ALÈS Le comité de défense de l'hôpital se soulève contre "le désert médical alésien"
Devant la CPAM d'Alès, le comité a appelé à "développer des centres de santé pluridisciplinaires et réinvestir massivement dans l'hôpital".
"La dégradation du service public est une menace plus grave que celle du Covid". Pour Jean-Marc Leyssenne, président du comité de défense de l'hôpital d'Alès, le constat est sans appel, et ce, depuis plusieurs années. "La crise de l'hôpital public est celle de l'ensemble du système de santé. L'État a mis l'organisation des soins de proximité entre les mains des libéraux, valorisant le secteur privé lucratif et contribuant à la création de déserts médicaux".
"La Sécurité sociale est un bien commun"
Jean-Marc Leyssenne voit aujourd'hui une "médecine libérale à bout de souffle. C'est l'occasion de développer sur le territoire des centres de santé pluridisciplinaire et réinvestir massivement dans l'hôpital". Monique Fabrègue, ancienne infirmière à l'hôpital d'Alès et membre du comité réuni devant la CPAM d'Alès ce vendredi 24 janvier, se désole de voir "certains spécialistes faire des dépassements honoraires de 100 €".
"La Sécurité sociale est un bien commun, elle est mère de notre système de protection, mais elle aiguise les appétits du capital, dans le but de la transformer en argent, abonde Jean-Marc Leyssenne. Notre système de santé ne dépense pas trop, ce sont nos recettes qui sont volontairement insuffisantes."
"Quinze mille grands Alésiens n'ont pas de médecin traitant"
Avec seulement 30 médecins généralistes sur Alès aujourd'hui, contre 56 en 2020, et 55 dans l'Agglomération, contre 79 il y a cinq ans, le territoire alésien est bien loin des moyennes nationales. "À Alès même, on compte 55 médecins pour 100 000 habitants. Dans l'agglomération, on en compte 44. La moyenne nationale est de 140, celle du département 139. Quinze mille grands Alésiens n'ont pas de médecin traitant. Nous sommes bien sur un désert médical", abonde le président du comité.
Yannick Louche, président du syndicat des Hautes Vallées Cévenoles, relève aussi un problème d'âge au sein du corps médical : "50 % des médecins alésiens ont plus de 60 ans, la moyenne nationale est de 20 %. Les communes rurales sont prêtes à tout et n'importe quoi pour attirer de jeunes médecins."
Le comité organise une conférence jeudi 30 janvier à l'espace Cazot avec Emmanuel Vigneron, professeur d'université, spécialiste de l'offre de soins et de santé dans les territoires.