JUSTICE Ivre, sans permis, il tue un homme et prend la fuite après l’accident : 5 ans de prison
Dramatique histoire examinée ce mercredi matin devant le tribunal correctionnel de Nîmes. Le 20 novembre 2021, à Beaucaire, un homme de 31 ans perdait la vie, percuté par un chauffard en état d’ivresse, qui n’avait plus le permis de conduire et qui a pris la fuite.
Ce 19 novembre 2021 est censé être une soirée festive, une soirée d’anniversaire pour fêter les 43 ans de Carlos. Sa compagne, Maria, a convié trois copains à leur domicile de Beaucaire et prévu une surprise dans une salle des fêtes de la commune. Là bas, Carlos et Maria enchaînent les bières et whisky-coca, jusqu’à ce que le ton monte entre les deux pour une futile histoire de jalousie.
Sur les coups de 2h30 du matin, la bande se décide à quitter les lieux, mais deux d’entre eux, prudents, préfèrent rentrer à pied. Carlos, qui s’est vu retirer le permis de conduire trois mois plus tôt, n’a pas cette réflexion. Alcoolisé, il n’hésite pas à prendre la voiture avec Maria et le troisième convive. Le drame se produit un peu avant 3h du matin sur une route proche de la cimenterie de Beaucaire : au volant de la Peugeot 106 de Maria, Carlos percute Steven, avait qu’il avait passé la soirée et qui avait fait le choix de partir à pied quelques instants plus tôt. La victime, âgée de 31 ans et père de deux enfants en bas âge, marchait sur le bas-côté avec son ex-compagne. C’est cette dernière, indemne, qui appellera les secours qui ne pourront hélas rien faire pour sauver Steven, tué sur le coup. Le chauffard, lui, a pris la fuite et cherchera à se débarrasser de la voiture avant de retourner au travail le lendemain matin comme si de rien n’était.
18 mois requis pour complicité
« Je regrette », s’excuse Carlos depuis le box du tribunal nîmois. Un peu court pour le président Jean-Michel Perez qui aborde le dossier de manière chronologique, dans le détail, pour comprendre le rôle de chacun. Celui de Carlos, évidemment, jugé pour « homicide involontaire », mais aussi celui de sa compagne Maria, qui comparait libre, accusée de « complicité ». À l’audience, cette dernière prétend qu’elle dormait au moment du choc, ce qui va à l’encontre des déclarations des deux autres personnes présentes dans le véhicule. Eux prétendent qu’elle se serait inquiétée pour sa voiture très abîmée en raison de la collision. Après l’accident, elle aurait également incité le chauffard à prendre la fuite. « Je ne m’en souviens plus », répond-elle au président qui tente de déterminer son implication au moment des faits. Le procureur, Stéphane Bertrand, lui rafraîchit la mémoire lors de son réquisitoire : « Elle a une responsabilité à 100 %. Elle sait qu’il est alcoolisé, elle sait qu’il n’a pas le droit de conduire. Et la troisième chose qui est assez terrible, ce qui la tracasse à ce moment-là, ce n’est pas qu’on a peut-être tué quelqu’un, mais qu’on ait abîmé sa voiture. » Il requiert à son encontre 18 mois de prison ferme.
« Je me refuse à qualifier cette mort d’accidentelle »
Dans le box, Carlos, les cheveux bruns tirés en arrière, tatouages dans le cou et sur le bras droit, écoute le représentant du ministère public poursuivre : « Je me refuse à qualifier cette mort d’accidentelle. On a un individu qui sait qu’il va à une soirée où il va s’alcooliser. Il sait pertinemment qu’il n’a pas le permis de conduire. Il va avoir un accident, il a immédiatement conscience qu’il a renversé quelqu’un, il décide de prendre la fuite et envisage même de faire disparaitre le véhicule. » Rappelant que « la vie humaine a un prix », Stéphane Bertrand demande à ce que Carlos soit condamné à 7 ans de prison ferme et l’annulation de son permis de conduire pour les 10 prochaines années. Après la plaidoirie de son avocate, Maître Justine Fages, Carlos, tête baissée, « demande pardon » à la famille, n’osant pas affronter les visages attristés de la mère et de l’ex-femme de la victime. Il est condamné à 5 ans de prison et l’interdiction de repasser le permis d’ici 10 ans. Sa compagne Maria, défendue par Maître Élodie Toniazzo, écope d’un an de prison ferme, peine qu’elle pourra effectuer à son domicile avec un bracelet électronique.