GARD Violences et outrages sexistes sur sa coiffeuse : un policier au tribunal
Un policier aurait fait valoir sa qualité professionnelle lors d'un rendez-vous dans un salon de coiffure de Beaucaire.
"Tu te bouges les fesses", " Je vais faire venir mes collègues" et "Arrête de te branler", lit la présidente du tribunal correctionnel de Nîmes au milieu d'autres propos déplacés qui auraient été tenus dans un salon de coiffure de Beaucaire en juillet 2022. Le prévenu est un policier des Bouches-du-Rhône, âgé de 47 ans. Il aurait tenu ces propos en présence d'autres clients. Des infractions de "violence par une personne dépositaire de l'autorité publique", et "outrage sexiste par une personne abusant de l'autorité que lui confère sa fonction" ont été relevées par la justice.
Au départ, cet homme qui a ses habitudes dans ce commerce, perd patience, car il attend depuis 45 minutes. Le crépage de chignon aurait pu s'arrêter rapidement, mais la tension est montée. Un militaire qui patientait également dans le commerce, entend le policier tutoyer la coiffeuse, lui faire une réflexion sur ses fesses et dire qu'il va revenir avec ses collègues. Le militaire témoignera en procédure.
"À aucun moment je n'ai tutoyé ou insulté cette coiffeuse", affirme le prévenu à la barre de la juridiction nîmoise. "Mais lorsque vous dites publiquement que vous allez revenir avec vos collègues, vous mettez la pression", interroge la présidente Aude Venturini. "Vous ne trouvez pas que ces propos n'ont pas lieu d'être dans un salon de coiffure. Si vous n'êtes pas content d'attendre, vous partez", poursuit la juge. "Je voulais faire valoir mes droits, mais je n'ai pas mis en avant ma qualité professionnelle", insiste le policier poursuivi.
"On respire le mensonge dans vos déclarations. Il fait comprendre qu'il va faire déplacer la police car il en a le pouvoir", estime le procureur Lubin. "Je pensais qu'il allait faire amende honorable devant le tribunal et qu'il allait dire que ses propos entendus par plusieurs témoins avaient dépassé sa pensée. Mais pas du tout, il persiste et signe dans ses dénégations", poursuit le parquet de Nîmes. Le procureur réclame 3 mois avec sursis, un stage de sensibilisation sur les violences faites aux femmes et 300 euros d'amende.
"Le bénéfice du doute, on le voit à la faculté, à la télévision aussi, mais moins souvent au tribunal, plaide maître Jean-François Corral pour le policier. Il n'a rien à faire devant le tribunal correctionnel, à la rigueur il aurait pu prendre un blâme administratif si l'on estime qu'il a eu un comportement inadapté. Là on écrabouille publiquement un policier, un homme usé par la maladie".
"J'ai un souci dans ce dossier, il y a une inversion des rôles... La victime est coupable d'avoir dénoncé les faits et le prévenu est innocent de tout", constate maître Crouzet, conseil de la plaignante. Le délibéré sera rendu dans quelques jours....