VIVEMENT DIMANCHE Le Parc du Bosquet se donnera t-il l'allure d'un central parc alèsien ?
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Entre le Fort Vauban et le projet du Cinéma Multiplex Le Parc du Bosquet se cherche une vocation dans une ville en mutation.
Vendredi, le parc du Bosquet accueillait 700 élèves de la maternelle et du primaire engagés dans la nature et l'environnement. Mardi l'office de tourisme y organisait la première visite guidée régulière du Fort Vauban témoignant ainsi de la volonté de rendre l'édifice au public. En mars dernier le parc du Bosquet et son Fort ont également joué un rôle central lors de la dernière Semaine cévenole (voir notre article) et l'on pressent que sa position géographique centrale lui confèrera une place privilégiée dans les aménagements futurs prévus au centre ville. Pourtant, la physionomie des lieux n'a pas toujours constitué un atout, et nombre d'alésiens en ont perdu le chemin. Alors qu'Alès accueille ce dimanche le marché costumé 1900 en centre ville, offrons nous un détour côté jardin.
Aménagé en 1836, le Bosquet a le charme des jardins anciens. Il n’est pas très au large, coincé entre la ville et le fort, et ce malgré l’appoint du parc Roux-Larcy, l’ancien jardin des Ursulines qui a été cédé à la ville par le Marquis de Lordat en 1944. Ce petit appoint est séparé par une balustrade de l'axe central composé hier par une allée de marronniers et aujourd'hui de jeunes tilleuls. Etroit certes mais central ! Le parc peut s'ouvrir sur la cité par plusieurs accès : rue Soubeyrane, un place de l’hôtel de ville, un autre par la Maréchale, un accès nord enfin par un escalier montant de la rue de la Roque. De nombreux accès qui peuvent être des atouts mais aussi des handicaps dans les missions de surveillance et qui sont depuis trop longtemps fermés. Sur le plan de l'architecture il accueille le monument au mort de la ville. Décidé sous la municipalité Sauvage et inauguré par son successeur Fernand Valat il est constitué de cinq piliers qui portent les 780 noms des "Enfants d’Alais mort pour la France", la liste s’est ensuite allongée des noms des victimes de la Deuxième Guerre mondiale et d’Afrique du Nord. L'architecture angulaire et monumentale de l'alésien Louis Pierredon est adoucie par les jeux d'eau devant la pierre blanche.
Pasteur et la soie
Autre monument du parc : La statue de Pasteur. Pasteur avait été on s'en souvient l'élève du chimiste alésien Jean-Baptiste Dumas. C'est celui-ci qui l'appela pour trouver la cause de la maladie qui dévastait les magnaneries. Le premier séjour de Pasteur à Alès date de 1865. De 1865 à 1869, il revint à plusieurs reprises dans la capitale cévenole, seul ou bien avec ses collaborateurs ou encore en famille. Il logea notamment au Pont de Gisquet et mena ses expériences dans la maison connue sous le nom de "Maison Pasteur". Il découvrit l'existence de deux maladies microbiennes du ver à soie : la pébrine et la flacherie, et parvint à enrayer le fléau. Sa statue réalisée par le sculpteur Tony Noël, et qui le représente debout, tenant de la main gauche un rameau de bruyère chargé de cocons a été installée en 1896 à la Maréchale, puis déplacée plus tard à la montée du Bosquet. Pour l'anecdote, c'est la seule statue (creuse) qui n'a pas été fondue par les allemands pendant la guerre. Il ne reste plus dans le jardin que les piédestals des bustes de Jules Cazot, Lafare-Alais et Boissier-de Sauvages.
La Maréchale
Ce nom remonte au début du 18e siècle, le Maréchal de Montrevel commandait les armées royales en Languedoc et fut à ce titre envoyé à Alès, succédant au comte de Broglie, pour mater la révolte des camisards, il y arriva le 25 février 1703, il fit aménager par la ville cette esplanade à l’ouest du Fort dans un but militaire. D’après les mauvaises langues, c’était en fait une promenade pour ses amies plus précisément Mme de Soustelle. Certains alésiens appellent toujours par extension le Parc du Bosquet le "jardin de la Maréchale". Aujourd'hui le projet de construction d'un cinéma Multiplex sur la dalle va modifier la physionomie du quartier et de son jardin. Aujourd'hui, la Maréchale n'est séparée du parc que par une scène d'été en plein air appelée aussi le théâtre de verdure.
Le Fort Vauban
Mais pour Jacques Fiol qui préside l'association "Renaissance du Fort Vauban à Alès", le Parc n'est qu'un écrin destiné à mette en valeur le bijou qu'il contient : le Fort Vauban. Il rappelle la chance pour une ville comme Alès d'avoir un bâtiment d'une telle envergure en centre ville. Double propriété du Conseil Général et de la ville jusqu'en 2012 le bâtiment, repris par la ville fait depuis l'objet de travaux et d'aménagements (voir notre article). Cela amène naturellement l'association a proposer une réflexion sur l'environnement proche du Fort, c'est-à-dire envisager une extension du Parc du Bosquet qui englobe tous les remparts. "L'idée" explique Jacques Fiol, "c'est de pouvoir faire le tour du bâtiment en remettant en valeur par exemple les jardins de la MNE et en supprimant tous les culs de sac. Le cheminement existe, c'est un sentier, il faut le rendre accessible à tout le monde en faisant tomber quelques murs et en réaménageant les entrées rue Soubeyrane et rue de la Roque. Ce qui permettrait de mettre en valeur le Fort et de disposer d'un véritable parc central lieu de circulation entre les différents quartiers". Bien évidemment l'association poursuit sa mission de mise en valeur du patrimoine mobilier du Fort qu'elle espère bien rouvrir au public pourquoi pas sous la forme d'un lieu d'échanges culturels. Il y a une demande des festivals pour cela. Ce qui n'exclut pas quelques activités économiques : "Mon rêve serait de pouvoir venir boire un verre ou pourquoi pas déguster un repas sous un des bastions et jouir de la vue magnifique que l'on a depuis ces terrasses" commente le président de l'association.
Et Jacques Fiol de poursuivre : "Je pense que c'est un lieu prédestiné pour cette ville qui se plaint d'avoir perdu son patrimoine et qui n'est pas totalement consciente de la richesse de ce qui lui reste. Il y a quatre siècles d'architecture alésienne encore debout dans ce quartier. Sans compter qu'à l'intérieur et sous le Fort se trouvent sans doute des vestiges importants du passé médiéval du site. Si on veut faire d'Alès l'une des portes d'un patrimoine mondial de L'Unesco alors le Fort Vauban peut devenir le lieu qui, comme la Rose des vents, donne toutes les orientations possibles à ceux qui viennent découvrir les Cévennes."
Si notre balade dominicale se termine, on a pas fini d'entendre parler du Parc du Bosquet...
Raphaël MOTTE
raphael.motte@objectifgard.com