Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 29.11.2020 - marie-meunier - 4 min  - vu 4858 fois

FAIT DU SOIR Le kiwi se cultive aussi dans le Gard !

Hervé Saïn a planté ses premiers kiwis en 1984. Ce fruit a été sa première touche lorsqu'il a repris l'exploitation familiale deux ans avant. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Le Gard, terre de vin. Évidemment ! Et le Gard, terre de kiwis ? À moindre mesure, mais oui. Le département compte un peu plus d'une centaine d'hectares d'actinidias (arbres à kiwis). Une des surfaces les plus importantes par rapport aux autres départements de la Région. C'était le double encore en 2000, mais une dizaine de producteurs continuent de faire pousser ce fruit velu et vitaminé originaire de Nouvelle-Zélande. 

Nous sommes allés à la rencontre de deux producteurs gardois en ce premier mois de récolte. L'un a démarré sa production en 2013, l'autre fait partie des premiers agriculteurs du département à avoir planter des actinidias. Ce dernier, c'est Hervé Saïn, 5e génération à la tête de la ferme familiale Le Clos Méjean, à Sauveterre. Il a pris la suite de son père en 1982. De 20 hectares, l'affaire s'est étendue jusqu'à 55 actuellement. Si aujourd'hui, la culture du kiwi n'est que très minime, le fruit a marqué un tournant dans l'histoire du domaine. "Ça a été la première touche que j'ai apportée quand je suis venu sur l'exploitation", se remémore Hervé Saïn.

Peu après son arrivée à la gérance de la ferme, il se rend dans des exploitations du Sud-Ouest qui produisent du kiwi. Hervé Saïn est séduit de prime abord par ce fruit. Il achète quelques plants à la pépinière Nogier à Saint-Paulet-de-Caisson et les sème sur un hectare et demi à Sauveterre en 1984. Il faudra 3-4 ans avant que les plantes soient assez vigoureuses pour produire ses fruits. "C'était rémunérateur, c'était nouveau, ça commençait tout juste à se développer et la demande augmentait", contextualise l'agriculteur.

Un ramassage fin octobre-début novembre et une saison courant jusqu'en mai en France

Et puis cela permet de proposer des fruits pendant la saison hivernale. La saison en France débute à l'automne, avec une récolte fin octobre-début novembre, et se termine en mai. Le reste de l'année, c'est en Nouvelle-Zélande qu'on ramasse. En réalité, le plus gros concurrent des kiwis français sont les italiens, le premier pays producteur d'Europe.

Aujourd'hui, Hervé Saïn dispose de 2,6 hectares de kiwis, avec le demi-hectare planté il y a six ans. Uniquement de la variété Hayward, la classique. Mais le rendement n'est plus au rendez-vous car il n'a pas assez entretenu ses plants au fil des années... En moyenne, il récolte 5 000 kg de kiwis par an. C'était monté jusqu'à 80 tonnes dans les années fastes. Le producteur sauveterrois exportait même en Uruguay à l'époque, grâce à un bon contact sur place. Maintenant, il travaille avec la grande distribution et donc les magasins dans un rayon de 50 kilomètres à la ronde. Sa dernière récolte devrait bientôt arriver sur les étals.

Le kiwi lui a permis de considérablement moderniser son exploitation. Dans le mesure où le fruit a besoin d'un apport en eau journalier et presque continu, il a rapidement installé un système d'automatisation d'irrigation à partir d'un réseau privé dédié aux kiwis puis élargi à toutes les autres cultures.

Eric Privat assure la vente directe près de son verger installé au 2 chemin du 19 mars 192 à Malataverne. (Photo Corentin Migoule)

Éric Privat, exploitant installé à Cendras, plus précisément au hameau de Malataverne, cultive des kiwis non-traités depuis 2013. Dans son verger de 1,8 hectare, il en a récolté 30 tonnes cette année. "On a coutume de dire qu'il faut un hectare pour produire 15 tonnes, comme je n'ai pas tout à fait deux hectares, on peut dire que j'ai un produit très légèrement plus que je ne pouvais l'espérer", remarque-t-il. S'il les distribue en partie via son réseau de grossistes se partageant entre Nîmes, Montpellier et Carpentras, le père deux familles apprécie davantage la vente directe, qui lui permet de mieux valoriser ce fruit qu'il aime autant produire que consommer.

Cette belle récolte entamée le 23 octobre et achevée neuf jours plus tard grâce à l'aide de plusieurs proches est d'autant plus appréciable que le producteur a connu deux saisons difficiles, en 2019 et en 2017, où il avait perdu près de la moitié de sa production à cause du gel. "L’hiver dernier, il y a eu un gros froid qui a fait écorcer les arbres, c’est à dire que la glace a décollé les écorces du tronc." Malgré ces désagréments, il estime que le climat du Gard est plutôt propice à la culture du kiwi dont la floraison optimale s’obtient à des températures avoisinant les 25° (très fréquentes en mai, juin, puis fin août, septembre), associées à de l’humidité.

Un des fruits les plus vitaminés, avec des bénéfices sur le transit

Au départ, Éric Privat ne produisait que du kiwi puis a élargi sa production aux pommes de terre ou encore aux poireaux, à la demande de sa clientèle. Il est particulièrement à l'écoute des consommateurs qu'il rencontre à la vente directe qu'il préfère à la grande distribution : "Bien souvent, dans les grandes surfaces, les kiwis sont touchés, manipulés toute la journée et ainsi deviennent mous, puis sont consommés sans forcément être mûrs. Et du coup ça ternit un peu l’image de ce fruit."

En véritable passionné, l'exploitant cendrasien distille également des conseils de conservation et de consommation : "Il faut le stocker à une température constante, plutôt fraîche, car sinon il va mûrir trop vite et le client va devoir en manger quatre par jour s'il ne veut pas les jeter. En revanche, si le client veut déclencher la maturité du fruit, je lui conseille de le stocker avec des pommes, car avec leur masse, elles vont lui apporter de la chaleur. Pour déterminer si un kiwi est mûr, il faut juste le saisir entre ses mains, sans forcément appuyer dessus comme beaucoup peuvent le faire."

La qualité nutritive du kiwi, qui "présente un intérêt pour la santé dans le sens où il est l’un des fruits les plus vitaminés, qui a aussi un effet bénéfique pour le transit", est l'une des explications de l'engagement d'Éric Privat dans la culture de ce fruit d'hiver. "Les médecins le préconisent à leurs patients donc il est presque devenu un produit référence dans le monde de la santé, tout en préservant l’aspect plaisir." Si en plus d'être appréciable au goût et pour la santé, il est issu d'une production locale et de saison. Que demandez de plus ?

Marie Meunier et Corentin Migoule

Marie Meunier

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio