J'AI TESTE POUR VOUS La course camarguaise, un vrai sport intense
L'été rime avec activité. Pour cette saison, Objectif Gard a testé pour vous des activités et des sorties insolites aux quatre coins du département. Nous voici à la découverte de la course camarguaise à Jonquières-Saint-Vincent. Une institution dans le Gard et un sport à découvrir.
Pour poursuivre cette rubrique, je suis allé à la découverte de la course camarguaise. Étant Gardois d'adoption depuis peu de temps, il s'agit d'un sport que j'ai découvert depuis peu. Vu de l'extérieur, on peut facilement confondre ou faire l'amalgame entre les jeux taurins, populaire ici aussi, comme l'encierro, l'abrivado ou même le toro-piscine.
Mais la course camarguaise est bien un sport organisé en trois compétitions (Trophée des As, Trophée des Raseteurs et Trophée de l'Avenir) par une fédération... Reconnaissance et récompense suprême, la course camarguaise est même reconnue dans les pratiques inventoriées au Patrimoine culturel immatériel de l'Humanité (UNESCO). Une très belle distinction.
Dans les mémoires, les toutes premières traces de courses en Camargue que l'on ait concernent celles que Catherine de Médicis, puis Henri IV auraient présidées dès le XVIe siècle.
À la campagne, les jeux taurins se déroulaient originellement dans des mas, avant de gagner les villes où ils faisaient partie des fêtes, sur les places ou dans les rues. Petit à petit, des arènes se sont élevées sur le chemin conduisant des manades jusqu'aux grandes arènes du secteur.
Je connais juste le principe de la course, mais pour bien profiter du spectacle et en comprendre le fonctionnement, je rejoins un groupe d'une vingtaine de touristes. Ensemble nous suivons une immersion dans la course camarguaise. Ce jeudi 1er août me voici donc à Jonquières-Saint-Vincent, pour la finale du Raisin d'Or. Alicia Deleuze, est guide à l'office du tourisme de Beaucaire Terre d’Argence, l'organisateur de la visite.
Elle connaît parfaitement les taureaux, les raseteurs, la course, c'est une véritable encyclopédie vivante et passionnée. Avec elle et le groupe, je découvre les vestiaires, rencontre les raseteurs, tandis qu'ensuite un manadier (l’éleveur de taureaux) vient et parle de son métier. Un bon moyen pour mieux connaître la course qui va se dérouler et le rôle de chacun dans ce sport.
Tandis que les gradins des arènes se remplissent, privilège de la visite oblige, nous voici maintenant sur le sable de la piste. C'est vraiment impressionnant, des taureaux, de race Camargue, sont encore à l'extérieur, mais on entend leur présence quand ils donnent des coups dans leurs camions en acier. Et tout près de là, dans le toril on sait que le taureau est là juste derrière une lourde porte. Alicia, répond à nos questions et explique comment les raseteurs font pour enjamber la barrière de bois et échapper aux cornes des taureaux. Une barrière pourtant bien haute. Les raseteurs que l'on a vus en train de se préparer sont effectivement des athlètes.
Les arènes continuent de se remplir. On devine la présence d'habitués, de connaisseurs de la course. Ce sont des petites arènes, mais les courses qui s'y déroulent sont souvent de bon niveau. De plus, le public y est vraiment proche des raseteurs... et des taureaux aussi !
Je rejoins donc ma place dans les gradins. Nous avons une vue d'ensemble, mais la piste est toute proche. Ce jour-là, il s'agit d'une finale alors des jeunes femmes gardians avec des chevaux Camargue et des femmes et des hommes en costume d'Arlésien sont présents. Ce qui rajoute une certaine solennité au moment, de la tradition, dans ce sport pas comme les autres.
Alors, sur l'air de Carmen, les chevaux, les gardians et les Arlésiennes sont venus sur le sable des arènes. Ensemble ils vont encadrer le défilé rituel des raseteurs, la capelado, qui se termine avec un salut à la présidence de la course.
Les Arlésiennes et leurs magnifiques costumes nous ont rejoints. Les raseteurs, tout habillés de blanc, sont dans la contre-allée, juste de l'autre côté de la barrière. Les arènes entières semblent retenir leur souffle.
Rapidement une sonnerie de trompette, jouant l'èr di biou, annonce l'arrivée du taureau. Il porte les attributs de la course camarguaise, cocarde (ruban de couleur rouge), glands (pompons de laine blanche) et une ficelle enroulée autour de la corne. Ce sont ces attributs que doivent lui arracher les raseteurs. Ils disposent pour cela d'un crochet, une sorte de peigne, en fer. Ils sont aussi aidés par des tourneurs. Eux n'ont pas de crochet, ce sont d'anciens raseteurs.
La course est impressionnante. Très vite le taureau semble se jouer des raseteurs, les poussant à s'envoler par dessus les barrières. Eux doivent aller chercher sur ses cornes les attributs qui y sont installés. Cela rapporte des points permettant de déterminer le meilleur des raseteurs dans les différentes manifestations de chaque catégorie (Avenir, Raseteurs, As).
Des tribunes on peut le voir de très près ce taureau, on entend même son souffle. Notamment lorsqu'il passe de l'autre côté de la contre-allée, juste à nos pieds. L'immersion est complète, c'est certain. Chaque taureau va concourir pendant au maximum un quart d'heure, cela peut-être moins pour ne pas qu'il se blesse, avant de laisser la place à un suivant. Au total, plusieurs manades apportent des taureaux pour chaque course.
Au final, j'ai vraiment appris plein de choses et découvert un nouveau sport. Les courses camarguaises sont très présentes tout l'été dans de nombreuses arènes, petites ou plus grandes. C'est vraiment un sport et une tradition locale qu'il faut connaître. Le faire (façon de parler), avec un connaisseur, ou de cette façon, avec l'office de tourisme Beaucaire Terre d'Argence, est vraiment la bonne solution. Rien n’empêche ensuite de se rapprocher de la pétanque et du rosé. Une autre tradition locale.
Franck Chevallier