ÉDITORIAL Nouvelle prison : les élus alésiens la veulent-ils vraiment ?
D’ordinaire, les élus du bassin alésiens et/ou de l’Agglo ne perdent jamais une occasion de mettre en avant leurs bonnes idées, leurs projets et leurs actions. Mais concernant la nouvelle prison, c’est silence radio ou presque. Et forcément, comme les Alésiens ne sont pas habitués à un tel mutisme, ça pose question…
S’il y a un projet qui, pour une fois, semblait devoir revenir au bassin alésien, c’est bien celui de la nouvelle prison. Pour rappel, il s’agissait d’une annonce faite à la fin du quinquennat de François Hollande, répétée depuis par l’ancienne Garde des Sceaux d’Emmanuel Macron, Nicole Belloubet, qui semblait gravée dans le marbre. Seulement, depuis des années, les autorités et politiques alésiens enchaînent ratés et déconvenues. Les déboires se multiplient tellement que ça en devient suspect. À tel point que beaucoup s’interrogent - en off, c’est dommage - sur la réelle volonté des élus locaux d’avoir cette prison sur leur bassin.
En 2017, on se souvient que la ville d’Alès faisait deux propositions de terrain avec « un plan B dont on est sûr à 99,9% qu’il fonctionnera », assurait à l’époque Christophe Rivenq (relire ici). Il a tellement bien fonctionné qu’ont été envisagés depuis des terrains sur les communes de Saint-Hilaire-de-Brethmas, Les Plans et Boisset-et-Gaujac, provoquant au passage la colère de la population qui n’avait pas été concertée. On aurait voulu s’y prendre plus mal qu’on n’aurait pas mieux fait... Mais que tout le monde se rassure, dans le dernier numéro d'Objectif Gard le magazine (actuellement en kiosques), le président d'Alès Agglo évoque cette fois un nouveau lieu qui "sera sans doute mieux accepté par les populations" (l'importance du "sans doute") et remet au goût du jour cette bonne vieille méthode Coué, répétant à l'envi que la prison sera bien sur le territoire d'Alès Agglo en 2025.
Deux projets à... Nîmes !
Ces échecs, mêlés à l’assourdissant silence des acteurs locaux - qui ne manqueront probablement pas de répondre qu’ils « travaillent dans l’ombre » - est à mettre en perspective avec l’attitude des élus nîmois qui de leur côté ont clairement démontré une farouche envie de remporter la mise. Depuis des années, en coulisses, la députée Françoise Dumas remue ciel et terre pour une seconde maison d’arrêt à Nîmes, n’hésitant pas au passage à décrier le projet alésien.
Le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier, fait de même et, on vous l’a raconté en exclusivité dimanche soir (relire ici), il s’entretient désormais directement avec le Premier ministre, Jean Castex, à ce sujet. Et ça paie ! La préfecture confirme que le dossier nîmois reprend « du poil de la bête ». On parle de deux projets étudiés à Nîmes. Un changement de cap qui vient confirmer la campagne d’affichage alésienne dans le métro parisien cet été : « Alès, la capitale qui ne manque pas d’air ». Effectivement, pour l’instant, la prison à Alès, ce n’est que du vent.
Tony Duret