Publié il y a 4 h - Mise à jour le 15.03.2025 - Yannick Pons - 4 min  - vu 249 fois

FAIT DU SOIR La vente du site de Prime-Combe suscite l'inquiétude des Fontanésiens

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Notre-Dame-de-Prime-Combe

- Photo Yannick Pons

Alors qu'une promesse de vente du site a été signée par l'Église avec un prestataire privé, devant l'inquiétude des Fontanésiens, une réunion a été organisée à la chapelle ce samedi 15 mars.

« Tout cela a été fait dans le secret, le fameux secret de l'Église, alors que nous, depuis notre enfance, nous sommes ici, nous avons étudié, fait notre promesse de baptême, nous revenons régulièrement. Nous sommes les interlocuteurs légitimes de ce lieu », lance un membre de l'association des Anciens élèves et des amis de Prime-Combe. Un long applaudissement gronde dans la chapelle, investie par plus d'une centaine d'habitants. Le ton est donné.

Prime-Combe

À une lieue au nord de Sommières, le sanctuaire de Notre-Dame-de-Prime-Combe se situe dans la paroisse de Fontanès sur une colline de la garrigue surplombant de 160 mètres la vallée du Vidourle.

Selon la légende, en 887, un berger de Fontanès aurait trouvé dans le vallon un de ses bœufs agenouillé devant une statue de la Vierge placée dans un buisson. Transportée dans l’église paroissiale, cette image de Marie revint obstinément dans son arbuste. Les habitants y construisirent une chapelle.

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La chapelle d'été de Prime-Combe • Photo Yannick Pons

Lieu de pèlerinage très fréquenté à l’époque médiévale, Notre-Dame-de-Primecombe ruinée par les guerres de religion fut restaurée au XVIIe siècle. Au vingtième siècle, la nouvelle école apostolique a été fondée en 1935 (les bâtiments d’aujourd’hui) avant de fermer en 1964. En 1975 est créée une unité d’hospitalisation en lien avec l’hôpital d’Uzès et l’unité psychiatrique fermera en 2008. Depuis, le site est habité par quelques moines Lazaristes vieillissants et de moins en moins nombreux. Robert Carrara, le curé des 19 communes du Sommiérois, y donne la messe au sein de la chapelle chaque jeudi à 17h.

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Père Carrara, le curé du Sommierois, a pris la parole   • Photo Yannick Pons


À Fontanès, 120 personnes se sont rassemblées ce samedi 15 mars après-midi dans la chapelle de Prime-Combe afin de participer à la présentation de la vente du site de Prime-Combe et du projet immobilier porté par le maire Alain Therond.

« J'ai donné deux objectifs. Le premier était la continuité de l'activité religieuse. Il était impératif pour nous que tout le monde puisse continuer à vivre sa foi. Le deuxième objectif est que l’on ne soit pas dans des logements de masse. Le site est accessible que par une seule route et la commune ne dispose pas de transports en commun », a lancé le maire de Fontanès.

Prix contesté

Une promesse de vente a donc été signée au mois de février entre le diocèse et un acheteur qui explique ne pas être un promoteur, mais qui semble tout de même s’y connaître particulièrement en démolition et construction. Alain Mauri, l’acheteur donc, a présenté un projet qui a séduit le maire, mais surtout l’Église au point qu'elle a rapidement donné son accord pour la vente des biens.

Ainsi que des 20 hectares de terrain, hors éléments chrétiens comme la chapelle ou les différentes croix plantées sur le site, au prix de 450 000 euros. Un prix considéré comme ridicule par l'association des Anciens élèves et des amis de Prime-Combe. « Nous sommes tombés amoureux de ce lieu, car ce lieu est évidemment le plus fort que j'ai vu. Et comme vous tous ici, nous sommes en phase avec ce lieu et dans le respect de ce lieu », confie Alain Mauri.

Le projet propose la réfection de l’accueil des pèlerins, la rénovation de quelques éléments chrétiens, de trois bâtiments - la maison du gardien, la maison des Lazaristes, ainsi que la maison des sœurs - (la maison des sœurs, à usage de villa privée) et la construction d’un bassin. Mais aussi la destruction d’une partie du bâtiment rouge et la construction d’un lieu d’accueil.

Tous les édifices religieux vont être entièrement remontés par l’acheteur, ainsi que, la reconstruction de la sacristie qui est imbriquée dans le bâtiment de l’ancien hôpital, qui sera démoli en partie. Un bout de bâtiment (la partie du milieu) deviendra une salle d'exposition et une salle culturelle à l'étage, un endroit qui pourra recevoir des associations. Et un mémorial reprendra l’histoire du site. Un restaurant de saison sera construit (a priori ouvert de mai à septembre).

Deux phases

Dans un premier temps, la partie haute du site sera rénovée sur le premier semestre 2026, de manière à arriver à la vente, à la vente de maisons. « Je pense qu'en trois mois, on va pouvoir décoller le bâtiment et reconstruire la sacristie, c'est-à-dire que le domaine va être fermé pendant environ trois mois. Ensuite, on va sécuriser et bloquer la partie haute et donc l'ensemble du domaine », explique Alain Mauri.

En deuxième semaine 2026, la rénovation pure des appartements serait commencée. Dans un premier temps, très certainement, sur le bâtiment renommé Saint-Vincent-de-Paul par l'acheteur (celui qui porte la statue de Saint-Vincent). Cette rénovation courra sur le premier semestre 2026, avant une inauguration fin du premier semestre de 2027.

Contre-projet

Ayant appris la vente de Prime-Combe par la rumeur, les anciens élèves et amis du site chrétien se sont sentis trahis. Les démarches ont été effectuées dans le secret le plus total, sans jamais s’appuyer sur l’association. Les membres se sentent aujourd'hui blessés. Ainsi, l'association propose aujourd'hui un projet "humaniste et non mercantile". Un projet qui s’adresse à ceux qui souffrent de la maladie, celle de l’autisme. Le site serait également doté d'une crèche.

Si le projet n'est pas encore ficelé, il semble bien ancré, un appel aux dons est prévu auprès des membres de l’association. De généreux donateurs se seraient spontanément présentés en promettant des dons très substantiels. 

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Les bâtiments imposants sont collés à la chapelle • Photo Yannick Pons

La vente du site, sur un projet qui convenait bien au Diocèze, est restée très discrète. C'était sans compter sur l'attachement viscéral de la population et alentours (même dans l'Hérault) à Prime-Combe en souffrance de n'avoir pas été associés à l'avenir de ce lieu sacré. La vente définitive n'a pas encore été signée. Le projet de l'association des Anciens élèves et des amis de Prime-Combe, fera-t-il capoter la transaction ?

Yannick Pons

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