Publié il y a 20 h - Mise à jour le 27.01.2025 - Propos recueillis par Abdel Samari - 7 min  - vu 2713 fois

FAIT DU JOUR Frédéric Rimattei, directeur général du CHU de Nîmes : "J'aime l'esprit d'équipe"

Frédéric Rimattei, le directeur général du CHU de Nîmes lors de l'interview avec Objectif Gard

- Photo Abdel Samari

"Notre projet phare c’est aussi l'installation d'un hôpital pédiatrique, un hôpital d'enfants, un vrai sujet à Nîmes."

À l’occasion du début d’année 2025, Frédéric Rimattei, le directeur général du CHU de Nîmes a décidé de prendre le temps d’échanger avec les acteurs de la presse locale. L’occasion de se présenter et de dérouler son projet pour l’hopital Nîmois. Interview grand format.

Objectif Gard : Plusieurs mois après votre arrivée à la tête du CHU de Nîmes, quel est votre diagnostic de l’établissement de santé nîmois ?

Frédéric Rimattei : Effectivement, j’ai pris mes fonctions le 2 mai dernier. J'ai pris ce temps afin de pouvoir échanger sereinement, prendre le temps d'aller à la rencontre de toutes les équipes et puis de mieux connaître l'établissement et de me familiariser, bien entendu, avec l'ensemble aussi de l'écosystème nîmois et gardois.

Comment avez-vous trouvé l'établissement ?

Sur le plan humain, j'ai trouvé des équipes d'un exceptionnel dynamisme, en particulier sur le plan médical, mais pas uniquement. Sur le plan soignant, c'est un établissement qui est d'une vitalité très forte. Avec une dynamique de projet. Ce qui explique aussi largement la qualité des soins, la qualité de l'enseignement et de la formation et de la recherche et de l'innovation qui sont quand même la marque de fabrique des CHU. Et puis l'attachement aussi à un établissement, son identité. Il y avait, et c'est bien normal, une inquiétude légitime de la communauté quant à la poursuite des projets qui avaient été engagés, bien entendu par mon prédécesseur et puis plus globalement depuis 20 ou 30 ans maintenant. Donc c'est vrai qu'on est aussi soucieux de cet héritage sur le plan de la direction générale de l'établissement comme sur le plan médical. Donc, l'un des premiers sujets depuis mon arrivée, ça a été finalement de m'inscrire en tout cas dans cette continuité…

Vous avez forcément identifié les forces et faiblesses du CHU de Nîmes. Quelles sont-elles ?

Des faiblesses, on peut en chercher. Il n'y en a pas énormément. Peut-être nos effectifs hospitalo-universitaires. C’est vraiment un point majeur de cet établissement et il reste à développer. Cet environnement hospitalo-universitaire dans toutes ses composantes, à la fois sur les soins, l'enseignement et la recherche, former les jeunes collègues, les jeunes praticiens, développer des projets d'innovation et de recherche. Même si, là encore, et c'est l'originalité nîmoise, les praticiens n'attendent pas d'être hospitalo-universitaires dans la maison pour faire de la recherche ou de la formation.

"Mon ADN professionnel"

Qu’est-ce que vous souhaitez insuffler désormais ?

Ma capacité c’est dans mon ADN professionnel, à travailler de façon très pluriprofessionnelle. Et en particulier, d'être enthousiaste à l'idée de travailler en proximité étroite avec un président de CME (Commission Médicale d’Établissement), de faire un binôme qui tienne la route et qui se fait confiance pour mener à bien les projets en copilotage et dans une gouvernance médico-administrative. Moi, qui a eu l’habitude de pratiquer le sport collectif, j'aime l'esprit d'équipe. C’est mon ADN professionnel.

Votre expérience nationale est un plus aussi pour le CHU de Nîmes…

En effet, dans mes anciennes casquettes, j’ai participé aux travaux nationaux sur le pacte de transition écologique des CHU et la responsabilité sociétale et environnementale des hôpitaux. Une dimension utile dans notre développement pour les années à venir. Surtout dans notre région marquée par la nécessité d'une résilience par rapport aux phénomènes climatiques. Enfin, j'avais porté aussi une responsabilité forte sur la formation paramédicale dans une commission nationale dans laquelle je participais. Un sujet porté par notre doyenne de faculté de médecine, la Professeure Isabelle Laffont.

Le CHU de Nîmes a été une nouvelle fois distingué par le classement annuel du Point. Un motif de satisfaction ou une angoisse à conserver cette place très satisfaisante dans de nombreux domaines médicaux ?

Ce classement du Point, c'est forcément un motif de satisfaction qui distingue aussi les activités médicales qui fonctionnent bien dans l'établissement, et qui sont reconnues au niveau national. C’est une très belle récompense pour les équipes qui sont mentionnées. Cela étant, je suis quelqu'un d'un naturel positif et optimiste. Donc, toutes celles qui n'y sont pas encore, on va travailler pour qu'elles y soient. Sur le plan national, ce classement annuel donne une vraie visibilité dans la maison et permet de construire sur l'excellence.

"C'est aussi ce qu'on fait dans les bâtiments et ce qu'on fait avec les bâtiments"

De nombreux travaux ont été lancés ces dernières années dans l’établissement. Où en sommes-nous ?

C'est un continuum et une histoire dans lequel, moi, je m'inscris avec beaucoup d'enthousiasme. En résumant, je dirais qu’il y a des projets qui sont d'ores et déjà engagés sur le plan opérationnel. Je pense au Centre d'Endoscopie Diagnostique et Interventionnelle. Un bâtiment qui va s'achever dans les délais prévus en 2026 et qui va permettre d'installer toute l'activité d'endoscopie. Avec une logique d'intégration sur l'ensemble des activités de chirurgie ambulatoire. Un mot aussi sur l'Office Surgery ou chirurgie externe. Une nouvelle disposition sur le plan chirurgical, qui permet de vous recevoir dans un cabinet de consultation classique mais avec tous les éléments de sécurité nécessaires à une activité interventionnelle et chirurgicale. Sans rentrer dans toute la lourdeur d'un bloc opératoire ou d'une pré-anesthésie qui est quelquefois stressante et pas forcément utile pour ce genre de soins. Également la chirurgie pédiatrique ambulatoire qui sera là.

Vous avez aussi des projets pour la prise en charge des malades atteints d’un cancer...

Effectivement l'ensemble des disciplines qui ont trait à la prise en charge de l'oncologie, dont on sait que les indications sont en forte élévation. Il y a déjà des travaux qui ont été, pour certains, réalisés d'ailleurs à l'intérieur même du bâtiment existant de l'ICG, l'Institut de Cancérologie du Gard. Vous savez qu'on partage d'ailleurs ces locaux avec le groupe Elsan. Il y a déjà eu une première extension l'an dernier sur les lits d'oncologie médicale. On est passé d'à peu près une quinzaine de lits à plus de 20 lits maintenant. Et puis on a ouvert aussi des lits d'essais précoces qui vont être à forte orientation oncologique, pour permettre le développement de la recherche et des essais cliniques au CHU de Nîmes. Enfin, une deuxième phase de ces travaux, qui sont en cours à l'intérieur du bâtiment et qui vont permettre de dissocier tout l'ambulatoire à orientation oncologique au reste. Vous le voyez, ce sont certes les bâtiments, mais c'est aussi ce qu'on fait dans les bâtiments et ce qu'on fait avec les bâtiments.

Les projets ne manquent pas aussi avec la radiothérapie…

Il y a quatre salles de radiothérapie, puis bientôt deux autres de plus, dont certaines sont mutualisées avec le privé. Il y a toute la médecine nucléaire pour les diagnostics de cancer. Et nous avons voulu élargir nos soins de suivi des patients, parce que maintenant les patients sont beaucoup en dehors de l'hôpital, surtout dans la prise en charge du cancer, qui est quelquefois un peu comme une maladie chronique. Donc on a souhaité et on a déposé une demande d'autorisation pour une HAD (hospitalisation à domicile) spécifique.

D’autres projets immobiliers à plus long terme ?

On a vraiment une stratégie immobilière qui va suivre les différentes phases aussi d'évolution des prises en charge, pour offrir des conditions de prise en charge et d'accueil, et de conditions de travail pour les professionnels qui soient les meilleurs possibles. L’idée est aussi de faire plutôt dans l'existant, pour des raisons d'ergonomie et des raisons aussi de coût. Je pense au plateau ambulatoire partagé sur l'ensemble des disciplines qui traite des maladies chroniques. On peut fixer raisonnablement un horizon à 2030. Notre projet phare c’est aussi l'installation d'un hôpital pédiatrique, un hôpital d'enfants, un vrai sujet à Nîmes. Le CHU fait la quasi-totalité de la qualité de pédiatrie, en dehors de la pédiatrie libérale. On va installer correctement la pédiatrie, qui aujourd'hui se trouve dans des locaux très exigus au regard de son activité. Nous allons essayer d'inventer, d'être innovant, pour proposer dans un pavillon existant, mais en le restructurant intelligemment, un vrai hôpital pédiatrique, disposant de toutes les modalités modernes et innovantes de prise en charge pour les enfants.

C'est à quelle échéance ?

2030, car il faut qu'on aille au bout des projets médicaux pour ensuite rédiger les programmes. Au-delà du budget qu'il faut trouver.

Ces opérations, la plupart sont financées dans le cadre du Ségur de la santé non ?

On est bien accompagnés. Et on est bien soutenus par le directeur de l'ARS. À nous ensuite de compléter par un autofinancement de l'établissement.

Frédéric Rimattei, le directeur général du CHU de Nîmes • Photo Abdel Samari

Premier employeur du Gard, le CHU continu à recruter. Comment expliquez-vous cette dynamique ?

Il y a une concurrence aujourd'hui des hôpitaux en France, et on sent effectivement que certains établissements font monter les enchères pour attirer des talents. Nous, on ne rentre pas dans tout cela car nous avons des atouts. Il suffit de visiter notre établissement, pour se rendre compte de la qualité du plateau technique. Alors bien sûr, la qualité du plateau technique, c'est d'abord pour les patients, mais pour les acteurs de soins, d'être dans des bonnes conditions, avec du matériel de pointe, ça attire. La deuxième chose, c’est la démarche projets de l’établissement. Des jeunes médecins sont heureux de les porter, c'est extrêmement moteur. Et puis, il faut le dire, nous sommes à Nîmes. Il y a la ville, la région, l'université, c’est attractif.

L’ancien premier ministre avait mis en priorité la santé mentale. Vous avez inauguré aussi en septembre dernier, un centre de ressource pour des jeunes en souffrance émotionnelle… C’est un concept venu d’Australie je crois ?

Vous avez tout à fait raison de mettre l'accent sur ce très gros projet qui est porté par le pôle de psychiatrie. En particulier, nos deux praticiennes qui portent ce projet : Aurélie Schandrin, la chef du pôle de psychiatrie, et le docteur Clémentine Estric. C'est une méthode, qu'on appelle HYPE, qui veut dire en anglais Helping Young People Early. Cette méthode est fondée d'abord sur une détection précoce de ces pathologies, qu'on appelle les borderline, dans la pathologie psychiatrique, et qui touche en fait une partie significative de ces jeunes adultes, et ce, dès l'adolescence. Tous les acteurs sont autour du patient en partant de ses besoins. On parle alors de santé sexuelle, de l’environnement familial, de l'insertion professionnelle, etc. On met fin à la notion de culpabilité.

C’est la dernière ligne droite des voeux. Qu’est-ce que l’on peut vous souhaiter ?

J’ai été très bien accueillis, il faut le dire. C’est une ville et une région de très grande chaleur d’accueil. Par l’équipe de direction, par le maire de Nîmes et les partenaires. Donc, on peut me souhaiter que tout cela continu et l’énergie intact pour développer l’établissement et travailler encore longtemps avec intelligence pour bien soigner les patients.

Propos recueillis par Abdel Samari

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