BAGNOLS/CÈZE Un job dating destiné aux personnes en situation de handicap pour que "les mentalités évoluent"
Lundi matin, était organisé à la salle multiculturelle un job dating destiné aux personnes en situation de handicap. Une soixantaine d'offres d'emploi étaient proposées.
"Il faut discuter, des choses sont possibles de plus en plus avec les machines modernisées, dotées d'assistance. Chez nous, il y a de la conduite de chariot qui peut être accessible selon le handicap. Dans la tête des gens, l'industrie c'est parfois comme dans Charlie Chaplin, il faut changer les esprits", pointe Alexandra Champy, chargée de mission Ressources humaines chez Cyclife. La société, basée à Marcoule spécialisée dans le traitement de déchets faiblement nucléaires, essaie d'inclure davantage les personnes en situation de handicap dans ses équipes. "On les accueille, on les forme en interne, sous un compagnonnage avec un titulaire", poursuit la chargée de mission.
Cyclife fait partie des seize entreprises qui ont participé ce lundi 29 avril au job dating destiné aux personnes handicapées des secteurs de Bagnols-sur-Cèze et de Villeneuve-lez-Avignon. Trois prestataires accompagnant aussi ce public dans la formation et le retour à l'emploi étaient aussi représentés. Cet évènement était une première dans le Gard rhodanien. Il a été organisé en synergie par les équipes de France Travail (ex-Pôle Emploi) et Cap Emploi. "L'idée est de sensibiliser les entreprises, de partir des compétences des demandeurs d'emploi et pas du handicap qu'il soit visible ou pas", explique Marie-Ève Bermudez, responsable équipe à l'agence France Travail de Bagnols-sur-Cèze.
"Ça fait un moment que je suis au chômage. Des fois, ce n'est pas simple"
Les initiateurs de ce job dating espèrent que le format portera ses fruits et que des personnes en situation de handicap retrouveront du travail. Qu'au moins, "elles soient valorisées et que les mentalités évoluent", ajoute Marie-Ève Bermudez. Pas moins de 170 demandeurs d'emploi en situation de handicap ont été invités à se présenter devant les recruteurs, qui ont, eux, présenté une soixantaine d'offres. "Je cherche un peu dans tous les domaines. Je suis un ancien plombier, j'ai travaillé sur le site de Marcoule, j'ai passé un diplôme de grutier...", liste Denis, originaire de Pont-Saint-Esprit et bientôt 63 ans. Il est maintenant reconnu travailleur handicapé : "J'ai des plaques dans le cou, deux dans le dos, une prothèse au genou droit, les oreilles abimées car mal protégées à l'époque." Il espère retrouver un boulot et ne plus rester chez lui.
Pareil pour Sébastien, qui a été électricien pendant plus de 20 ans : "Je n'ai pas le permis mais je suis en train de le passer. Ça fait un moment que je suis au chômage. Des fois, ce n'est pas simple", livre-t-il. Mathieu (*), lui, ressent une peur des autres face au handicap aujourd'hui. Il a des séquelles résultant d'une encéphalite à droite quand il avait un an. "Je n'ai travaillé que la moitié de ma vie car on ne voulait pas de moi. Je ne toucherai pas beaucoup de retraite", témoigne-t-il. Il salue cette initiative de job dating, même s'il aimerait voir des propositions d'emplois encore plus étayées : "Nous, handicapés, on demande juste à sortir la tête de l'eau et à avoir un peu d'air."
Plusieurs entreprises l'ont compris, notamment "Côté sud services" basée à Saint-Étienne-des-Sorts et qui tenait aussi un stand ce lundi à la salle multiculturelle. Les deux représentantes de cette société recrutant des aides à domicile et auxiliaires de vie, ont enchaîné plusieurs entretiens courts : "On a déjà un ou deux profils pas mal. On cherche pour des postes qui s'adaptent facilement." Les prises de contact se sont poursuivies toute la matinée, le but étant d'aller au-delà du CV.
(*) Ce prénom a été modifié.