Une 43e édition qui a fait rugir la culture comme un lion. Forte d'une "importante mobilisation du public" avec plus de 42000 spectateurs cette année, un record depuis le Covid, l'équipe d'organisation tire "un bilan très positif à plusieurs titres. Au-delà des chiffres, les publics ont répondu présents à une offre très plurielle : des avants-premières, des personnalités à l'honneur, la rétrospective thématique sur l'histoire du cinéma, etc", savoure Antoine Leclerc, délégué général d'Itinérances.

Se battre comme un lion, résister comme un âne

"Confortée dans l'idée d'un festival généraliste, diversifié, généreux et simple d'accès, sans bling-bling, mais avec des moments de partage", l'association Itinérances a placé cette 43e édition sous la thématique animale, qui "a eu la particularité d'irriguer davantage l'ensemble de la programmation. Chacun a pu s'emparer de l'âne de l'affiche, du film Antoinette dans les Cévennes à la Catalogne jusqu'à la résistance physique et mentale."

La notion de résistance a ainsi également marqué ces dix jours : "Résister, c'est être encore là, toujours debout, maintenir le cap et affronter les tempêtes et incertitudes à venir. L'ère du temps invite au repli sur soi alors que nous nous voulons être un festival ouvert, sans œillère, frontière ou barrière. Itinérances est un moment d'ouverture au monde et ses cultures", rappelle le délégué général, soutenu par la vice-présidente Chantal Pichon, pour qui "rencontre l'autre est une richesse". En ce sens, "le choix de Sergi Lopez comme Prix Itinérances correspond parfaitement à nos valeurs et a été un point d'orgue d'une alchimie avec l'ensemble des invités".

Julien Camy, président de l'association Itinérances, ajoute : "Il faut que la culture apporte la lumière. D’autant plus que dans un cinéma, tout le monde regarde la lumière."

L'accessibilité au cœur des décisions

Avec une cinquantaine d'avants-premières, des compétitions de courts-métrages, des expositions et des dizaines invités, le tout sur près de dix sites, d'Alès à Bessèges en passant par Saint-Martin-de-Valgagues et Saint-Ambroix, le festival a offert "plusieurs manières de le vivre et d'y rentrer".

Bien qu'il n'y ait "pas un parcours typique" de festivalier, les avants-premières connaissent logiquement "une appétence motivée par l'excitation de la découverte. Mais l'accessibilité passe aussi par une grille tarifaire volontariste et abordable, avec une adaptation aux personnes en situation de handicap sensoriel sur une dizaine de séances, rappelle Antoine Leclerc. On est pionniers dans ce secteur, même si cela reste insuffisant. Il faut aussi saluer les collectivités qui résistent à la tentation de sacrifier la culture."

"Nourrir le citoyen et créer des vocations"

Le jeune public est aussi central dans les réflexions des organisateurs, qui peuvent s'appuyer sur l'équipe de La Nouvelle Itinérance pour "éveiller la curiosité et émanciper" la jeunesse, ainsi que sur les lycéens éditeurs du quotidien 'Toute la ville en parle'. "Nous avons une motivation pour la transmission. L'idée n'est pas de dire 'chaque jeune va devenir un professionnel du cinéma'. Mais cela nourrit le citoyen déjà, et peut créer des vocations. L'hommage à Emma Benestan, ancienne lycéenne d'Alès, rend cela concret", se félicite Antoine Leclerc.

La prolongation d'Itinérances, à travers le festival Rousson Jeunesse, du 4 au 6 avril, et l'exposition 'Les Métamorphoses' de Sylvère Petit, "qui rencontre un succès phénoménal à la médiathèque", jusqu'à mi-avril, devrait aider dans cette mission. Tout comme la projection surprise en avant-première du film Sukkwan Island et la boum du dimanche, marquant la clôture du festival.

"Consolider cette aventure, quels que soient les nuages"

Désormais tournée vers l'édition 2026, du 20 au 29 mars prochains, l'association Itinérances souhaite "réimaginer le Festival, tout en restant fidèles à des fondamentaux", à l'instar de la rétrospective thématique annuelle. Pour ce faire, elle devra "s'adapter à des réalités économiques et structurelles", dont la fermeture du Cratère : "C'est un défi. Le théâtre éphémère aura une jauge moindre, un écran en moins... Se posera aussi la question de la circulation du public. Il y aura vraisemblablement deux pôles, La Prairie et le centre-ville, tout cela est en réflexion", anticipe Antoine Leclerc. 

Bien qu'une baisse des subventions des collectivités à la culture ne soit pas encore prévue sur le territoire alésien, cela reste aussi une possibilité. Face à ces défis, Itinérances fera tout pour "avoir la force de consolider cette aventure collective et la projeter vers l'avenir, quels que soient les nuages". En espérant que le ciel s'éclaircisse dans les temps à venir.