ÉDITORIAL Fermeture administrative pour manque d’hygiène : et les autres ?
Au final, la loupe grossissante de la poignée de mauvais commerçants jette tout le monde dans le même bain d'huile.
En début de semaine, à Lasalle, les agents de la Direction départementale de la protection des populations ont contrôlé un point de vente de restauration rapide. Lors de ce contrôle, ils ont relevé de graves manquements aux normes d’hygiène alimentaire et d’entretien des locaux. Face aux conditions représentant un danger immédiat pour la santé des consommateurs, sous l'autorité du préfet du Gard, une fermeture administrative du snack a été ordonnée. Jusqu'à nouvel ordre. Surtout, jusqu'aux mesures correctives nécessaires pour rétablir les conditions d’hygiène conformes à la réglementation. Ce n'est pas la première fois que les services décentralisés de l'État engagent des opérations de contrôles et, dans la foulée, prononcent des fermetures d'établissement pour les mêmes raisons. Désormais, une communication publique est aussi engagée. Sur les réseaux sociaux et dans la presse. Avec un effet dévastateur immédiat. Généralement informé, le consommateur évite de se rendre à nouveau dans le restaurant sanctionné. Même après sa réouverture. Et c'est peut-être là l'écueil du dispositif de tapage médiatique. Car finalement, le gérant subira définitivement le poison de la suspicion. Par ailleurs, cette mise en avant des établissements qui ne respectent pas les règles sanitaires entraînent, de facto, la mise sous silence de ceux qui font bien leur boulot. Et respectent leurs clients. Quelques chiffres. En Occitanie, selon le ministère de l'Agriculture, en 2024, 6 000 établissements ont été contrôlés. 95 % des résultats sont conformes. Plus de 2 000 restaurants ont même obtenu une note très satisfaisante, plus de 4 000 satisfaisantes. À peine 200 doivent s'améliorer et le chiffre ridicule de 30 restaurateurs qui doivent corriger leur activité de façon urgente. Au final, la loupe grossissante de la poignée de mauvais commerçants jette tout le monde dans le même bain d'huile. Bien dommage. La préfecture du Gard est donc invitée à rappeler à chaque communication négative, le nombre d'établissements qui méritent des applaudissements. Dans le contexte anxiogène où la mode du "Tous pourris" est de rigueur, un peu de bienveillance pour ceux qui bossent ne ferait pas de mal...