FAIT DU SOIR Produits locaux et de saison : à Saint-Gilles, enfants et aînés mangent mieux
À l’occasion du renouvellement de ses marchés publics, la ville de Saint-Gilles a changé de fournisseurs. Elle a choisi des agriculteurs gardois pour nourrir aînés et écoliers.
« La loi EGalim et son renforcement en 2025 oblige les collectivités à faire de plus en plus appel aux agriculteurs locaux pour leur restauration collective », souligne la présidente de la chambre d’agriculture, Magali Saumade. Ce mardi matin, la responsable de la chambre consulaire - par ailleurs éleveuse de taureaux de Camargue - s’est rendue à Saint-Gilles pour attester de l’évolution des pratiques dans les cantines. L'an dernier, en septembre, le marché de la Ville pour la fourniture de la cuisine centrale a dû être relancé.
« Une opération 100% vertueuse »
La cuisine centrale est un équipement public situé à l’école Laforêt. Chaque jour, six agents sous la direction de Julie Cognard préparent 150 repas pour les plus de 65 ans, affiliés au CCAS (centre communal d’action sociale) ainsi que 32 repas pour les bouts de chou de la crèche. En amont du renouvellement des fournisseurs, le maire de Saint-Gilles, Eddy Valadier, a décidé alors de prendre contact avec la chambre d’agriculture et son référent, Cédric Santucci. « Notre but était de travailler avec des produits locaux, de qualité et de saison. D’autant que Saint-Gilles est l’une des plus grandes communes agricoles du Gard. »
Les services municipaux rédigent alors un nouveau cahier des charges dont les critères éloignent de fait les industriels du secteur. « Avant, on pouvait avoir des produits certes biologiques, mais qui avaient traversé toute l’Europe ! », commente Eddy Valadier. Désormais, c’est une dizaine d’agriculteurs du Mas de l’agriculture qui fournissent fruits et légumes. « On ne peut pas acheter de la viande pour l’instant, nous n’avons pas de machine à découper », poursuit le maire. Ce tournant écologique a occasionné quelques dépenses d’investissement, autour de 100 000 €, comprenant notamment l’achat de deux véhicules équipés de cellules de refroidissement.
Le bilan de ces premiers mois semblent positif : « Nos agents sont fiers de cuisiner des produits de qualité et nos aînés sont plus heureux de manger des produits gardois. » D'ailleurs 150 repas sont préparés aujourd’hui contre 85 auparavant. Chiffre à l’appui, Eddy Valadier assure que les produits coûtent le même prix que ceux du précédent prestataire, soit environ 85 000 €. Ce changement occasionne aussi un renouvellement des pratiques dans la préparation des repas : « Ce sont parfois les agriculteurs qui proposent leur production, en fonction de ce qu’il leur reste. La collectivité s’adapte à eux, les rémunère mieux… C’est une opération 100% vertueuse », poursuit Magali Saumade.
Dans l'attente du Plan alimentaire territorial
À quelques encablures de là, élus et consulaires s’arrêtent au centre de loisirs. Le marché de la restauration collectivité, d'un montant de 213 000€, a également évolué. Aujourd’hui, c’est la société SHCB qui, comme à Nîmes, sert 500 repas par jour aux écoliers. « Le marché a été relancé l’été dernier », indique Eddy Valadier qui poursuit : « Là-aussi nous avions voulu plus de soins et d’exigence. » Le groupe travaille avec la coopérative bio Uni-Vert ainsi qu’avec des agriculteurs locaux. Le riz, par exemple, est fourni par la famille Benoît. « En Camargue, nos enfants mangent du riz de Camargue », martèle fièrement Eddy Valadier.
Les avancées permises par la loi EGalim ne s’arrêteront sans doute pas là. Aujourd’hui, les yeux des agriculteurs du Gard et des mairies de Nîmes métropole se tournent vers l’élaboration du PAT (programme alimentaire territorial), porté à l'Agglo par la maire de Redessan, Fabienne Richard. Sachant que nos assiettes influent non seulement sur notre santé et notre économie, mais aussi sur notre qualité de vie avec la préservation de terres agricoles et l'avenir de ceux qui les travaillent.
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com