FAIT DU SOIR Pour répondre à l'absence de médecin, Mons inaugure sa cabine de télémédecine
Le 15 mars 2019, le seul et unique médecin généraliste de la commune de Mons fuyait sans prévenir, laissant ses patients sur le carreau. Après un combat de dix-huit mois mené conjointement par la municipalité et deux infirmières monsoises, le village possède désormais une cabine de télémédecine, fonctionnelle depuis la mi-juillet et inaugurée ce matin. Un événement auquel de nombreux élus ont pris part, et qui a occasionné des échanges vigoureux au sujet des « déserts médicaux. »
Sur la route qui mène au hameau de Célas, les volets du cabinet médical sont désespérément fermés depuis le 15 mars 2019 et le départ aussi brutal qu’inattendu du médecin de la commune. Après plusieurs mois de démarchage intensif, le maire de Mons, Gérard Banquet, capitulait. Aucun praticien n'a voulu reprendre le flambeau médical éteint par le docteur Perret dix-huit mois plus tôt.
Réceptacles de toutes ces inquiétudes lors de leur tournée quotidienne, deux infirmières du village ont pris les choses en main. Julie Aubry-Lachainaye et Émilie Nemoz-Gaillard ont opté pour la création d’une Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) dont le but est de regrouper plusieurs acteurs du monde médical d’un territoire pour améliorer la prise en charge de la population. Derrière cette CPTS qui concerne vingt-et-une communes du bassin alésien, se cache une autre innovation : la téléconsultation médicale, une consultation réalisée à distance par un médecin, le patient étant assisté in situ par un autre professionnel de santé, une infirmière en l’occurrence.
Une adresse mail suffit pour téléconsulter
Ce dispositif de plus en plus en vogue connaît un démarrage timide à Mons, de l’aveu de l’une des sept infirmières qui assurent les permanences : « On reçoit deux à trois patients par permanence environ. C’est normal, il faut le temps que le dispositif se fasse connaître et que les gens aient confiance. » L’une des patientes qui a déjà expérimenté la cabine à trois reprises « pour des petits bobos », parle d’une « formidable trouvaille, très pratique et simple d’utilisation. »
Car le seul prérequis pour obtenir une consultation est de posséder une adresse mail. Bien qu’un brin d’autonomie soit aussi nécessaire pour manipuler soi-même les outils que l’on retrouve traditionnellement dans les mains de son généraliste : un tensiomètre, un thermomètre, un stéthoscope et un dermascope, entre autres. Mais les directives du médecin, qui apparaît à l’écran de la tablette, couplées à l’assistance de l’infirmière, doivent permettre au patient de se sentir presque comme dans un cabinet médical traditionnel.
Une fois la visite du cabinet médical connecté effectuée en fin de matinée, l’édile monsois a invité les présents à rejoindre le foyer communal, plus spacieux et donc plus adapté à la réception du public. Gérard Banquet a lui-même initié une série de prises de parole au cours de laquelle le gratin de la vie politique locale s’est exprimé.
En rappelant que sa commune avait été contrainte de prendre elle-même en charge les frais de cette réalisation (18 000 euros, coûts de fonctionnement compris), Gérard Banquet a donné la tonalité du débat qui allait suivre. Christophe Rivenq, président d’Alès Agglomération, embrayait aussitôt : « Cela fait dix ans que l’État connaît les problèmes de démographie médicale mais au-delà de constater les problèmes, il faut leur trouver des solutions. Nous sommes presque dans la non-assistance à personne en danger puisque nous avons des territoires qui sont des déserts médicaux. »
« La santé est l’affaire de tous ! »
Laurent Burgoa, nouveau sénateur du Gard, maintenait le même cap et interpellait directement Jean Rampon : « Il n’est pas normal que des élus locaux soient obligés de prendre en charge des prérogatives nationales comme l’est la santé et que l’État ne mette pas un euro dans ce genre de projets. Il y en a assez de ces technocrates qui n’ont aucune connaissance de nos territoires ! » En qualité de sous-préfet, Jean Rampon endossait le costume de messager entre les élus locaux et les pontes du gouvernement.
Et s’il a montré qu’il savait encaisser les coups, le représentant de l’État a semblé en mesure d'y répondre : « Il y a eu beaucoup d’amalgames au cours des prises de parole mais c’est normal. C’est la période sanitaire que nous traversons qui veut ça. L’État n’est pas responsable de tout mais il faut toujours un coupable, alors on le pointe souvent du doigt. Mais la politique de l’État ne fait qu’appliquer les lois. Venir ici ce matin est un moyen de vous dire que l’État ne déserte pas, même quand c’est difficile. »
La députée Annie Chapelier, infirmière-anesthésiste de profession, résumait ainsi cette série de discours : « Beaucoup de choses contradictoires ont été dîtes. On veut à la fois que l’État s’investisse mais aussi qu’il confère ses pouvoirs aux élus locaux. Moi je crois qu’en effet l’État ne peut pas tout faire et que les réponses peuvent parfois venir des élus locaux. C’est ce qui s’est produit ici à Mons et il faut s’en féliciter. Car la santé est l’affaire de tous ! »
Corentin Migoule