L'INTERVIEW Antony Penaud, ancien médecin, Chevalier de l'Ordre National du Mérite : "Ce que je reproche aux partis politiques, c'est ceux qui pensent à eux avant le pays"
Diplômé de médecine tropicale et titulaire du Brevet de Médecin de la Marine Marchande, le professeur Antony Penaud a donné une conférence au Mas Saint-Jacques de Saint-Julien-de-Cassagnas lors de la dernière soirée du Lions Club Alès Passions. L'homme âgé de 86 ans à la brillante carrière revient sur son parcours.
Objectif Gard : Jeudi soir, vous êtes intervenus au sein d'une soirée du Lions Club Alès Passions, quels ont été les sujets abordés ?
Antony Penaud : Mon intervention s'est portée sur l'éthique, un terme de philosophe qui définit la science de la morale. C'est un ensemble de règles considérées comme bonnes et qui sont propres à une culture ou à un groupe, qui évoluent dans le temps et dans l'espace. Cela dicte un comportement individuel et collectif. Les grandes valeurs de l'éthique sont l'amitié, le bénévolat, la dignité, la tolérance, la générosité, le respect, l'humilité, l'écoute... Léonard de Vinci disait : "Écouter, c'est posséder outre son cerveau, le cerveau des autres".
Quel a été votre parcours professionnel ?
Au départ je voulais être médecin à l'OMS et me consacrer aux pauvres, aux Indes. Je cherchais là où il y avait beaucoup de besoins, en pédiadre ou médecin tropicaliste. J'ai fait une thèse sur la maladie du sommeil et ensuite je me suis dit, je vais tenter de rentrer à l'OMS. C'était surtout réservé à l'époque aux Anglo-saxons ou aux Français s'ils étaient militaires. Alors j'ai décidé de faire une carrière hospitalo-universitaire où j'ai gravi tous les échelons. J'ai été amené à voyager, le métier de médecin nous permet d'apprendre tous les jours.
Justement, avez-vous une leçon de vie à nous raconter ?
Comme dans toutes les professions il y a toujours quelqu'un qui vous marque particulièrement. Je me suis aperçu que les gens les plus grands étaient les plus simples. À côté de ça, il y avait des gens avec des égos surdimentionnés, moins bons et qui travaillaient seulement pour gagner beaucoup d'argent. J'avais la chance dans mon métier d'avoir une triple fonction : les soins, la recherche et l'enseignement et les trois sont liés. Je suis à la retraite depuis 2007, ce qui me manque le plus c'est l'enseignement. Enseigner aux jeunes ça vous permet de rester jeune ! Et ça ne sert à rien de savoir beaucoup de choses et ne pas les transmettre.
Qu'est-ce qui vous a le plus attristé dans votre carrière ?
Il n'y a rien de plus terrible que de voir un enfant qui a un cancer. C'est ceux qui se soignent le mieux mais c'est quand même très perturbant. Mais nous vivons dans un monde où l'homme magnifié par son savoir scientifique et ses prouesses technique, arrive à perdre son sens civique, moral et son humanité. On vit dans un monde de plus en plus agressif, en manque de spiritualité, globalisé qui produit plus de richesse mais aussi plus de pauvreté. Luc Ferry disait qu'avant il y avait deux grands remparts, le communisme et le christianisme, les deux sont en déclin au profit d'un individualisme.
Nous vivons en ce moment une période d'instabilité politique, est-ce que cela vous effraie ?
Je ne comprends plus. Les responsabilités sont multiples, les partis politiques ont toute leur part de responsabilité. Mais la France en a vu d'autres, en juin 1940 c'était pire. On a fini par se reconstruire, on a eu un homme providentiel, mais il n'y en a pas tout le temps des hommes comme ça. Ce que je reproche aux partis politiques, c'est ceux qui pensent à eux avant le pays.