FAIT DU JOUR Des Gomez à Fernandez : une nouvelle page s’ouvre pour le restaurant Le Printemps
Après avoir géré le restaurant nîmois Le Printemps pendant plus de 40 ans, la famille Gomez a décidé de vendre. Le repreneur Julien Fernandez ouvre une pizzeria qui devient "Le Petit Jules".
Arrivé dans les années 1960 à Nîmes, Jean-Claude Gomez a très vite travaillé dans le monde de la restauration. « Je suis le premier à Nîmes a avoir fait le plat du jour, 4 francs à l’époque », s’exclame l’homme de 88 ans, accoudé au comptoir du Printemps, quelques jours avant le changement de propriétaire. En 1981, poussé par une volonté de s’agrandir, Jean-Claude Gomez rachète cet établissement idéalement situé à l’angle du boulevard Amiral Courbet et du square de la Couronne.
Face à lui, son fils Jean-Philippe, âgé de 55 ans, se souvient d’une anecdote enfant : « J’avais 11 ans et je passe devant le Printemps avec mon père qui me dit : je vais acheter ça, qu’est-ce que tu penses ? » Le Nîmois intègre par la suite l’affaire familiale. « Je venais de finir mon service militaire et je suis venu faire un dépannage pour la feria et ça a duré 32 ans », plaisante-t-il. Sa sœur Sophie a également rejoint l’aventure quelques années plus tard et a œuvré pendant trois décennies en cuisine. Au moment de la reprise, leur père investit et refait l’intégralité du local. Et surtout le bar devient aussi un restaurant qui, à la grande époque, fait le plein matin, le midi jusqu’à 15 heures et même le soir.
Serge Gainsbourg, Jacques Villeret et Éric Cantona
Au fil des années, l’adresse devient incontournable à Nîmes et Jean-Claude se remémore des personnalités venues s’installer à sa table. Serge Gainsbourg, Jacques Villeret ou encore Éric Cantona, qui venait régulièrement. Des matadors, mais aussi des artistes comme Nina Hagen ou Manu Dibango. « Ces dernières années, on a aussi fait des pizzas pour des chanteurs du Festival de Nîmes », ajoute Jean-Philippe qui, en pleine saison, ne devait pas fermer la boutique avant une heure du matin comme le souhaitait son papa.
Devenu ensuite le gérant, Jean-Philippe, accompagné de sa sœur, a continué à faire prospérer l’entreprise qui comptait à l’époque une véranda de 40 places. Elle a disparu au moment des travaux du tram’bus. Et puis le covid est venu chambouler le secteur de la restauration. C’est l’une des raisons qui a poussé le gérant à vendre le Printemps, début juin. « Après 32 ans en famille, forcément j’ai un pincement au cœur. Il y a un temps pour tout. J’ai besoin de souffler et de faire autre chose. Place aux jeunes, si on vend aujourd’hui c’est parce que c’est le bon moment », justifie-t-il fatigué aussi physiquement après plus de 30 années de service qui s’est terminé par une ultime feria de Pentecôte.
Du Printemps au Petit Jules
« Je veux vraiment remercier les clients d’être venus manger chez nous et d’avoir apprécié ma cuisine », salue avec humilité Sophie. Une cuisine traditionnelle mettant en avant des produits du terroir. « La cuisine de nos mamans », renchérit avec passion Sophie qui a marqué des générations de Nîmois mais aussi des touristes. Si les enfants veulent passer à autre chose, Jean-Claude lui a prévu de continuer à venir boire le café, « où voulez-vous que j’aille ? », questionne-t-il au sujet de ce lieu où il a passé la majorité de sa vie.
Désormais, c’est Julien Fernandez qui va écrire une nouvelle page de ce lieu. Ce Nîmois âgé de 38 ans, fils de commerçant, a repris une pizzeria à Jonquières-Saint-Vincent, place de la mairie. Le succès est au rendez-vous, l’entrepreneur cherche donc à s’agrandir. La possibilité de reprendre Le Printemps est donc tombée à pic. « Une affaire familiale, c’est ce qui m’a plu car ça ne change pas de main tous les six mois, c’est stable et sain », explique-t-il.
La pizza napolitaine à l'honneur
Après quelques travaux notamment pour installer un four napolitain, d’ici quelques jours, le Printemps deviendra « Le Petit Jules » avec la pizza comme spécialité à partir de 15 euros. Et une vingtaine de recettes à déguster. La pizza napolitaine a la particularité d’être composée d’une pâte plus travaillée, qui a maturé 72 heures. Un savoir-faire, du goût, de la gourmandise et un petit gadget en bonus. « Le four sera équipé d’une caméra qui filmera en direct le moment où la pâte se lève avec diffusion sur des écrans », poursuit Julien. Le plat du jour sera conservé, la carte sera réduite avec également des salades et des viandes.
En cuisine, David continue l’aventure et fait partie de l’équipe de six collaborateurs. Pour le moment, Julien conserve également sa pizzeria de Jonquières. À Nîmes, il a décidé d’ouvrir sept jours sur sept, de 8 heures à 23 heures, jusqu’à septembre. Une volonté donc d’insister sur les petits-déjeuners ainsi que le service du soir. Un restaurateur qui souhaite aussi mettre en place des brunchs certains jours fériés.
« On a besoin d’être ouvert. Je veux aussi mettre en place des animations notamment avec le théâtre de Nîmes en installant une scène ouverte devant le restaurant », confie Julien qui espère aussi attirer des groupes de musique locaux. Une envie de s’ancrer au square de la Couronne et de continuer à écrire l’histoire de ce lieu mythique.