MARCOULE Un niveau de sûreté « globalement satisfaisant » pour l’Autorité de sûreté nucléaire
Le rapport de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour 2023 a été présenté à la presse ce mercredi. En ce qui concerne la plateforme de Marcoule, il est « globalement satisfaisant ».
Chaque année, l’ASN tire un bilan de la sûreté des installations nucléaires de base. « L’ASN considère que le niveau de sûreté nucléaire et de radioprotection du centre CEA de Marcoule est globalement satisfaisant, présente le chef de la division Marseille de l’ASN, qui recouvre la région PACA, ex-Languedoc-Roussillon et la collectivité de Corse, Mathieu Rasson. L’ASN a noté une amélioration des dispositions mises en oeuvre pour assurer le suivi de la surveillance des intervenants extérieurs. »
Cependant, précise-t-il, « ce terme ‘globalement satisfaisant’ signifie que les activités nucléaires sont bien tenues, mais avec des axes de progrès bien identifiés », en l’occurence l’ASN a prescrit au CEA et aux autres exploitants de la plateforme de Marcoule une « tierce-expertise portant sur l’évaluation de l’impact sur la santé et l’environnement occasionné par les rejets liquides et gazeux de l’ensemble des activités nucléaires du site de Marcoule », affirme le chef de l’ASN Marseille. Les résultats de cette expertise sont attendus à la fin de cette année.
Concernant l’installation Atalante qui, au sein de la plateforme du CEA Marcoule, mène des expériences sur le traitement du combustible usé, si le niveau de sûreté est considéré par l’ASN comme « globalement satisfaisant », un incident s’est produit au début de l’année. Il est relatif à « la gestion du risque de criticité », pose Mathieu Rasson. Cet incident s’est produit le 2 puis le 7 février derniers, et il concerne « le non-respect de règles relatives à la préparation de mouvements de matière fissile au sein de l’installation », indique l’ASN. Si l’événement « n’a pas eu de conséquences sur les installations, les personnes et l’environnement », rassure l’ASN, il a mis en lumière « des lacunes importantes » dans la gestion du risque de criticité.
L’ASN a conduit par la suite une inspection inopinée à Atalante, et « le CEA a pris sans délai des dispositions correctives pour rétablir la gestion du risque de criticité au sein de l’installation », souligne l’Autorité de sûreté nucléaire, qui précise toutefois qu’elle « restera vigilante au niveau de compétence et de qualification des personnels intervenant dans ces activités. » Le CEA a aussi mis en place un plan d’action.
Concernant Centraco, l’installation de la filiale d’EDF, Cyclife, centre de traitement et de conditionnement de déchets faiblement radioactifs, le bilan est « assez satisfaisant », cependant « Les inspections conduites sur la gestion du risque d’incendie et les agressions externes ont mis en évidence des constats en-deçà des attentes, souligne Mathieu Rasson. La mise en oeuvre des actions correctives a fait l’objet d’une inspection inopinée conduite en fin d’année sur ce sujet, qui s’est conclue positivement. » Par ailleurs, l’ASN est en pleine révision des décisions qui encadrent les rejets de l’installation, « afin de parvenir à un niveau élevé de protection de l’environnement », précise l’Autorité.
Enfin, sur l’usine Orano Melox, qui fabrique du combustible MOX pour centrales nucléaires, l’ASN considère que le niveau de sûreté nucléaire et de radioprotection est « satisfaisant ». Sur cette usine, l’inquiétude principale des dernières années était un niveau de production de combustible en deçà des attentes. « Le plan d’action d’envergure destiné à surmonter les difficultés de production de l’usine Melox porte ses fruits avec une amélioration significative de la quantité de combustible MOX fabriqué et du volume de rebuts générés », estime l’ASN, qui toutefois dit « rester attentive à cette situation encore fragile, qui doit être consolidée à plus long terme. »
Par ailleurs, les importants travaux de maintenance de Melox, s’ils contribuent « de manière positive à la fiabilisation de la production de l’installation », relève Mathieu Rasson, ont aussi « des conséquences en matière de radioprotection, avec un appel croissant à des intervenants extérieurs et une dosimétrie collective importante. » L’ASN affirme qu’elle restera « vigilante » sur ces enjeux, sans omettre de citer le centre de crise de Melox, mis en service en 2023, conformément à ce qui avait été prescrit par l’Autorité.
Le nucléaire, c’est aussi le secteur de la santé. « L’état de la radioprotection dans le domaine médical est satisfaisant, mais des fragilités persistent », estime Mathieu Rasson, citant notamment « un manque de formation des professionnels à la radioprotection et la lenteur des mises en conformité des installations » qui persistent dans les pratiques interventionnelles radioguidées, comme la radiothérapie. « Ainsi, un nombre inédit d’erreurs de cible en radiothérapie, en particulier des erreurs de latéralité, a été rapporté en 2023 et continue en 2024 », relève l’ASN.
Le tout dans « un contexte général de manque de moyens, parfois financiers, mais surtout humains, indique Mathieu Rasson. Nous notons également une augmentation de remontées, en inspection et par le dispositif de recueillement des signalements des lanceurs d’alerte, de situations conflictuelles internes. » Alors l’ASN « attire l’attention des décideurs sur la nécessité d’évaluer l’impact de ces évolutions sur les organisations et le travail des intervenants, et de définir précisément les rôles et les responsabilités de l’ensemble des acteurs », préconise Mathieu Rasson.