ASSISES Mort d’Hafid Kebdani : « Cette balle a tué un homme, elle a détruit une famille »
Depuis mardi, les jurés gardois jugent un homme, Lionel Arnaud, accusé du meurtre d'Hafid Kabdani, le 26 juin 2019, aux marches d'un bar du quartier Saint-Césaire à Nîmes.
Maître Hugo Ferri commence fort ce jeudi matin devant la cour d'assises en évoquant "un crachat à la mémoire d'un homme". L'avocat des parties civiles poursuit sa plaidoirie : « Il a fallu une seconde, une seule seconde pour qu’un père s'en aille, qu’un fils tombe, qu'un frère parte. Cette balle a tué un homme, elle a détruit une famille. » Et d'enfoncer : « J’ai assisté à un procès où les parties civiles ont montré une forme de noblesse, de dignité, face aux charges envoyées contre la victime. Il a été dit crapule, pourriture pour parler de lui, pour parler de la victime… Des mots comme un crachat à la mémoire de celui qu’ils ont aimé. »
Le pénaliste gardois reprend : "La mémoire d’un mort, elle s’honore. Défendez-vous monsieur Arnaud, mais en respectant ceux qui sont là, en respectant la famille d'un mort (...) On a fait une enquête de personnalité du mort. Il ne faut pas oublier que monsieur Arnaud est passé devant les juges plus que Hafid Kebdani. »
Un procès d’assises est souvent la rencontre des jurés avec un accusé. Mais une surprenante ambiance plane dans ce dossier. C’est la personnalité et le passé de la victime qui ont longtemps été au centre des débats. C’est pour cette raison que Me Ferri insiste et démonte la stratégie de la défense qui « est de mettre l’arme dans la poche d'Hafid Kebdani et pas dans la main de Lionel Arnaud ».
« Vous passez énormément de temps sur le passif judiciaire de monsieur Kebdani, victime il faut le rappeler », insiste le bâtonnier Aoudia, l’autre avocat de la famille de l’homme décédé le 26 juin 2019 aux marches d’un bar de Saint-Césaire. Tué par un homme qu'il connaissait. Une balle mortelle qui se fige dans l'épaule avant de traverser le corps, au-delà de toute possibilité thérapeuthique, précise le médecin légiste Mounir Benslima.
Sur l’arme du crime une seul ADN celui de l’accusé
Dans le box, Lionel Arnaud, 51 ans, artisan ferronnier, a avoué le crime dès son arrestation survenue quelques jours après les faits. Il indique avoir tiré, « mais je ne voulais pas tuer ». Et surtout, il affirme que l’arme n’est pas à lui et qu’il l’a ramassée lors de l’altercation liée à une dette « d’ordre commercial ». Selon lui, Hafid Kebdani lui devait de l’argent concernant des travaux qu’il avait effectués dans une discothèque appartenant à la victime. Le problème dans la version de l’accusé reste l’ADN retrouvé sur l’arme du crime. Un seul ADN ressort : celui de Lionel Arnaud. Si l'arme avait appartenu à la victime et qu’elle était tombée de sa poche lors de la bagarre, l’ADN d'Hafid Kebdani aurait également été retrouvé. Pourtant à une question du président Éric Emmanuelidis, le mis en cause répond catégoriquement : « Elle n’est pas à moi. »
Hafid Kebdani était "travailleur, brillant, intelligent", selon Maître Aoudia
"Pour justifier ce passage à l'acte, il faut affirmer que la victime était une crapule", relance maître Aoudia qui voit en Hafid Kebdani, un "homme qui s'est construit tout seul", "qui a réussi", "un homme travailleur, brillant, intelligent", "un homme de parole". Un homme qui avait 13 frères et soeurs et qui a grandi dans le quartier de Pissevin.
Les réquisitions de l'avocat général vont débuter, puis viendront les plaidoiries pour la défense de l'accusée assurée par maître Isabelle Mimran et maître Baptiste Scherrer. Un autre accusé comparaît pour des violences sur Lionel Arnaud. Pour ce délit, "l'agresseur" de Lionel Arnaud est défendu par maître Foughar.