Les obligations légales de débroussaillement (OLD) s'appliquent à tout bâtiment situé à moins de 200 mètres d'un massif forestier. "On a les 3/4 du département qui sont concernés et donc quasiment toutes les communes", indique Carole Troy, responsable unité forêt à la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer) du Gard. Les propriétaires ou gestionnaires sont donc tenus de débroussailler dans un rayon de 50 mètres autour de leur maison et qu'il y ait assez de distance entre chaque arbre afin que les branches ne se touchent pas. Car cela facilite la propagation des flammes en cas d'incendie. Après un débroussaillement bien effectué, un particulier a de très grandes chances de voir sa maison épargnée par les flammes en cas de feu.

Cette obligation de débroussaillement s'applique aux habitants, mais aussi aux municipalités qui sont tenues d'entretenir leurs surfaces, notamment les voiries. La règle est de dégager 10 mètres tout autour des accès routiers. Parfois plus, selon le degré de risque à chaque endroit. "Ça impressionne certains habitants mais on coupe une partie des arbres mais c'est aussi pour sauver la majorité en cas d'incendie", souligne le maire de Saint-Nazaire, Gérald Missour. Car une végétation trop dense devient un véritable combustible en cas de feu. L'enjeu est de créer une bande tampon pour protéger les maisons mais aussi pour sécuriser les accès pour les soldats du feu. Il faut qu'ils puissent aller au plus près du sinistre sans mettre leur vie en danger et se retrouver piégés par les flammes. 

Saint-Nazaire précurseur dans le Gard sur le plan local de débroussaillement

À Saint-Nazaire, sur le quartier de Valaurie, "ont été extraites, en 2023, 1 000 tonnes d'arbres et de bois qui ont tous été évacués et valorisés derrière. Il y a eu encore plusieurs centaines de tonnes cette année", précise Cédric Clemente, président des communes forestières du Gard. Son association a accompagné la municipalité de Saint-Nazaire dans son plan communal de débroussaillement.

Cet outil permet aux communes de planifier, de prioriser les lieux à protéger et de mener une action globale. "Cela permet d'avoir un regard expert et d'avoir un débroussaillement réalisé dans les normes", insiste le premier magistrat de Saint-Nazaire. D'ailleurs, lui et Cédric Clemente auraient même aimé qu'un agrément soit créé pour certifier les entreprises en charge des débroussaillement. Car le cahier des charges des OLD est bien précis, "mais la mesure n'est pas passée au niveau de l'Assemblée", regrettent-ils.

"Si ça brûle au nord de la commune, ça part sur tout le village"

Le village de Saint-Nazaire a été le premier dans le Gard à mettre en œuvre dès l'année dernière un plan communal de débroussaillement et a depuis procédé par zonages. Au total, la commune a dépensé 36 000 € cette année et 38 000 € en 2023, rien que pour les OLD (et a été aidée à hauteur de 30 % par le Fonds vert mis en place par l'État). Ce qui est loin d'être une paille mais paraît essentiel à l'heure où le dérèglement climatique est bien présent.

De plus, la commune de Saint-Nazaire a déjà subi plusieurs incendies dans les années 80, en 1999-2000 et plus récemment en 2017. Selon le maire, entre 15 et 20 maisons du village sont particulièrement exposées au risque. Mais il l'assure : "Si ça brûle au nord de la commune, ça part sur tout le village." La protection incendie n'est donc pas l'affaire de quelques-uns. Idéalement, le débroussaillement doit se faire en hiver voire début printemps. Pas après, car l'utilisation des outils peut générer des étincelles et donc un départ de feu.