La tenue immaculée est prête. Le parcours, le long du canal principal de Sète, et l’horaire, 14h18, sont bien enregistrés. Les consignes ont été retenues : ne pas aller trop vite pour que le public puisse bien voir la flamme, sourire et surtout savourer les 200 mètres de parcours.

La Nîmoise Kristine Charmasson, jeune retraitée de l’Éducation nationale, va porter le flambeau olympique ce lundi. Ancienne professeure de lettres au collège Jules-Verne, elle n’aurait jamais imaginé participer à ce relais olympique. En novembre dernier, alors qu’elle prépare des papiers administratifs pour l’association Harmonîmes dans son ancien collège, elle reçoit un coup de téléphone. C’est le directeur de la Banque Populaire du Sud, établissement qui gère les comptes d’Harmonîmes. « Je me suis tout de suite dit ‘zut, on est à découvert’ », éclate-t-elle de rire. Pas du tout. Son banquier lui annonce une très bonne nouvelle : il veut proposer sa candidature pour porter la flamme.

La Banque Populaire du Sud fait partie des parrains officiels des relais de la flamme. Elle peut proposer des candidats sous réserve qu’ils soient ensuite validés par Paris 2024.

Valeurs de solidarité

« Le directeur m’a dit qu’ils proposaient des sportifs, des bénévoles, des gens qui agissent pour promouvoir des valeurs de solidarité », énumère cette sexagénaire. La Banque Populaire du Sud connaît justement Kristine Charmasson pour son engagement dans deux associations. Elle préside depuis 2018, Harmonîmes qui organise un cours hebdomadaire gratuit de pratique instrumentale et des masterclass pour 84 élèves des quartiers nîmois. Mais cette grand-mère de trois petits-enfants est aussi très investie dans l’association FOX P1 créée en 2019. Son petit-fils Paul est porteur de ce syndrome rare engendrant des troubles du développement. Ce garçon lumineux de 10 ans a une anomalie sur le gène Fox P1 situé sur le chromosome 3. Quatre-vingt familles seraient touchées en France. Les caractéristiques les plus communes sont notamment une déficience intellectuelle légère à modérée, des troubles du spectre autistique, un retard de parole et de langage…

Course des héros

Kristine a réussi à lever deux fois plus de 250 € pour participer à la « course des héros » à Paris pour sensibiliser sur ce syndrome. Marion sa belle-fille et deux amies s’étaient jointes à elle en 2022. « En parallèle, mon fils Philippe avait organisé une course d’une quinzaine de km dans Nîmes avec le Barjoe », décrit-elle. Paul, trop jeune pour parcourir une telle distance, participe dans un vélo cargo. « Les Fox P1 sont des enfants plein de vie. Ils bougent énormément. Ils sont très souriants, heureux de vivre, s’émerveillent de tout », décrit-t-elle. Certains sont scolarisés en classe Ulis avec des moments d’inclusion en classe ordinaire, d’autres en IME. « On a repéré environ 80 familles en France. On a 35 à 36 adhérents dans l’association », compte Kristine. L’association offre écoute et répit aux familles, finance du matériel.

Coaching entre collègues

Kristine randonne beaucoup, circule en vélo mais elle l’avoue, elle ne court guère. Les courses des héros peuvent se pratiquer à allure réduite. Pour qu’elle soit au top pour porter la flamme, Jérôme Lacombe, professeur d’EPS au collège Verne, lui prépare un programme d’entraînement.

Que va-t-elle faire une fois que l’émotion sera retombée ? Elle l’assure vivement, elle n’est pas « une dame canapé ». Pour Pentecôte, elle sera en Normandie pour le week-end des familles de Fox P1. Lundi 17 juin, on pourra la croiser au théâtre de Nîmes pour le grand concert d’Harmonîmes.