AU PALAIS Il téléphone aux gendarmes pour qu’on laisse son fils vendre de la drogue tranquille
Si l’affaire peut de prime abord prêter à sourire, les menaces qui ont suivi ont convaincu les gendarmes de déposer plainte.
Le 21 décembre 2018, les gendarmes de Bollène reçoivent un étrange coup de téléphone. Un homme explique au militaire qui décroche que son fils de 15 ans « charbonne » et qu’il faut le laisser tranquille. Si les gendarmes refusent de le laisser vendre sa drogue peinard, le papa menace son interlocuteur de s’en prendre à lui et à ses enfants lorsqu’il les emmène à l’école ou encore de mettre le feu au commissariat. Ça raccroche. Les militaires mènent aussitôt des investigations, retrouvent l’opérateur puis le titulaire de la ligne : il s’agit d’un homme de 37 ans originaire de Saint-Christol-lez-Alès.
C’est lui qui s’avance dans le box du tribunal correctionnel d’Alès en cette matinée du vendredi 15 décembre. Le trentenaire est actuellement en détention pour d’autres faits et ne semble pas comprendre ce qui lui arrive : « Madame la juge, je suis victime d’une usurpation d’identité. J’étais incarcéré pendant les faits et vous savez bien qu’on n’a pas de téléphone en prison… » Loin d’être dupe, la présidente Mathilde Pages ne parvient pas à contenir un sourire. Pour autant, le dossier est très faible : l’accusé n’a d’ailleurs jamais été entendu pendant l’enquête… La représentante du Parquet, Sandrine Fabre, en est consciente et demande à ce que le tribunal prononce la relaxe car « on ne peut pas faire le lien entre l’appel et monsieur ». Du pain béni pour maître Euria Thomasian, l’avocate du prévenu, qui espérait la même chose. La juge ne prend même pas la peine de se retirer. Audience et relaxe express.