ÇA NE TOURNE PAS ROND Le « mineur de Rochebelle », symbole du patrimoine alésien
À l’entrée du quartier de Rochebelle à Alès, un giratoire se distingue particulièrement par son œuvre qui trône en son centre. Le mineur et son wagonnet. Sculptée il y a 29 ans par le regretté Raymond Roux, cette statue célèbre et honore le passé minier de la deuxième ville gardoise. Récit d'un symbole.
L'histoire est belle. En 1995, à l'initiative de la municipalité d'Alès, l'artiste alésien Raymond Roux est chargé de créer une sculpture pour le rond-point à l'entrée du quartier de Rochebelle. D'après son idée originale et en étroite collaboration avec le nouveau maire, Max Roustan, Raymond Roux choisit de concevoir une œuvre représentant un mineur musclé et déterminé, poussant un wagonnet. Cette sculpture, réalisée en polyester, en métal et imitant fortement le bronze, cherche à incarner la force et la résilience de la communauté minière d'Alès, tout en lui rendant hommage. Le quartier de Rochebelle, autrefois au cœur de l'exploitation charbonnière, voit ainsi son passé mis en lumière sur ce "giratoire de bienvenue". Ce simple rond-point devient alors un symbole non seulement pour le quartier, mais aussi pour la ville entière. Tous les habitants y sont particulièrement attachés. « Elle représente notre histoire, notre fierté », explique Donia, 36 ans, habitante du quartier. Un rappel important, en effet, du labeur ardu des mineurs durant de longues années. Mais en 2016, un accident de la route va bouleverser cette harmonie...
Le mineur accidenté
Un soir de décembre 2016, un chauffard en état d'ébriété termine sa route sur la statue, gravement endommagée. La tête du mineur se retrouve tristement brisée et une partie de ses jambes, détruite. La mairie d'Alès se tourne alors vers Souredj Gartmann de l'association Art'Attack, ancien élève et collaborateur de Raymond Roux, pour assurer cette restauration. Décédé d'un cancer en 2010, Raymond Roux avait laissé un vœu précieux : que Souredj Gartmann prenne sous son aile son neveu Flavien. Respectant cette volonté, Souredj choisit d'associer Flavien, alors jeune, à la restauration de cette œuvre. Ensemble, ils redonnent vie à la sculpture, honorant ainsi le travail du « maître ».
Restaurée et réinstallée avec succès
Pendant la période de restauration de l'œuvre, les habitants du quartier n'ont cessé d'exprimer le sentiment de vide que son absence provoquait. Les deux hommes, Souredj et Flavien, le premier en supervision, ont alors travaillé d'arrache-pied pendant près d'un an pour que la sculpture soit réinstallée en grande pompe, le 5 décembre 2017, à l'occasion de la Sainte-Barbe.Au total, 7 000 euros ont été débloqués par les assurances pour cette restauration. Preuve de son importance. Pour l'anecdote, le mineur sculpté, n'est autre que l'ancien voisin de Raymond Roux, Jean-Marc Vivancos, qui avait été choisi comme modèle en raison de sa musculature impressionnante.
Ainsi, la sculpture a regagné son emplacement sur le rond-point, restaurée et mise en valeur comme il se doit, au grand plaisir des Alésiens. « J’aime beaucoup cette statue, qui non seulement illustre l’histoire du Cotentin, mais représente également toute la force, le courage et le caractère des mineurs, transmis aux Cévenols. C’est une statue intemporelle, un héritage de notre culture et un véritable témoin de notre histoire », raconte Méryl Debierre, élue à la mairie d'Alès. Une histoire dans l'histoire, donc, avec d'un côté l'héritage d'une époque minière révolue, de l'autre la pérennité d'un savoir-faire précis et précieux transmis de génération en génération. Longue vie au « mineur de Rochebelle ».