Il est 12h10 ce 2 août 2018 sur l'autoroute A54, à hauteur de Caissargues dans le sens Arles- Nîmes. Les panneaux autoroutiers indiquent des ralentissements et bouchons, on roule en accordéon. Une famille italienne circule ce jour-là et à ce moment-là comme tous les automobilistes qui empruntent cet axe de grande circulation "entre 10km/h et 15 km/h", selon le président du tribunal correctionnel, Jérôme Reynes. Le camping-car est sur la voie de droite, avec à l'avant du véhicule les parents et à l'arrière les deux enfants, la grande soeur et Luca, 15 ans. C'est la dernière image du bonheur. Quelques secondes plus tard c'est l'explosion : un poids-lourd conduit pied au plancher par un chauffeur lozérien pulvérise le camping-car de la famille.

Les parents sont blessés à l'avant du véhicule, les enfants ont été éjectés. La soeur sera sauvée, mais il n'y a plus rien à faire pour Luca, 15 ans, un jeune passionné de sport et de  montagne. "On a entendu comme une déflagration, une sensation étrange, comme dans une bulle de silence", témoigne avec une grande dignité la mère de famille qui apprend que son fils est mort par un témoin à l'extérieur du véhicule. "Mon mari criait Luca est mort, Luca est mort. Je me suis retournée et j'ai vu mon fils sur la route", poursuit cette maman. "C'était un grand enfant heureux, notre famille était heureuse avant", poursuit la mère de famille, professeure dans un collège italien. 

C'était le moment du départ en vacances

"C'était le départ en vacances, ce bonheur absolu de partir et vivre en famille un moment de liberté avec les gens que vous aimez", estime le conseil des victimes, maître Isabelle Mimran. "Ce bonheur absolu va se terminer en enfer par cet accident dont le seul responsable est le conducteur de ce poids-lourd. Il a entre ses mains plusieurs tonnes, il arrive à la vitesse maximale autorisée. Et comme une bombe il va pulvériser le véhicule de devant", ajoute la pénaliste nîmoise. 

L'erreur humaine à l'origine de l'accident

"Il est lancé à 90 km/h alors que les autres sont presque à l'arrêt sur cette autoroute, au volant d'une arme de destruction massive, il roule sans faire attention. Ce qui a causé le drame c'est l'erreur humaine et rien d'autre", affirme le procureur Stéphane Bertrand. "C'est l'accident lié non pas à un instant d'inattention mais à une éternité d'inattention", poursuit le procureur qui réclame 4 ans ferme et un mandat d'arrêt contre le prévenu qui n'a pas fait le déplacement pour son procès. Durant l'enquête, le conducteur avait avoué rechercher dans l'habitacle un stylo, puis un pull à l'arrière de sa cabine. 

Pour les victimes, comme pour le conducteur du camion les dépistages sont négatifs

Le prévenu était déjà connu pour d'autres infractions liées à sa conduite. Défendu ce mardi 3 janvier, au dernier moment, par Me Baptiste Scherrer, le prévenu absent écope finalement de 3 ans de prison, dont deux avec un sursis. Une peine très réduite par rapport aux réquisitions. Il a, en outre, l'interdiction définitive d'être chauffeur-routier et son permis est annulé pendant un an.