AU PALAIS Sorti de prison après une longue peine, il y retourne dès le lendemain pour 5 ans !
Condamné à dix ans de réclusion criminelle par la cour d'assises des Bouches-du-Rhône, il venait de purger sa peine et de retrouver un peu de liberté.
En "conditionnelle" depuis la veille, ce trentenaire voulait revenir voir ses proches à la Zup. Sauf que le lendemain de sa libération, le 15 octobre 2021 à 13h45, les policiers sont appelés à Valdegour suite au signalement d'hommes armés, aux visages dissimulés, au niveau de la place Avogadro à Nîmes.
À l'arrivée de la police, les suspects ont quitté les lieux, mais les policiers ont le regard attiré par un homme qui fait semblant de dormir sur un banc à proximité du stade du quartier. Les forces de l'ordre décident de le contrôler. Sous ses trois vestes, il cache un objet : une arme. L'individu s'enfuit, mais les policiers parviennent à l'interpeller quelques instants plus tard. Sur lui, on retrouve donc une arme trafiquée qui tire en rafale, ainsi que des munitions, et une identité qui renvoie vers un homme sorti la veille de "centrale".
Le prévenu a un sentiment "d'insécurité"
Arrêté sur un point de deal, le trentenaire ne veut pas entendre parler, à l'audience correctionnelle présidée par Jérôme Reynes, d'une éventuelle participation au trafic de drogue dans ce quartier gangréné par les stupéfiants. Le juge est tout de même curieux : "Pour quelle raison vous trouvez-vous avec ces habits-là, avec cette arme-là, et à proximité du point de deal ?", questionne Jérôme Reynes. "On a un sentiment d'insécurité dehors", ose le prévenu. "Vous êtes assez mal placé pour dire que la société est dangereuse", reprend le magistrat qui lit le casier judiciaire volumineux du mis en cause.
"Si j'ai une arme sur moi, c'est que je craignais pour ma vie et puis ensuite les policiers se sont acharnés à me mettre un trafic pour lequel je n'ai rien à voir", poursuit le nîmois. Le procureur, Romain Dominguez, est sceptique : "Lors d'un permission de sortie il revient voir sa famille et il est immédiatement arrêté près d'un lieu de deal. Pour l'arme et les munitions, les faits sont établis, mais nous ne sommes pas dans un banal port d'arme, il faut tenir compte de sa personnalité." Mettant en parallèle cette arrestation et les violences survenues dans les quartiers populaires de Nîmes autour des stupéfiants, il poursuit : "Il y a des familles, des enfants qui vivent à cet endroit. Ça peut tirer dans la journée à n'importe quelle heure et les gens ont peur. On ne se promène pas avec une arme comme ça". Il requiert 7 ans de prison.
"On ne peut pas rattacher un homme à un trafic sur le simple fait qu'il y a une rivalité entre la Zup nord et sud", plaide pour le prévenu Maître Estelle Marquès-Freire. Son client écope finalement de 5 ans de prison avec maintien en détention. Sorti le 14 octobre 2021 de prison après sa condamnation aux assises, il avait été arrêté dès le lendemain à Valdegour. Il est donc reparti pour 5 ans en détention... après une seul jour de libération conditionnelle.
B.DLC