FAIT DU SOIR Martis Vuillaumier, l'homme qui voulait dompter le Mont-Blanc
À bientôt 28 ans, Martis Vuillaumier a décidé de vivre sa vie pleinement et sans retenue. Ce nouveau chapitre de sa vie commence par une première étape d'envergure : gravir le Mont-Blanc.
"Les seules limites sont celles que l'on se donne", cette phrase de l'écrivain français Laurent Gounelle pourrait parfaitement résumer la pensée de Martis Vuillaumier. Le jeune homme s'est lancé un objectif pour juillet 2025 : atteindre le sommet du Mont-Blanc et ses 4 806 mètres d'altitude. Après une déception en 2024, Martis perd énormément de masse graisseuse et se renforce au niveau musculaire pour atteindre son objectif, travaillant inlassablement à sa salle de sport.
Il sollicite aussi l'aide de sa coach Marine Cottel, qui l'accompagne au quotidien : "Elle ne m'a pas seulement apporté l'aspect coaching physique et nutritionnel, elle m'a apporté beaucoup aussi au niveau du mental. Avant je voyais les personnes qui allaient à la salle comme des gens qui font de la gonflette, que ce soit vraiment que physique. Et en fait, elle m'a totalement changé sur ça. Plus je vais à la salle, plus ça m'apporte quelque chose de dingue moralement. Si je ne m'étais pas inscrit en juillet 2024, je n'en serai pas là à l'heure actuelle. Ça a été une thérapie, après tout ce qui s'est passé personnellement en 2024", développe Martis.
Un chapitre de sa vie qui lui en a ouvert un autre. À bientôt 28 ans, le photographe a envie de vivre : "Je me dis que je suis arrivé à un point de ma vie où je n'ai plus envie de me limiter." Martis a été touché très jeune par deux maladies : celle de Crohn, une maladie inflammatoire chronique de l'intestin et l'épidermolyse bulleuse dystrophique récessive, une maladie de peau qui par frottement ou grosse chaleur fait des brûlures sur certaines parties du corps. Après avoir subi des moqueries et le regard des autres, Martis ne veut plus se cacher. "Il y a beaucoup de proches qui ne le savent pas, et puis les gens doivent m'accepter comme je suis, s'ils ne m'acceptent pas tant pis", répond-il.
Pourtant, cette étape douloureuse lui a forcé un mental d'acier, lui permettant d'aller plus loin et de passer outre ces réflexions et la méchanceté gratuite. "Je me disais "c'est pas grave, laisse-les parler, tu verras plus tard". En fait, je pense que le plus tard, c'est maintenant", affirme-t-il plein de détermination.
Une ascension en trois étapes
Pour se préparer au grand saut, Martis a acheté tous les vêtements chauds nécessaires pour être équipé. Le reste, casque, pioche, harnais, cordes... peut se louer. Il doit d'abord passer par deux autres étapes avant d'avaler les seize kilomètres aller-retour de l'ascension du Mont-Blanc. La première, c'est le premier stage d'alpinisme à la mer de glace à la fin du mois de janvier. La seconde étape, c'est l'Aiguille du Midi, un sommet de Haute-Savoie culminant à 3 842 mètres d'altitude qu'il devrait tenter le week-end du 10 mai. De quoi rentrer dans le vif du sujet avant l'ultime marche, prévue pour fin juillet.
Pour arriver à son but, Martis s'est offert les services d'un guide expérimenté, qui lui a donné quelques conseils de préparation : beaucoup de repos avant, une alimentation très équilibrée et une motivation sans faille. "Si tu arrives le premier jour et que tu es fatigué, ce n'est pas la peine. Il m'a dit : "Si tu l'es, tu ne pourras pas monter. C'est comme tout, de toute façon, avant une compétition, avant une grosse journée de travail, si on arrive déjà fatigué, ça ne le fait pas", témoigne le jeune homme.
Malgré cela, un autre obstacle de taille peut l'inquiéter : le manque d'oxygène en haute altitude. Même si l'on possède un très bon cardio et une condition physique au top, le mal de la montagne peut sévir. "Arrivé à 3 000 mètres, certains ont déjà du mal à avancer. Mon guide me disait que certains n'y arrivaient plus et n'avaient plus de souffle à cette hauteur", explique Martis.
Concernant le prix, comptez environ 3 000 euros pour le tout. En cas d'échec, il recommencera avec persévérance jusqu'à réussir. "En toute humilité, oui bien sûr que je peux échouer. Tout le monde peut échouer, même avec la plus belle des volontés. Il y a une très belle phrase de Nelson Mandela qui dit : "Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j'apprends." Mais s'il réussit son pari, il souhaite viser encore plus haut et repousser ses limites, pour prouver au petit garçon malade qu'il était, qu'il est capable d'être au sommet de son art.