"Sans l'intervention des policiers, nous aurions subi une nouvelle fusillade au quartier du mas de Mingue", certifie le procureur Arnaud Massip en réclamant deux peines de 10 ans de prison pour deux jeunes récidivistes qui comparaissent détenus à l'audience correctionnelle de ce jeudi 17 octobre. Pour le troisième prévenu, au casier plus léger, il est demandé 7 à 8 ans de prison.

"À minuit tout est fermé au Mas de Mingue, on ne va pas y faire du tourisme ou du shopping. Et là lorsque la police arrive, elle découvre des armes de guerre, un pistolet 9mm. Toutes les armes sont approvisionnées, chargées et prêtes à être utilisées", selon le procureur Massip. "C'est le cocktail pour préparer un nouveau crime".

Des jeunes prévenus qui sont impliqués dans une affaire de narcotrafic. "Ce dossier est la manifestation de la guerre des gangs entre Nîmes et Marseille, avec le réseau marseillais qui a essayé de prendre le pouvoir au Mas de Mingue et Chemin bas d'Avignon", estime le procureur Massip. 

Dans cette affaire, il n'y a pas eu de tirs et aucun blessé si ce n'est un policier rapidement intervenu qui sera frappé par un jeune lors des interpellations. "Les policiers ne sont pas là pour être blessés, tués, malmenés", déplore le conseil de la victime, Maître Valérie Devèze.

Dans les actes, les forces de l'ordre sont appelées le 9 avril 2023 sur l'avenue Notre dame de Santa Cruz au quartier du Mas de Mingue pour un véhicule signalé volé dans la région marseillaise. Lorsqu'ils arrivent sur place, les trois occupants du véhicule et celui d'une moto T-MAX également volée dans le département du 13 essaient de fuir et laissent tomber l'arsenal. Ils affirment ensuite dans la procédure être victimes d'agresseurs et que ces derniers auraient laissé sur place les armes alors que la Police arrivait ! "Mais alors pourquoi vous vous cachez lorsque la Police arrive, puisque vous dites que vous êtes victimes vous devriez être content de l'arrivée des policiers," titille le président du tribunal Jérôme Reynes. 

Pourtant pour les armes saisies par les enquêteurs du commissariat de Nîmes au Mas de Mingue, deux Kalachnikov ont servi dix jours auparavant dans le quartier de Valdegour dans une tentative de meurtre liée aux stupéfiants. Deux des trois prévenus ont également leurs ADN dans un véhicule qui a été ulilisé par les malfaiteurs dans un règlement de comptes à Marseille le 3 avril 2023, avec comme résultat deux morts et un blessé grave. 

"Nous ne sommes pas ici pour juger l'affaire marseillaise", relativise un avocat qui rappelle que dans la tuerie phocéenne les deux mis en cause jugés à Nîmes sont mis en examen pour "recel de vol" et non pas pour "assassinats". 

Dans la procédure nîmoise l'ombre de la mafia marseillaise est pourtant bien présente avec le gang DZ Mafia qui est cité et le quartier de la Paternelle réputé pour son trafic incessant de drogue. 

"Le procureur a félicité les enquêteurs, mais il n'est pas établi de projet criminel dans ce dossier", nuance Maître Merah. "On demande 7 à 8 ans de prison pour mon client et c'est extrêmement sévère dans un dossier sans aucun tir, sans blessé par arme à feu. J'étais au tribunal de Marseille, il y a 15 jours et pour des tirs en plein jour dans la rue, un prévenu a été condamné à 6 ans", ajoute l'avocat nîmois. 

"On évoque la guerre des gangs, la rivalité entre Nîmes et Marseille mais il y a quoi concrètement dans le dossier qui nous intéresse aujourd'hui à Nîmes", tâcle Maître Jean-Faustin Kamdem. 

Le tribunal correctionnel présidé a condamné le trio à des peines de 8 ans à 12 ans de prison avec les 2/3 de période de surêté et un maintien en détention.