Publié il y a 1 jour - Mise à jour le 19.02.2025 - François Desmeures - 3 min  - vu 1375 fois

FAIT DU JOUR Quatorze explorations et une urgence : un point sur le diagnostic des ruisseaux couverts en Cévennes

Le ruisseau de la Fosse débouche dans la Cèze entre la mairie et Cevenord

- François Desmeures

Quatorze communes, qui ont connu l'exploitation houillère, sont traversées par des ruisseaux sur lesquels des plateformes d'exploitation avaient été bâties. Onze font désormais partie du syndicat qui porte actuellement leur diagnostic, avant d'éventuels travaux de consolidation, restauration, voire destruction. Jean-François Raulet, qui dédie 60 % de son temps de travail au sujet à la Communauté de communes Cèze-Cévennes, fait le point, alors que La Grand'Combe et Chamborigaud viennent de rejoindre le syndicat. 

Le ruisseau de la Fosse débouche dans la Cèze entre la mairie et Cevenord • François Desmeures

La création du syndicat intercommunal à vocation unique (SIVU) des ruisseaux couverts remonte à 2019, mais les diagnostics des ruisseaux n'ont véritablement débuté qu'en 2022, après qu'une cartographie plus précise de leur emplacement ait été réalisée. "Dès la création du syndicat, on s'est inscrit dans un PAPI" (programmes d'actions et de prévention des inondations), explique Jean-François Raulet, ingénieur de la Communauté de communes Cèze-Cévennes, qui traite le sujet. Un conseil donné par le sous-préfet d'Alès d'alors, Jean Rampon, pour amorcer la pompe des financements. 

Le géo-référencement était donc un préalable indispensable, avant d'entamer "le diagnostic des huit ouvrages les plus importants", à Bessèges, Robiac-Rochessadoule, Molières-sur-Cèze, Le Martinet ou encore La Vernarède. En 2024, "on a lancé des relevés pour six ouvrages supplémentaires", poursuit Jean-François Raulet, sur les mêmes communes que précédemment auxquelles s'ajoute Gagnières. 

"Quarante ruisseaux sont connus, au total. Et on en découvre des nouveaux qu'on ignorait", s'étonne encore Jean-François Raulet. Les quelques bibliographies existantes réservent, elles-mêmes, des surprises. "On a, parfois, un décalage de plusieurs mètres entre ce qui est écrit et la réalité sur le terrrain. Souvent, dans la bibliographie, on connaissait les entrées et les sorties. Et, parfois, c'est tout." Ce qui, après enquête, peut replacer le ruisseau dans une zone à enjeu, quand il passe sous un espace habité, par exemple. 

Henri Chalvidan, maire de Robiac-Rocchessadoule et président du SIVU des ruisseaux couverts, à la sortie du ruisseau de Rochessadoule, avec la conseillère régionale Aurélie Génolher • François Desmeures

Quant à leur état, il n'a "pas surpris" Jean-François Raulet et les élus du SIVU. "On s'attendait à les trouver en mauvais état... c'est le cas, confirme-t-il, alors que les édifices - heureusement bien façonnés à l'époque - comptent plus de cent ans sans entretien.  Parfois, une partie seulement est dégradée et une autre en bon état."

"Dans l'ensemble, ce sont de très beaux ouvrages", rassure Jean-François Raulet. Mais ils ne sont pas à l'abri des "accidents du paysage", de mouvements de terrain ou d'épisodes cévenols, plus violents qu'il y a cent ans. "On lance actuellement des études hydrauliques pour vérifier le dimensionnement des ruisseaux en cas d'épisodes cévenols. Elles doivent déterminer la capacité maximale de l'ouvrage, avec des épisodes cévenols plus intenses et plus récurrents. On peut déjà dire qu'ils ont été bien pensés en la matière, rassure l'ingénieur. Mais on voit aussi le déchaussement de pierres qui tombent de la voûte, Et au niveau des radiers, ça grignote. On réalise au moins une visite annuelle, ou bien après un épisode orageux significatif." Le SIVU dispose donc d'un chargé de mission technique, et fait appel à des entreprises extérieures pour des relevés in situ.

Une urgence, la sécurisation du ruisseau de la Fosse à Bessèges

Si tous les diagnostics ne sont pas encore faits, le SIVU dresse déjà un premier tableau des travaux les plus urgents, en fonction de "l'état de dégradation, de l'environnement du ruisseau et de ce qu'on trouve dessus", les habitations revêtant un caractère prioritaire. Le ruisseau de la Fosse à Bessèges (voir photo) sera sans doute le premier à recevoir des travaux, "une première tranche pour une sécurisation d'urgence, avant la totalité dans un second temps". Des habitations, une usine, la médiathèque ou, encore les locaux de l'association Radio 16 reposent sur ce ruisseau qui traverse une partie de la forêt communale et n'est pas à l'abri d'être obstrué d'embâcles. Ensuite, "deux ou trois autres ruisseaux nécessiteront des travaux, mais ils sont moins urgents".

La médiathèque de Bessèges fait partie des constructions qui s'appuient sur le ruisseau couvert de la Fosse • François Desmeures

"On commence la communication auprès des habitants, par des réunions publiques ou via le site internet, poursuit Jean-François Raulet. Il faut notamment faire remonter au SIVU, ou en mairie, s'il existe des mouvements de surface ou des fissures. Maintenant, qu'on sait déterminer les zones d'influence de ces ouvrages, on va pouvoir les reporter sur les documents d'urbanisme des communes." L'établissement territorial de bassin, AB Cèze, qui gère la révision des plans communaux de sauvegarde, doit inclure les ruisseaux couverts dans les risques. Est-ce que ces constatations pourraient, en dernière extrémité, mener à des expulsions de maison pour raisons de sécurité ? "La question va se poser, reconnaît Jean-François Raulet. Mais il est délicat de s'orienter vers cela d'emblée. On trouvera, éventuellement, d'autres solutions." Et toutes les solutions alternaltives, qui pourraient être moins traumatisantes et moins coûteuses, seront bonnes à prendre... 

François Desmeures

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