Le ton est donné dès l'arrivée au pied de la traditionnelle pyramide de pommes et d'oignons qui couvre le petit rond-point au niveau des quais du Vigan : au milieu des deux produits phares de la journée, quelques panneaux de communes proches, prélevées par les agriculteurs, il y a quelques nuits à Saint-Sauveur-Camprieu, Lanuéjols, ou encore Valleraugue. Si les ventes de l'oignon doux des Cévennes se portent à merveille, les producteurs ne veulent pas faire fi du contexte. Certains sont aussi éleveurs et les autres souhaitent, de toute façon, se montrer solidaires de leurs collègues en difficulté et qui ont apporté un grand nombre de panneaux de communes devant la préfecture du Gard, ce vendredi.

"C'est une journée magnifique, commente Magali Saumade, présidente de la chambre d'agriculture, une manifestation agricole très importante pour le Gard et son agriculture. On félicite la coopérative Origine Cévennes pour son engagement. L'oignon doux est une des pépites gardoises dont on est très fiers. L'opération d'aujourd'hui fait du bien, on se tourne vers l'avenir." Car, pour la présidente de la Chambre, la "crise sans précédent" actuelle n'est jamais bien loin. 

Depuis la mobilisation hivernale, "les choses ont un peu bougé, reconnaît Magali Saumade. Mais la loi d'orientation agricole n'est pas encore votée et les premiers engagements devaient intervenir début 2025. On doit lever les blocages. Ce qui freine la compétitivité agricole, c'est bien souvent l'empilage des contraintes." Et pour les terrasses d'oignons doux, ce qui est attendu, c'est la possibilité de créer des bassins de rétention pour profiter des fortes pluies d'automne et du printemps afin d'arroser sereinement jusqu'à fin juillet. 

Sous l'office de tourisme, où le chef du Duende à Nîmes, Nicolas Fontaine, est en pleine préparation de gauffres gastronomiques à l'oignon doux, Philippe Boisson et Gaël Martin attendent les politiques pour l'inauguration de la foire, dont les allées sont déjà pleines à 11 heures du matin. Le président de la coopérative Origine Cévennes et celui de l'AOP (appellation d'origine protégée) Oignons doux des Cévennes souhaitent interpeller les élus. En tête, le président du Pays Viganais, Régis Bayle, et le conseiller régional salindrois Jean-Luc Gibelin, venu représenter Carole Delga. 

"J'ai des collègues qui vont tout casser si rien ne vient"

Philippe Boisson, président de la coopérative Origine Cévennes

"Elle vous a promis des choses, Carole Delga est une femme de paroles", veut rassurer Régis Bayle. "Il faut arrêter de faire penser aux gens qu'on trouvera des solutions sans moyen, lui répond Philippe Boisson (*). Il faut dire à la DDTM (direction départementale des territoires et de la mer, NDLR) que sa réglementation, on ne peut pas l'appliquer parce que les gens ont besoin de travailler !"

Se différenciant de la DDTM, opérateur d'État, le vice-président aux transports de la Région Occitanie, Jean-Luc Gibelin, rebondit alors en évoquant la ligne de train Alès-Bessèges. "Moi, la DDTM me fait ch... comme vice-président, sur le train. Elle nous empêche. Nous la subissons de la même façon, tout ça parce que ça bouscule quatre chauve-souris dans un tunnel où passent déjà 50 trains de fret !" Magali Saumade entre alors dans le débat pour demander "que les élus de la Région disent, au niveau de l'État, ça suffit ! L'agriculture est toujours une variable d'ajustement." "Je le vis ce que je dis, poursuit un Philippe Boisson remonté. J'ai des collègues qui vont tout casser si rien ne vient."  

(*) À lire ce lundi, sur le site Objectif Gard, une interview de Philipe Boisson, président de la coopérative Origine Cévennes

Quelques stands et ambiances de cette 30e Foire de la pomme et de l'oignon doux