AU PALAIS Rififi entre voisines : hachoir contre bombe lacrymogène
Hachoir contre bombe lacrymogène. Ces habitantes d'un immeuble de Bagnols-sur-Cèze étaient toutes les deux poursuivies et ont été toutes les deux condamnées par le tribunal correctionnel de Nîmes. Ce dernier a considéré que les violences étaient réciproques.
Pourtant à en croire la quinquagénaire qui se présente sans avocat à la barre de la juridiction répressive gardoise, ce lundi 24 octobre, avant elles étaient amies. "Elle a l'âge de ma fille. Elle est même souvent venue dormir chez moi, quant elle était virée de chez sa mère", affirme la prévenue qui veut montrer qu'autrefois la relation entre les deux était amicale... " Elle m'en veut. Mais avant c'était une amie, elle m'avait même ramené un Big Mac halal" insiste cette dame qui vit seule et touche le RSA.
Pourtant depuis le 27 septembre 2021, les deux femmes ne sont plus amies. Elles ne se croisent plus alors qu'elles vivent dans le même immeuble et ne s'adressent même plus la parole. Plus d'un an après, il est encore difficile de savoir pourquoi elles ont décidé d'en découdre l'automne dernier, "armes à la main".
"Du jour au lendemain, elle m'a regardée à ma fenêtre et a craché par terre", souligne la même prévenue qui a son idée sur cette fâcherie. "C'est à cause de Jamel. Il l'a laissée tomber et comme c'était un ami de ma fille, elle a du se faire des idées", raconte avec l'accent oriental cette dame qu'il est difficile de faire taire à l'audience. Quoi qu'il en soit, les insultes et menaces ont commencé à pleuvoir jusqu'au jour où la quinquagénaire a décidé de frapper à la porte de sa jeune amie. Et là les versions sont très différentes, d'autant que les enquêteurs n'ont pas pu retrouver le hachoir que l'une ou l'autre tenait dans la main, et la bombe lacrymogène utilisée.
La plus jeune l'affirme : "Elle a frappé à la porte, j'ai ouvert et je me suis retrouvée face à elle qui avait un hachoir à la main. J'ai essayé de me défendre, j'ai pris le hachoir, et j'ai été mordue." De l'autre côté de la barre, la version ne convient pas. Et, non, elle n'avait pas le hachoir à la main, c'est l'autre qui le possédait. "Mais tout ça c'est la faute à un homme, Jamel, glisse-t-elle plus discrètement comme s'il s'agissait d'un secret. "Mais Jamel n'est pas là et il n'est pas concerné par cette affaire", rétorque la présidente du tribunal, Sophie Baudis.
"Les blagues de Jamel quant elles viennent de monsieur Debbouze c'est marrant, venant de vous on y comprend rien", reprend dans ses réquisitions le vice-procureur, Willy Lubin. On ne veut plus entendre parler de vous deux. La prochaine fois se sera de la prison ferme", ajoute en montant de ton le représentant du parquet.
"Elle a proféré des menaces contre sa maman qui est âgée. Elle s'est retrouvée face à sa voisine qui avait un hachoir à la main et elle a essayé de se défendre", plaide Maître Julie-Gaëlle Bruyère pour la plus jeune des prévenues. En face, l'autre mise en cause ne veut pas d'un avocat : " Je viens dire la vérité, je n'ai besoin de personne", souligne-t-elle toujours aussi énergique. Une énergie qui n'a pas empêché sa condamnation à 6 mois de prison avec sursis et à verser 800 euros de dommages et intérêts à son ancienne amie.
Une punition pécuniaire qu'elle a du mal à accepter. À l'issue de l'audience au Palais de Justice, elle crie en sortant des mots doux à sa voisine. Cette dernière, âgée de 29 ans, a été condamnée à 3 mois de prison. Il n'est pas certain que les retrouvailles entres "amies" à Bagnols-sur-Cèze soient très chaleureuses dans cet immeuble où elles seront bien obligées de se supporter.
Boris De la Cruz