PONT-SAINT-ESPRIT Polémique sur l’arrivée de médecins : le maire se défend
Le maire de Pont-Saint-Esprit Valère Segal le reconnaît volontiers, l’annonce de l’arrivée de trois médecins dans sa ville d’ici quelques mois, médecins qui exerçaient dans le village voisin de Saint-Julien-de-Peyrolas, a créé « quelques polémiques, incompréhensions et rumeurs. »
Pour y répondre, il organisait une conférence de presse ce mercredi matin. D’abord pour poser le contexte, celui de la baisse du nombre de médecins et du fait que « le mode d’exercice des jeunes médecins par rapport aux anciens a complètement changé », explique-t-il, avec « le modèle du médecin s’installant seul étant voué à disparaître ». Celui qui est lui même médecin radiologue dans le civil l’assure : l’objectif des médecins aujourd’hui est « de travailler en équipes multi-professionnelles », et « chaque village ne pourra plus avoir son médecin. »
Alors « nous devons nous adapter », reprend le maire, qui veut « créer un environnement propice à la venue de médecins » avec la création d’un « projet structurant d’envergure capable d’attirer les professionnels de santé, une maison de santé pluridisciplinaire. » Or, selon lui, « il est préconisé par les spécialistes de montage de dossier un point de départ de quatre généralistes » si on ne veut pas se retrouver avec un bâtiment vide, mais surtout arriver, à terme, « à voir se joindre d’autres généralistes et d’autres professionnels de santé. » Avec une idée : avoir « un centre ‘poumon’ dans la ville centre, relié à des satellites que sont les villages aux alentours », rajoute Valère Segal. « Satellites » où les médecins pourront aussi mener des consultations : « ils ne partent pas loin non plus », rappelle-t-il.
À Pont-Saint-Esprit donc, ville de 10 500 habitants qui ne compte « qu’un seul médecin généraliste qui part à la retraite en juin prochain », indique le maire, alors que, rappelle-t-il, « quand je suis arrivé en 1999, il y avait 14 généralistes. » La venue une matinée par semaine sur la commune des trois médecins de Saint-Julien et d’un praticien de Goudargues pour traiter les urgences ne suffit pas et « une immense partie de la population renonce aux soins », souligne-t-il, avant de rappeler qu’« une très grande partie de la patientèle des médecins de Saint-Julien-de-Peyrolas » est composée de Spiripontains.
« Un projet ambitieux et structurant pour notre territoire »
Saint-Julien-de-Peyrolas justement, où ces trois médecins « manquent de place », affirme Valère Segal. La troisième médecin, arrivée récemment, serait même « susceptible d’aller s’installer ailleurs faute d’espace adéquat », reprend-il. D’autant que deux de ces médecins accueillent chacun un interne, et qu’en 2026, ils doivent accueillir deux docteurs juniors, « seulement si leurs locaux le permettent », commente le maire, avant d’évoquer un quatrième médecin, « un ancien interne, susceptible de les rejoindre, mais faute de place il pourrait partir lui aussi sur un autre territoire. »
Une situation dont ils auraient fait part, notamment à la mairie de Saint-Julien-de-Peyrolas, « sans réaction », affirme Valère Segal. Lors de son élection sur la liste de Gérome Bouvier au printemps dernier, il affirme avoir « réalisé un audit de santé du territoire » lors duquel les trois médecins « ont exprimé leur souhait de quitter leur cabinet qui ne répond plus à leurs impératifs. » Face au risque de les voir partir du territoire, « je leur ai naturellement ouvert la porte et trouvé une solution la plus rapide pour y répondre », assume le maire de Pont, qui dit qu’il « pensait que Claude Salau (le maire de Saint-Julien-de-Peyrolas, NDLR) avait conscience d’un possible déménagement. » Las, « l’information a fuité et je n’ai pas eu le temps de le rencontrer », regrette Valère Segal, qui dément catégoriquement avoir démarché les médecins : « C’est leur volonté d’aller dans la grande ville pour leur projet. »
Un déménagement au sein de la Cazerne, dans les murs du centre d’hébergement qui se voit donc transformé en cabinets médicaux à la faveur de travaux qui vont démarrer incessamment sous peu pour accueillir les médecins d’ici le mois d’août. « À brève échéance, nous aurons huit médecins sur le secteur, ce qui permettra d’être beaucoup plus efficace », affirme le maire, en comptant les quatre médecins, les internes et les docteurs juniors. Alors même s’il dit « comprendre la déception de Claude Salau et de ses administrés, tout le monde sera gagnant à mettre en place ce projet ambitieux et structurant pour notre territoire », lance-t-il, balayant les accusations de manque de solidarité pointées par certains maires de l’Agglomération. Et, glisse-t-il, « quand deux médecins de Pont sont partis à Goudargues, on ne les a pas entendus. »
Reste désormais à monter le projet de maison de santé pluridisciplinaire qui prendra la suite des locaux de la Cazerne. Les médecins « en seront les acteurs », avance-t-il, mais le choix du financement, public, privé ou mixte, reste encore à faire. Le délais de trois, quatre ans est évoqué, comme le nombre, à terme, de dix médecins.