les gens nous disaient qu'on aurait des maisons quand les poules auront des dents. Alors on a acheté des poules..." Aujourd'hui, sa maison compte trois chambres, une salle de bain, la climatisation, un jardin. "On n'avait pas de douche, pas de toilettes. On faisait à l'ancienne, avec des bassines. C'était dur. En plus, ma tante est malade, une autre est en fauteuil. C'est important d'avoir une maison. Les infirmiers peuvent venir désormais", témoigne Anita.
La situation de ces sept familles historiques, installées depuis des dizaines d'années à Bagnols-sur-Cèze a touché les élus de l'époque. Jean-Christian Rey garde un souvenir ému d'une grand-mère qui décèdera malheureusement un peu plus tard. Jean-Yves Chapelet, l'actuel maire, a le déclic en plein hiver, alors qu'il se balade à moto dans le coin et découvre un bébé dans un couffin dehors. "Ce projet est parti d'une volonté commune, c'est une histoire d'hommes", indique ce dernier.
Il poursuit : "Il y a des projets qui vous rappellent pourquoi vous êtes élu. Vous rencontrez toutes les difficultés du monde à faire comprendre ce que vous voulez faire, mais maintenant que c'est terminé, on en sort grandi." En douze ans, lui et ses équipes ont affronté vent et marée pour voir aboutir la construction. Dans l'opposition du conseil municipal, la décision ne convainc pas. "Le projet n'est pas porteur. La force de l'élu, c'est d'aller dans ce sens-là malgré tout", commente Jean-Yves Chapelet.
Un projet qui a rencontré moult obstacles
Trouver un montage financier tenant la route a été difficile. D'autant que le déroulé a été jalonné de nombreux aléas. "On se trouve sur une ancienne décharge. Il fallait définir le degré de pollution, la portance du sol... On s'est aperçu en cours de route qu'un bout du terrain ne nous appartenait pas, il fallait racheter la parcelle. [...] À deux-trois reprises, on s'est retrouvés seuls. On a fait des avances de trésorerie", se remémore-t-il. Il aura fallu trois mandats pour voir aboutir cet engagement.
La collaboration entre Logis cévenols et la municipalité a débuté en 2015 pour faire avancer ce dossier. Il s'inscrit dans le cadre de l'opération "Résorption de l'habitat indigne" (RHI). En janvier 2017, a aussi été lancée la MOUS (Maîtrise d'oeuvre urbaine et sociale) pilotée par le CCAS, pour aider les familles à aborder ce changement de vie (gestion d'un budget, des consommations d'énergie...). Le permis de construire a finalement été déposé en 2018, la première pierre posée en 2019, malgré les doutes et grâce à une grande persévérance de tous les acteurs.
1,2 million d'euros investis au total
Au total, 1,2 million d'euros ont été engagés pour voir aboutir ces sept habitations (deux T2, trois T3 et deux T4 sur des surfaces habitables de 460 m2 au total, ndlr). Le bailleur, la DDTM, l'Agence nationale de l'habitat (Anah), le Fonds européen du développement régional (FEDER), le Département et la Région ont été aux côtés de la ville de Bagnols-sur-Cèze.
"On y est arrivé parce qu'on était ensemble. On est arrivé à faire vivre dans de bonnes conditions celles et ceux qui ont toujours vécu ici", affirme Jean-Christian Rey. Cette réalisation viendra aussi répondre aux créations de nouveaux logements sociaux imposés par le PLH (Programme local de l'habitat) mais aussi compléter l'offre à l'échelle de l'Occitanie (11,3%) qui est inférieure à la moyenne nationale (17,3%).
Marie Meunier