Objectif Gard : Lors du débat autour du Schéma de cohérence territoriale du Piémont cévenol (1), vous vous inquiétiez pour la vie des hameaux de votre commune atypique en l'absence de possibilité. Vous craignez que le développement de votre commune soit bloqué ?

Jacques Dautheville : Ce n'est pas tant que cela bloque le développement. De toute façon, on est à Conqueyrac et la commune n'a pas vocation à accueillir énormément de population. C'est une grande commune en surface, mais une petite en nombre d'habitants, puisqu'on est que 108, ce qui donne une densité de 4 habitants au kilomètre carré... La caractéristique principale, c'est qu'il n'y a pas de village, pas de coeur. Ici, la mairie n'est pas toute seule, il y a 7 ou 8 maisons en face, mais cela n'a pas vocation à se développer car c'est inondable tout autour, à cause du barrage écrêteur sur le Vidourle. Pas de centre, donc, que des hameaux, une petite dizaine, dont un qui a été rasé quand le barrage de Conqueyrac a été construit. Les autres sont dispersés sur l'ensemble de la commune. Avec une particularité, Singla, c'est-à-dire le magasin de meubles et les quelques habitations qui sont plutôt côté nord, quand on arrive de Sauve. 

"Ces hameaux contiennent parfois d'anciennes bergeries, magnaneries qui pourraient être réhabilitées"

Vous craignez un dépéressiment des hameaux ?

Je trouve qu'un super travail a été fait sur le SCoT, les options qui ont été prises me paraissent tout à fait positives. Elles laissent quand même des possibilités aux communes rurales de se développer aussi. Mais le SCoT définit trois types de zones : les enveloppes urbaines principales, secondaires et hors enveloppe. Le SCoT a prévu de mettre en enveloppe urbaine principale la partie de Singla, côté Sauve, et autour de la mairie. Malheureusement, à la mairie, on ne pourra pas parce que c'est inondable. En enveloppe secondaire, il y a la Gardiole, car on sait qu'il y a un projet, à terme, qui pourrait donner lieu à extension (2). Et tous les autres hameaux sont hors enveloppe urbaine. Cela veut dire qu'on ne peut y faire que de petites extensions. Là où je me pose la question, c'est que ces hameaux contiennent parfois d'anciennes bergeries, magnaneries ou caves viticoles qui pourraient être éventuellement réhabilitées. Aujourd'hui, nous n'avons pas la garantie que le SCoT permettra de transformer ces bâtiments pour un changement de destination, en habitation. 

D'où votre abstention lors du vote...

Oui, car je me demande ce qu'on va pouvoir faire. 

Vos hameaux sont majoritairement habités ou ce sont des résidences secondaires ?

On a un peu tous les cas. Mais tous sont habités. 

Selon vous, combien d'habitants pourraient s'installer dans les dix ans qui viennent en fonction de ce SCoT ?

Tout dépend comment on compte. Avec l'existant à réhabiliter, ça fait quand même quelques habitants... Même si, je le redis, ça reste un territoire très rural. Quand on s'installe ici, il faut être conscient que pour n'importe quoi, il faut prendre sa voiture. Je pense qu'on n'a pas vocation à créer beaucoup d'habitat. Je voudrais qu'on trouve le juste milieu entre la possibilité de construire partout, ce qui n'a pas de raison d'être, et quelque chose de plus raisonnable où on nous laisse la possibilité de faire quelque chose avec les bâtiments qui existent. J'ai été désolé de voir un ou deux cas de bâtiment qui ont perdu leur vocation - comme une bergerie -, n'ont pas été entretenus, et dont les toits sont aujourd'hui par terre. 

(1) Pour relire le débat lors du conseil communautaire, c'est ici

(2) Pour relire le projet de la Gardiolle, c'est ici