ALÈS Max Roustan : « Sa famille et Alès sont ses deux piliers »

Fidèles collaboratrices de Max Roustan depuis 1995, Marie-Christine Peyric et Ysabelle Castor ont suivi le désormais ex-maire d’Alès en toutes circonstances. À ses côtés, elles ont connu l’homme derrière l’élu.
Comme la passation de mandat entre Max Roustan et Christophe Rivenq n’a pas été une étape seulement pour le premier cité, mais pour tous ses proches, Max Roustan n'a pas été le seul à voir une page se tourner ce samedi 15 mars. Cela a aussi été le cas pour Ysabelle Castor et Marie-Christine Peyric, deux de ses plus proches et anciennes collaboratrices. « Du plus loin que je me rappelle, il a toujours dit “Un jour, je serai maire d’Alès”. C’était la grande ambition de sa vie », rembobine la première, qui le connait depuis 43 ans.
Marie-Christine Peyric n’oubliera, elle, jamais le 1ᵉʳ janvier 1995, un « tournant » dans sa vie, personnelle et professionnelle. « Ce jour-là, il me souhaite la bonne année, m’annonce qu’il s’engage pour les élections municipales de juin et qu’il me veut dans son équipe. Et puis il me dit, sûr de lui : “De toute façon, on va gagner”. »
Un chef franc et protecteur...
Cet aplomb et cette franchise font toujours partie du personnage aujourd’hui. « Quand il veut vous envoyer bouler, il le fait. Il parlait franchement même au président Sarkozy », s’étonne toujours Ysabelle Castor. « Max a une autorité de chef sûr de lui, de chef de famille. Il a son franc-parler, j’ai découvert des insultes que je ne connaissais pas lors de certaines réunions », avoue sa consœur à la municipalité.
Cela n’a pas empêché chacune d’elles de nouer un lien privilégié avec le premier édile. Ysabelle Castor a ainsi noué une « relation père-fille » avec ce dernier depuis ses 15 ans. « Au fil du temps, je me suis plus attachée à l’homme qu’au maire. Il a eu le rôle du père que j’ai perdu assez tôt dans ma vie. Il contrôlait mes notes, mes petits copains pour me protéger. »
Avant de le voir rendre son écharpe, elle anticipait déjà l'impact qu'elle ressentirait le moment venu. « Ce sera un déchirement pour lui autant que pour nous. Je vais prévoir ma boite de mouchoirs pour le conseil. Mais on fera la fête pour les 30 ans pour compenser », ironisait la conseillère municipale en charge des manifestations taurines. Marie-Christine Peyric le concède à demi-mot : « S’il continuait, ce serait bien plus évident pour moi de poursuivre mon travail d’élue. »
"Qui aime et pardonne tout"
Bien qu’ « il ne le montre pas », Max Roustan est lui aussi émotif, selon Ysabelle Castor. « Il manie l’humour, surement pour cacher qu’il est hypersensible ». Son homologue le compare à « un chou-fleur sensible sur certains points, surtout quand le sujet le touche de près ». Parmi ces sujets, deux ressortent : sa famille et Alès. « Ce sont ses deux piliers. Sa famille le ferait marcher sur les mains, il l’aime et lui pardonne tout, affirme l’ancienne adjointe chargée du social. Mais son public préféré, ce sont clairement les Alésiens, avec en premier lieu, les personnes âgées et handicapées. »
Ysabelle Castor confirme : « Il a Alès cheville au corps. Il a toujours préféré sa ville au Sénat et à Paris. » Et aussi aux vacances. « Une année, il a fait exploser sa note de téléphone lors d’un voyage familial en Martinique car il nous appelait quatre ou cinq heures par jour pour régler des problèmes, se remémore la conseillère municipale. Il est incapable de décrocher. Déjà quand j’avais 15 ans, il ne prenait pas de vacances. Je n’ai d’ailleurs pas souvenir qu’il ait quitté Alès plus d’une semaine récemment. J’admire, mais n’envie pas, sa capacité de travail car elle est au détriment de beaucoup de choses. »
"Il est plus Alésien que Gardois"
L’amour du natif de Saint-Julien-les-Rosiers pour la capitale des Cévennes et sa charcuterie, à laquelle « il ne résiste pas », l’a tout de même propulsé jusqu’aux plus hautes sphères. Il a siégé à l’Assemblée nationale de 1993 à 1997, puis de 2002 à 2012. À l’image de la création de l’hôpital d’Alès, il y a porté de nombreux projets qui pouvaient sembler impossibles. « Il ne lâche rien. Un jour, Rachida Dati m’avait dit : “Roustan, tu le mets dehors par la porte, cinq minutes après il grimpe les quatre étages et il est à la fenêtre pour toquer” », sourit Ysabelle Castor.
Ces enjeux n’ont pour autant pas fait perdre sa simplicité à l’ancien apiculteur et enseignant, aussi fils et petit-fils de mineur. « La première fois que je suis allée à l’Assemblée nationale, les employés disaient “Bonjour M. le député” ou “Mme la députée” à chaque parlementaire. Quand c’était notre tour, ils disaient “Bonjour Max !” », poursuit-elle. Bien que cet intérêt soit spécifique à sa ville d’adoption, Marie-Christine Peyric suspecte « qu’il regrette de ne pas avoir siégé au département. Mais il est tout de même plus Alésien que Gardois, il a horreur de sortir d’Alès. Lorsque je lui parlais de ce que je faisais à Nîmes en tant que conseillère départementale, il s’agaçait très vite et me rappelait que je suis d’abord une élue alésienne. »
Tournée des bars et prises de notes
Sur Alès, il est ainsi devenu « l’homme des dossiers, autant capable de donner le coût des potées de fleurs que celui du dernier gros chantier de la ville », image Marie-Christine Peyric. Ce dévouement l’a poussé à travailler sans relâche pendant trente ans, s’intéressant à chaque citoyen et ses préoccupations.
Ces trois décennies auront notamment été marquées par la fameuse tournée des bars et cafés du maire. « Il commençait par le quartier de Tamaris à 6 h 30, rembobine Ysabelle Castor. Il notait les doléances et demandes des clients des bars et donnait les notes à ses secrétaires pour les rappeler et mieux comprendre leurs problèmes. » Marie-Christine Peyric le décrit comme « un homme à la mémoire impressionnante, visionnaire et d’action plus que de réflexion, qui extrait le meilleur de vous-même. Il se cale dans les bars et note, griffonne, avec son feutre, toujours le même, sur un coin de table pour noter ses idées. »
L’actuelle adjointe au pôle environnement urbain se réjouit de l’avoir aidé à faire passer « insensiblement mais sûrement, la ville du gris au vert. » Le label Fleur d’Or obtenu par la municipalité a contribué à réaliser « le projet de cœur » du maire : « changer l’image de la ville. » Écharpe sur l’épaule ou non, Max Roustan restera incontournable à Alès, et son œuvre omniprésente, à travers la ville comme dans les cœurs et têtes de ses collaborateurs.