L'INTERVIEW Matthieu Ancey de Sud Cévennes : "Des nuitées touristiques largement supérieures à l'avant-Covid"

Matthieu Ancey, directeur de l'office de tourisme Sud Cévennes
- François DesmeuresLes communautés de communes du Pays Viganais et des Cévennes gangeoises et suménoises se sont unies sous la bannière Sud Cévennes, qui assure aussi une part de la communication de la communauté Causse-Aigoual-Cévennes. À la tête de sept salariés, le directeur de la structure depuis 2023, Matthieu Ancey, revient sur les atouts du territoire et les tendances 2025, d'une saison qui a toujours plus tendance à s'étaler et va, donc, bientôt démarrer. Entretien.
Objectif Gard : Alors que la saison va bientôt commencer, êtes-vous en mesure d'évaluer approximativement la fréquentation touristique du territoire Sud Cévennes en 2024 ?
Matthieu Ancey : On a plusieurs indicateurs pour cela. Mais c'est compliqué parce qu'on des chiffres de fréquentation de nos bureaux, bien loin de réfléter la réelle fréquentation du territoire. En gros, sur nos bureaux de Ganges et Le Vigan, elle se maintient depuis quelques années. En revanche, on a une petite baisse sur le bureau des belvédères de Blandas.
Qui était le plus fréquenté, non ?
C'est celui qui reste le plus fréquenté, chaque année. Forcément, c'est le site majeur (le cirque de Navacelles, NDLR). Mais il a connu une petite baisse l'an dernier, surtout au mois de juillet qui a été d'une tristesse absolue. Malgré cette baisse de fréquentation, le chiffre d'affaires de la boutique a été maintenu, ce qui veut dire que le panier moyen a été un peu supérieur. Grosso modo, on reste stable. Cette baisse de Blandas a apporté un global de - 1 à 2 %. Après le boom d'après-Covid, ça s'était calmé en 2022. Et on revient à une situation plus confortable.
Et vous avez une idée à l'échelle du territoire ?
On a des indications avec les données Flux Vision (qui mesure les flux de population grâce aux données mobiles, NDLR). Des courbes indiquent que le printemps est vraiment une super belle période pour que les prestataires touristiques tournent, et de plus en plus. C'est une réalité économique à prendre en compte. On voit aussi les pics en été. Mais on n'a malheureusement pas assez de recul sur l'outil, même si, en croisant les quelques années qu'on a avec les données de taxes de séjour, on voit bien que les nuitées touristiques ont de toute façon augmenté et sont largement supérieures à ce qu'elles étaient avant-Covid sur le territoire.
Est-ce qu'on a une idée de la provenance des touristes ?
Ça reste majoritairement français, avec environ 10 % de fréquentation étrangère, surtout de l'Europe du Nord. Même si - ça reste encore à la marge - on voit des Espagnols, qui ne remontaient pas jusqu'en Cévennes ou très très peu, venir depuis deux ou trois ans. On peut mettre cela au crédit des campagnes menées par le CRT (comité régional du tourisme), avec le Pacte Cévennes dans lequel on est impliqué : des spots publicitaires ont été diffusés en Catalogne.
Est-ce que le territoire a senti un peu l'effet des JO de Paris, l'an dernier, et en attendez-vous des effets par la suite ?
Sur 2024, non, on ne les a pas sentis. Et nous ne sommes pas sur des fréquentations étrangères de 50 %, comme cela a pu être le cas à Paris. Je ne vois pas comment, cette année, on pourrait ressentir un effet JO. Il y a eu un coup de projecteur mis sur la France, c'est vrai, mais pas particulièrement sur les Cévennes.
Est-ce que les labels Grand Site de France, sur le territoire ou autour (*), apportent du monde, et est-ce difficile de concilier la fréquentation que le label apporte avec la protection de l'environnement qu'il contient ?
Des gens viennent pour ça, et pour plusieurs raisons : il y a des labels porteurs de sens et évocateurs d'emblée, comme Parc national, qui attire immédiatement. Grand Site de France, le label ne fait pas forcément "tilt" dans la tête des gens et ce n'est pas le label lui-même qui attire. Par contre, c'est tout ce qui est mis en oeuvre à côté : quand une équipe qui a la gestion d'un site, il y a la communication qui va avec et la prise de conscience locale d'un site emblématique. Le Cirque de Navacelles, depuis les débuts de l'opération de 2008-2009, a généré beaucoup de communication, donc une attraction née de cela. Mais un Grand site, c'est une ingénierie et une méthode pour gérer les flux, avec le souci de toujours mieux accueillir. Pas plus, mais mieux.
"Il est assez fréquent l'été que des gens nous appellent, en vacances, même de Carcassonne, pour venir se baigner à la cascade de Saint-Laurent-le-Minier"
Comment parvenez-vous à gérer le problème de fréquentation que pose la cascade de Saint-Laurent-le-Minier ? Le Syndicat mixte du Cirque de Navacelles a mené une étude, encore en cours (relire ici), mais côté renseignements touristiques, tentez-vous d'atténuer le problème ?
C'est plus compliqué à gérer. C'est un site qui s'est fait sa communication "par lui-même", avec les réseaux sociaux et les gens qui viennent. La publicité est, pour le coup, mensongère, parce que bon nombre de personnes viennent et sont déçues. Nous, on ne détoune pas de la cascade, on va plutôt conseiller de venir à certains moments. Il est assez fréquent l'été que des gens nous appellent, en vacances, même de Carcassonne... Ils ont vu la photo de la cascade et veulent venir ! On leur explique : "Vous allez prendre la route un certain temps, arriver sur site l'après-midi, avec énormément de monde... Vous n'allez pas forcément vivre une bonne expérience. Si vous voulez voir la cascade, partez très tôt, venez le matin, et profitez de l'après-midi pour découvrir tel ou tel autre site", selon le désir des gens. Donc, on ne détoune pas mais on ne communique pas dessus, on ne publie plus de photo ni d'article. Mais on vient dans le coeur du problème global de notre territoire, c'est la baignade : tant qu'on est sur un modèle touristique basé sur deux mois de vacances l'été, quand on vient dans le sud de la France, on cherche l'eau... C'est aussi un réel problème parce qu'on a de belles rivières sur le territoire, très majoritairement sur des berges privées, avec très peu de sites aménagés. On ne peut donc communiquer que sur trois sites de baignade : le Mouretou à côté de Valleraugue, Saint-Étienne-d'Issensac et, donc, la cascade de Saint-Laurent-le-Minier. Pour les touristes, c'est difficile à comprendre qu'il n'y ait pas plus d'accès avec toutes ces rivières. C'est une réelle difficulté. À Saint-Laurent-le-Minier, le site est très majoritairement privé.
Vous disiez que les "ailes de saison", printemps et automne, attirent toujours plus de monde. Est-ce que les prestataires en ont conscience et élargissent-ils leur période d'ouverture ?
Ils élargissent beaucoup. On avait justement, récemment, une réunion au Caylar pour sensibiliser les prestataires à une ouverture à l'année. On constate quand même qu'une belle proportion de prestataires sont ouverts, en gros, d'avril à novembre. Mais il y a toujours des périodes en hiver - par exemple au moment du Céven'Trail au Vigan qui attire énormément de monde - où on manque d'hébergements. Certains prestataires sont conscients du besoin. Mais sur deux ou trois périodes hivernales, ils ne sont pas forcément prêts à ouvrir, mettre en place, chauffer, etc. Notre fréquentation hivernale vient aussi, principalement, du bassin montpelliérain. L'avantage de Montpellier, c'est qu'il y a toujours de nouveaux habitants, donc de nouvelles personnes à séduire. Les professionnels installés depuis quelques années donnent aussi cette impulsion. Mais on a encore une belle marge de progression, notamment sur l'automne, où on a du monde uniquement sur la journée.
Y a-t-il un équipement que dont vous souhaiteriez disposer sur le territoire, ou qui pourrait développer différemment la fréquentation ?
Il y a quelques années, on regrettait de ne pas pouvoir s'inscrire dans une dynamique d'accueil d'entreprise, parce qu'on était encore sur un modèle assez volumineux, des élus auraient souhaité de grands hôtels. Depuis quelques années, ce sont plutôt des petits groupes, de 10 ou 15 personnes, donc ça commence à se développer. Au final, on ne manque pas trop d'équipement, ni même en culture et en festival. Il y a une réflexion sur une relance du Vigan, avec le musée Cévenol ou le château d'Assas. Mais nous ne sommes pas à l'époque où les budgets coulent à flots.
"On a vraiment une approche de marketing territorial"
Même si elle n'est pas sur votre territoire, faites-vous la promotion de la staton de ski Alti Aigoual ?
On n'a pas de rapport direc avec la station. Cela reste un prestataire touristique du territoire et, même si ce n'est pas directement le nôtre, on travaille la destination et quand une personne nous demande, on communique autant sur l'Aigoual que sur Navacelles. Quand la station est ouverte, on reçoit aussi des coups de téléphone et on voit passer le flot, en provenance de Montpellier et de Nîmes, devant nos bureaux de Ganges.
En 2025, allez-vous reconduire l'opération des "cols réservés" qui, sur certains jours, interdisent l'accès de certaines ascensions aux véhicules motorisés ?
On lance la saison le 11 mai avec la fermeture de plusieurs cols, en association avec le vélo club gangeois : le col de la Lusette, le col des Aires, et d'Alzon à Blandas. Ensuite, on fera le col du Lac, sur le territoire du Piémont cévenol, à La Cadière, qui permet de faire une boucle avec la voie verte. Ce sera tous les 3e et 4e dimanches du mois, en juin, juillet, août et septembre. Ce ne sera que la troisième fois mais l'opération a déjà eu un fort impact. On a commencé assez gentiment avec quelques centaines d'euros et, au final, Ouest-France est même venu faire un article.
"Les habitants qui parlent de leur territoire, c'est la meilleure communication touristique"
Lors du comité de pilotage du Grand site du cirque de Navacelles, vous avez évoqué la mise à disposition de casques de réalité virtuelle. En quoi consistent-ils ?
Deux de mes collègues développent ça depuis l'année dernière. On avait commencé par la grotte de la Rouvière, à Rogues, grotte fermée. On l'a fait rouvrir pour faire une captation. On a, sur le territoite, des pépites qui sont inaccessibles, notamment parce qu'elles sont protégées. On propose de la découverte immersive. On va en inaugurer une au printemps pour Blandas et Navacelles, avec casque ou simplement sur ordinateur. On pourra aussi découvrir le château de Laroque, qui n'est pas ouvert à la visite mais où on a pu faire une captation. On devrait faire la grotte du Roc du Midi, avec Philippe Galant (ingénieur à la direction régionale des affaires culturelles, NDLR), cette année. On essaie déjà de faire visiter le territoire aux résidents secondaires. Que ce soit avec les magazines qu'on sort ou les portraits de territoire qu'on fait, on a vraiment une approche de marketing territorial. Ces casques, on aimerait aussi les développer avec les deux Ehpad de notre territoire, pour apporter aussi aux habitants la connaissance. Auparavant, j'étais animateur du patrimoine et, récemment, j'ai fait une visite pour des CM1-CM2 du Vigan. Sur les dix-sept élèves, six n'étaient jamais montés à Navacelles.... Ce qui pêche une peu sur notre territoire, c'est peut-être la méconnaissance du territoire par les habitants, et donc la non-revendication ou la non-fierté... Les territoires, en France, qui explosent touristiquement, comme la Bretagne ou le Pays Basque, il y a une fierté d'être. Les habitants qui parlent de leur territoire, c'est la meilleure communication touristique. On l'a vu de la part des résidents secondaires, après le Covid.
Dans un territoire aussi éclaté que le vôtre, parvenez-vous à faire des visites des villages ou allez-vous utiliser QR-Code et panneaux explicatifs ?
Quand je suis arrivé en 2012, il n'y avait pas de guide sur le territoire, j'étais le seul à proposer. Et pas de visite de village. Aujourd'hui, il y a une guide et on a travaillé avec une autre du Larzac. On a aussi recruté une guide-conférencière à l'office de tourisme. Il y a peu d'offres. Après, il y a aussi des "accompagnateurs", notamment de moyenne montagne. On continue à relayer les infos mais le territoire est vaste. Sur notre compétence, on est déjà à 34 communes. On essaie, en saison estivale, de proposer quatre visites de village. On maintient celles des centre-bourg, parce que ça attire. Et, toute l'année, on a aussi une offre groupe, pour laquelle on est de plus en plus sollicités. Le QR-Code vient pallier le manque. L'idée vient souvent des élus ou des techniciens de commune qui souhaitent mettre en avant leur patrimoine. Les panneaux sont souvent dégradés. Le QR-Code, je ne pense pas que l'idéal soit d'en placarder partout dans les communes. Plutôt travailler des fiches-villages sur lesquels il peut y avoir un QR-Code qui apporte plus d'éléments. On met en place un QR-Code pour Navacelles, en revanche, mais pour les périodes où les lieux d'accueil sont fermés, en hiver. Car souvent, les gens y viennent directement, sans passer par nos bureaux d'accueil. Mais il y a encore du sens à travailler humainement, avec du rapport humain.
(*) Les Grands sites de France du cirque de Navacelles, Gorges de l'Hérault ou encore Salagou-Mourèze
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