Publié il y a 5 h - Mise à jour le 24.01.2025 - Thierry Allard - 3 min  - vu 31 fois

GRAND AVIGNON Le Collectif de l’eau appelle les élus à se mouiller

Le bureau du Collectif de l'eau du Grand Avignon

- Thierry Allard

Le Collectif de l’eau commence 2025 avec un appel aux élus sur la question de l’eau. Le but ? Anticiper la fin des contrats actuels qui lient le Grand Avignon avec Suez pour l’eau potable et Véolia pour l’assainissement afin d’éviter d’éventuels dysfonctionnements et, au passage, envisager un passage en régie publique de l’eau.

Concernant l’eau potable, le contrat concerne Avignon depuis 2019, et depuis 2021 Villeneuve, Pujaut, Les Angles, Sauveterre et Roquemaure pour le Gard, Morières-lès-Avignon et Jonquerettes pour le Vaucluse, et les 16 communes du Grand Avignon pour l’assainissement. Il doit prendre fin en décembre 2028. Pour le Collectif, à un peu moins de quatre ans de l’échéance, il est temps de se pencher sérieusement sur la question.

« Nous sommes convaincus qu’à chaque changement de contrat, ça dysfonctionne », pose la présidente du Collectif Mireille Dapon. L’association évoque notamment des factures extravagantes envoyées aux usagers à Avignon en 2019 et, lors de l’entrée des sept autres communes pour la plupart gardoises en 2021, « l’envoi d’une facture forfaitaire pour tout le monde de 19 mètres cube, ce qui est illégal », glisse la présidente. Bref, « pour éviter ça, il faut préparer la clôture des contrats », tranche-t-elle.

Des contrats que le Collectif aimerait voir basculer dans le public, à la faveur d’un passage en régie, son cheval de bataille depuis des années. « Pour nous, une gestion publique est bien plus économique », avance le Collectif, qui argue notamment du fait qu’en régie, « il n’y a pas tout ce fric qui remonte à la maison mère », dixit Mireille Dapon. La régie serait donc « le seul moyen d’avoir un prix acceptable », résume l’association, mais « un passage en régie publique, ça se prépare. »

« Nous voulons qu’il y ait un débat »

Pendant ce temps, le Collectif dénonce inlassablement les « dysfonctionnements » de la délégation de service public : « Une gestion clientèle pas satisfaisante, des problèmes de facturation, un service low-cost », tance la présidente. Le taux de rendement du réseau de 77 % (soit 33 % de fuites) est aussi pointé du doigt : « Dans le contrat, l’objectif est d’un taux de rendement de 80 % », rappelle-t-elle, ce qui vaut à Eau Grand Avignon, filiale de Suez, des pénalités dont elle doit s’acquitter auprès de l’Agglomération. « On se demande si ces pénalités sont réellement appliquées, on veut bien le croire », grince Mireille Dapon. Et de toute façon, le Collectif de l’eau considère que ces pénalités, d’un peu moins de 200 000 euros, sont trop faibles pour inciter le délégataire à rechercher et réparer les fuites.

Un problème, quand on sait que les Agences de l’eau vont augmenter la redevance prélevée lorsque le taux de rendement sera insuffisant. En clair : « Ce sont les abonnés qui paieront ces redevances qui augmenteront si la performance des services n’est pas bonne », dénonce le Collectif, qui demande « un plan d’action contre les fuites. »

Le Collectif de l’eau demande également « un débat sur la tarification ». Celle appliquée au Grand Avignon, qui compte trois tarifs en fonction de la consommation d’eau, étant jugée par le Collectif trop défavorable notamment aux personnes victimes de fuites. « Nous avons eu des cas avec grosses factures, 12 000 euros par exemple », souligne Mireille Dapon. Et plus largement sur la question tarifaire, « on sait qu’il va y avoir une augmentation du prix de l’eau, notamment pour financer les investissements sur le réseau, pose le vice-président du Collectif, Bernard Coron. Nous voulons qu’il y ait un débat et nous voulons y être associés. »

Alors le Collectif a envoyé il y a un mois une lettre ouverte à tous les élus communautaires, mais aussi à tous les maires et adjoints des communes du Grand Avignon. « Nous l’avons envoyée à environ 300 élus, et nous n’avons eu que trois retours (de trois élus avignonnais, NDLR), tempête Mireille Dapon. Nous sommes catastrophés : quelle leçon en tirer ? Que l’eau n’intéresse pas ? » Le Collectif plaide pour la constitution d’un groupe de travail regroupant les élus, mais aussi les associations et les citoyens pour plancher sur ces questions. Par ailleurs, des réunions publiques seront organisées en février.

Le but est clair comme de l’eau de roche, « que l’eau soit un sujet de la campagne des élections municipales, avance Bernard Coron. Que les élus nous consultent, nous avons travaillé sur le sujet, nous sommes là pour travailler avec eux. » L’appel est lancé.

Thierry Allard

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