MUSIQUE L’Alésienne Justine Mayer chante son "vœu le plus cher"
À 23 ans et malgré un contexte défavorable au secteur culturel, la chanteuse originaire de Saint-Jean-du-Pin sort son premier single disponible sur toutes les plateformes musicales depuis mercredi.
Des années qu’elle s’y prépare, des mois qu’elle l’attend, et voilà que le premier single de sa jeune carrière est sorti un jour d’allocution présidentielle correspondant à l’annonce d’un reconfinement. Une drôle d’issue pour le projet « d’une vie », qui a mobilisé une équipe de cinq personnes et tant d’énergie. Mais l'essentiel est là : Mon vœu le plus cher est donc disponible sur les plateformes musicales depuis mercredi : « C’était une évidence pour moi, on l’a fait avec le cœur. C’est un titre pas commun. Ça peut passer comme ne pas passer mais on a pris le risque », prévient d’emblée Justine Mayer.
L’Alésienne, qui a une forte appétence pour les titres anglophones, ne se voyait pas livrer un premier extrait dans une autre langue que le français : « J’ai trois chansons en anglais dans l’album sur les neuf mais je ne pouvais pas arriver sur la scène musicale avec autre chose qu’un titre en français. » À 23 ans, celle qui a l'habitude de multiplier les allers-retours entre Alès et Paris où elle profite d’une « énergie dingue pour travailler », n’est pas tout à fait nouvelle dans le milieu de la musique. Dès l’âge de 9 ans, elle commence à chanter dans la chorale pour enfants du conservatoire Maurice-André d’Alès, boostée par l’envie de partager des moments avec sa sœur aînée, coach vocale de la petite Lou de l’émission The Voice Kids, entre autres.
La musique prend de plus en plus de place dans la vie de Justine Mayer qui suit tout de même, « par sécurité », un cursus scolaire traditionnel au lycée Bellevue d'Alès. Après une tentative post-bac dans le domaine de la diététique puis de l’orthopédie, la jeune femme, qui croit aux signes du destin, donne un tournant à sa vie : « Un jour, j’étais sur mon ordinateur en cours, je me suis mise à chercher des castings. Je suis tombée sur celui des championnats du monde des arts à Hollywood. Dans la foulée j’ai participé à un concours de chant à Trèbes, le National Voice Victory. Dans la salle, il y avait un casteur pour le championnat du monde. À la fin, il m’attendait pour m’annoncer que j’avais été repérée pour ce concours. Je suis partie à Paris, j’ai chanté au César Palace pour un ultime casting et j’ai été prise. »
Si elle pensait d’abord s'octroyer une année sabbatique pour se donner le temps de mener à bien ses projets musicaux, la Cévenole n’entend plus réembrasser la voie scolaire. « L’année sabbatique s’est transformée en plusieurs consécutives », se marre l’intéressée. À son retour des États-Unis, le comédien et metteur en scène Oscar Sisto, connu notamment pour avoir été professeur de théâtre dans une célèbre émission de chant des années 2000, la prend sous son aile en lui faisant intégrer son académie. Avec l’aide de « son papa musical », la chanteuse, fan d’Ariana Grande, a construit un projet d’album de neuf titres, destiné à être présenté au public parisien à l’occasion d’événements qui ne pourront pas avoir lieu avant que la situation sanitaire ne se décante.
« Je n’ai pas envie d’être un énième clone »
Si les singles vont sortir progressivement pour tenter de porter le projet à long terme, le premier d’entre eux, Mon vœu le plus cher, livré au public ce mercredi, est une chanson d’amour, thématique fil rouge de l’album, écrite par Vivien Raynal, qui a aussi assuré le clip tourné dans l’Aude à Port-la-Nouvelle. Entre-temps, la jeune femme avait eu l'occasion de s'illustrer à deux reprises à l'échelle locale, investissant la scène des arènes du Tempéras d’Alès à l’occasion des Fous chantants : « Une fois en tant que choriste lors de la venue de Florent Pagny, et une fois pour assurer la première partie du show consacré à Johnny Hallyday avec Christophe Maé », se remémore la Pininque.
S’inscrivant dans le courant musical de la pop auquel appartiennent Billie Eilish et Adele, deux chanteuses qu’elle vénère, Justine Mayer se nourrit désormais de nouvelles influences : « J’aime les chansons qui racontent des belles choses, je suis très mélancolique mais je fais aussi des sons un peu plus frais, légers, qui ambiancent un peu plus. Ça fait partie du jeu. J’essaye aussi de m’ouvrir à d’autres styles. J’écoute du rap, chose que je détestais il y a deux ans en arrière. »
Volubile et enjouée, la Cévenole tient à sa liberté artistique : « En France, je suis fan d’artistes émergents tels que Lonepsi, Nilusi ou Yseult, car ce sont souvent des artistes indépendants qui n’ont pas de codes, ils ne se limitent pas à des choses qu’on leur demande de faire, ne sont pas dirigés par des grands majors qui ne veulent que vendre. Ça m’inspire, car je n’ai pas envie d’être un énième clone. » Si elle admet s'être toujours sentie différente des autres, l'adolescente introvertie qu'elle était a laissé place à une jeune femme déterminée et engagée qui puise sa force dans la perte d'un être cher.
Corentin Migoule