ÉDITORIAL Drame de Crépol : la France sous haute tension
Une semaine après le meurtre de Thomas, la France panse difficilement les plaies ouvertes.
Comment le drame de Crépol, ce fait-divers, est-il devenu en quelques jours un phénomène de société ? D'abord parce qu'en France en 2023, la modération n'est plus de rigueur, ce sont les extrémistes de tout poil qui ont pris le pouvoir médiatique. Et malheureusement aussi celui de la rue. Pourtant, il y a quelques années, la tension brûlante ressentie aujourd'hui, n'existait pas. Ainsi, le temps du deuil après la mort de Thomas, 16 ans, poignardé lors d'une soirée dans une salle de fête aurait été respecté. À présent, ce silence pour la famille et les proches de la victime est interrompu par la décision de responsables politiques d'extrême-Droite qui considèrent que la récupération politique est de rigueur. Mieux, ils l'assument pleinement. Aidé généreusement par une partie de la presse et des médias de la galaxie Bolloré qui hier, dimanche, ont révélé comme un exploit, les prénoms des suspects impliqués dans la mort de l’adolescent. Des jeunes certes mis en examen mais jusqu'à preuve du contraire, pas encore jugés. Et s'ils sont coupables, ils devront être sévèrement punis pour cet acte inqualifiable. Ce sont les juges et seulement eux, qui en décideront. Mais la justice, si critiquée, n'intéresse pas beaucoup les racoleurs. Qui à coup de raccourcis, d'expressions tendancieuses, de sous-entendus attisent la haine. La fracture dans notre pays est ouverte, comme une plaie à soigner. Pour la Droite radicale, elle doit être au contraire amplifiée. Jusqu'au chaos ? Samedi soir, les forces de l’ordre ont dû intervenir pour disperser 80 militants d’ultradroite encagoulés et habillés de noir dans la cité dont serait originaire une partie des jeunes impliqués dans la mort de l’adolescent. Des policiers ont été blessés. Bizarrement, cela n'a pas beaucoup dérangé ceux qui habituellement, les défendent... Ce dimanche, nouvelle expédition punitive. La loi du talion. Et des ratonnades. Bonjour tristesse.