Iñigo Norte remporte le neuvième Trophée Sébastien Castella et succède ainsi à son frère aîné qui l’a remporté l’année dernière ! Une belle histoire mais surtout une belle novillada sans picadors pour un dimanche venteux mais empli de belles choses.

Trois jeunes à suivre dans les prochaines semaines car ils viennent tous les trois d’arriver dans la catégorie et, au vu de leur caractère et de leur comportement, autant vous dire qu’ils vont faire chavirer quelques plazas.

Clovis est passé dans la catégorie à Fourques en fin de saison dernière, avec panache et brio lors d’un mano a mano l’opposant à Victor, qui connaît bien le Trophée Sébastien Castella car oui, cette novillada sans picadors remet en jeu le Trophée Sébastien Castella. Cette course est aussi la première étape du Trophée Gard-Cévennes-Camargue. Le Nîmois attaque bien les choses et accueille son adversaire les deux genoux vissés en terre. Quelques beaux détails au capote, un bon quite de Sanchez et Clovis qui enchérit. Les banderilles sont posées par l’apprenti torero, le public frémit et la muleta reçoit le mufle du Roland Durand de belle manière et avec panache lors d’une longue série à genoux. Fragile à droite, le becerro se donne bien à gauche et Clovis est à quelques muletazos de couper la première oreille de la tarde mais il échouera aux aciers.

Sur son second, le Nîmois aura encore plus envie et il le montre au tendidos sans pour autant jouer avec eux. Il est dans sa bulle, se positionne bien, dans les bons terrains au capote comme aux banderilles et entame sa faena comme s’il n’allait plus toréer de la saison en brindant son opposant au public. Encore à genoux et de loin, Clovis marque les esprits des aficionados qui sont venus voir ce genre de spectacle. C’est là qu’il coupera une oreille méritée pour l’ensemble de sa prestation, une oreille qui fait chaud au cœur et qui en appellera d’autres, à coup sûr !

Pablo Sanchez est d’Almeria et est inscrit à l’école taurine de la cité ibérique. Côté expérience, on est loin des canons du milieu mais le jeune annonce la couleur, il a de la personnalité et envie de toréer. Venir à Bellegarde, sous le vent et en début de saison, c’est aussi ça le prix de l’aficion. Sa première naturelle est un bijou, il tente quelques derechazos sans effets et reprend la main gauche sur laquelle le becerro se livre pleinement. Quelques frissons avec un passage dans le dos et un salut au public en fin de duel.

Moins précieux au capote mais avec plus de poigne, Pablo Sanchez montre un autre visage sur son second qu’il brinde à l’organisateur, Raphaël Coulomb, président de l’association Bellegarde passions et traditions. Les genoux au sol, le blondinet cite le becerro qui arrive à toute berzingue… Au lieu de le faire passer par devant, que nenni, trop facile, au dernier moment Sanchez décale et fait passer les cornes dans son dos à plusieurs reprises allant même jusqu’à se cogner la tête sur le garrot de l’animal. Là aussi, on voit un jeune qui a les dents longues et qui fait tout pour avancer, quitte à se prendre rouste sur rouste. Il se relève et met la jambe. Vuelta pleiement méritée.

Iñigo Norte nous vient de l’école taurine de Salamanque. C’est le petit frère du vainqueur 2024 et, vous l’avez compris, c’est lui qui a eu les faveurs du jury et qui a donc remporté ce nouveau trophée. Un de plus pour la famille, le premier d’une longue lignée pour lui. Encore vert, son énergie le rend surpuissant. Il est sûr de lui, dégage une sorte d’aura supérieure, de tranquillité sereine essentielle à la réussite dans le métier. Après être monté sur le quite de Clovis, c’est Clovis qui exécute ici une jolie suerte. Avec la muleta en mains, Iñigo Norte ne plaisante pas. Précis et concis, il transpire le torero. Le temple est là, la manière de se positionner à chaque phase du combat, ses yeux sur le toro mais aussi sur sa cuadrilla et son apoderado. À l’écoute, hélas, il perd ses moyens à l’épée perdant aussi l’espoir de couper.

Pour finir, il tombe sur un autre becerro d’intérêt de Roland Durand qui a envoyé une course homogène et bien faite, sérieuse mais noble et sans trop de genio. Encore quelques belles choses au capote, mais c’est les genoux en terre qu’Iñigo a choisi de commencer sa faena, la dernière de la tarde, celle qui peut tout faire changer et lui offrir le trophée. Bien à gauche et à droite, bien dans la verticalité mais parfois dans la ceinture, le novillero est en avance sur les temps de passage de nombre de ses compañeros de cartel. Une oreille qui remplit de joie le petit frère, qui doit faire sourire le grand frère et qui doit étonner les parents !

Une course de belle tenue, de bonne qualité, un trophée Sébastien Castella de haute valeur… L’aficion gardoise a de la chance de commencer la temporada sur de si bons rails !