FAIT DU JOUR Jean-Louis Aubert à Alès : "Je chante avec l'envie que le monde me prenne dans ses bras"
Au Fort Vauban ce jeudi en fin d'après-midi, le successeur de Pascal Obispo sur la scène du Tempéras à l'occasion des Fous chantants a rencontré les 1 000 choristes qui honoreront son répertoire deux soirs de suite ce vendredi et ce samedi. À peine retombée l'émotion de cette première rencontre, l'icône du rock français a pris soin de nous accorder quelques minutes.
Fort Vauban d'Alès, 19h10 ce jeudi soir. Comme le veut la tradition des Fous chantants, Jean-Louis Aubert vient de rencontrer les 1 000 choristes qui l'accompagneront deux soirs de suite dans le chaudron du Tempéras. Malgré une carrière longue de bientôt 50 ans, l'artiste sort visiblement ébranlé de cette première approche. Il faut dire que le chœur vibrant des "Fous" ne l'a pas épargné en lui interprétant magnifiquement Bien sûr, titre phare de son dernier album Refuge. Les yeux embués de larmes, le rockeur du mythique groupe Téléphone marche quelques pas et saisit au vol un verre d'eau qu'on lui tend. L'artiste se dit alors prêt pour une interview qui, selon les consignes de ses équipes, ne doit pas excéder les 10 minutes. Si un passage par les arènes du Tempéras pour quelques ajustements est prévu dans la foulée, jamais Jean-Louis Aubert ne donnera l'impression d'être pris par le temps.
Objectif Gard : Quelle a été votre réaction quand les organisateurs des Fous chantants vous ont choisi pour être l’artiste honoré cette année ?
Jean-Louis Aubert : (Il réfléchit un moment) Ça fait peur (rires) ! Je me méfie des honneurs car plus la médaille est grande, plus son revers est large (rires) ! D'ailleurs je ne le prends pas du tout comme un honneur, mais plutôt comme un bonheur. Je suis très ému. Je crois que je chante avec l'envie que le monde me prenne dans ses bras et c'est peut-être un peu ce qui se passe là. Ce sont des voix qui me prennent dans leurs bras et c'est très émouvant !
Vous venez en effet de rencontrer les 1 000 choristes qui avaient une petite surprise pour vous. Qu'avez-vous ressenti ?
J'ai pleuré ! C'était magnifiquement arrangé et magnifiquement chanté. Ils m'ont fait le titre Bien sûr. Ça allait très bien pour une arrivée. C'est vraiment extraordinaire de voir dans les yeux et dans les bouches retentir une chanson écrite tout seul chez soi. Il y a un désir d'être entendu chez les chanteurs. On a envie de partager. Et ça, ça a été un formidable cadeau.
D’autres artistes déjà honorés par les "Fous" vous ont-ils parlé de l’évènement et de leur expérience personnelle en vous encourageant à accepter l'hommage ?
Pas du tout ! Je suis dans l'inconnu le plus total. En ce moment je suis en studio à fond donc je suis une vraie huître fermée. Je travaille en tout petit comité. Ça fait donc un contraste extraordinaire avec ce que je viens de vivre.
Même si on le devine aisément avec la kyrielle de tubes que l'on vous doit, en quoi votre répertoire se prête selon vous à merveille à l’exercice du chant choral ?
En entendant la chanson Bien sûr, je me suis aperçu que la mélodie était super belle. Arrangée par les supers techniciens d'ici, ça fait un peu comme si je découvrais la chanson. J'essaie de garder un amateurisme permanent pour toujours être spontané. Donc je suis quand même un peu spectateur de mes mélodies. Je trouve qu'il y a vraiment des mélodies qu'on retient dans mon répertoire. Picasso disait "je ne cherche pas, je trouve". Moi aussi, je ne cherche pas la mélodie mais là je suis spectateur de ma mélodie et admiratif de ce qu'ils en font (les choristes, Ndlr).
Combien de titres allez-vous interpréter sur scène avec les choristes et lesquels ?
Je vais chanter six titres. Il y aura notamment Juste une illusion, Ça c'est vraiment toi et Un autre monde. S'ils chantent aussi bien les autres titres que ce soir, je vais pleurer toute la soirée (rires). Mais ça sera des larmes de joie.
"Ça été très jouissif, mais pas extrêmement créatif !"
Jean-Louis Aubert
"Les temps sont durs" disiez-vous dans le titre d’une chanson de votre album Refuge. Ils le sont en France ces derniers mois même si l’été offre une certaine accalmie. Votre refuge à vous, en plus de la musique, c’est la méditation. Qu’est-ce qu’elle apporte à votre vie ?
J'ai des hauts et des bas comme tout le monde. En ce moment je pratique beaucoup la respiration car, comme en ce moment j'ai le cerveau qui va vite, ça me permet de me concentrer sur des choses simples. Quand c'est les vacances ou que j'ai besoin de m'endormir, la méditation est une ressource qui me permet d'arrêter d'anticiper. Même si je reste ouvert à ce qui se passe, c'est une chance, sinon je pourrais être complètement à côté de la plaque (rires). J'aime beaucoup la spiritualité bien qu'étant plutôt agnostique. J'aime beaucoup nager aussi. En ce moment je suis Wim Hof, un gars qu'on appelle Iceman. J'aime beaucoup les douches glacées. Ça peut changer l'état d'esprit d'une journée. Ça fait se réveiller pour de bon. Après, je ne suis pas un sage. Je bois du café, des fois de l'alcool, je fume des cigarettes... Je suis persuadé que le monde reste humain où qu'on regarde. Je n'ai jamais rencontré de sages aboutis, ils doivent être cachés dans des montagnes tibétaines.
Vous dites être "une huître fermée" ces derniers temps. Vous travaillez beaucoup. Quelles sont donc vos prochaines actualités ?
Énormément de studio. J'ai beaucoup de chansons à enregistrer. Je travaille avec un jeune homme de 25 ans, plus jeune que mon fils, qui a une oreille fantastique. En travaillant avec un très jeune, je crois que je redeviens un enfant aussi, j'apprends à nouveau. Je pense que j'apprends tout le temps, c'est d'ailleurs ce qui m'intéresse dans la vie. C'est plus le parcours que le but, d'ailleurs je ne sais même pas s'il y en a un.
La reformation du groupe Téléphone sous l’égide des Insus en 2017 était une grosse surprise. Peut-on s’attendre à voir renaître les Insus dans les mois à venir tel que Louis Bertignac l’a laissé sous-entendre dans une interview récemment ?
Je le connais, il a sûrement dû dire qu'il ne faut jamais dire jamais (c'est au mot près la réponse du natif d'Oran, Ndlr) ! Je pense que c'était bien de le faire une fois. À moins que nous ayons un problème de retraite (rires) !
Ou que le public vous réclame ardemment...
Il me semble qu'on a déjà ramassé le beau cadeau qui était à nos pieds. Ça été très jouissif, mais pas extrêmement créatif. (Il se reprend et rajoute aussitôt, Ndlr) Plus récréatif que créatif (rires). Or j'aime bien toujours un peu voguer. Sinon l'artiste meurt.
Quelques places restantes
À l'heure où nous écrivions ces lignes, les organisateurs venaient de nous indiquer que quelques places restaient à pourvoir afin d'assister à la 24e édition des Fous chantants ce vendredi soir ou le lendemain, samedi.