NÎMES Lorsque le vendeur de drogue "gagne plus que le procureur de la République"
Deux hommes ont été interpellés dans le quartier du Chemin-Bas-d’Avignon à Nîmes, ce dimanche. Ils comparaissent ce mardi 26 mars pour de la détention de stupéfiants. Ils ont été condamnés...
« J’ai une info pour vous monsieur », déclare le vice-procureur Willy Lubin à l’adresse d’un revendeur de drogue du Chemin-Bas-d'Avignon à Nîmes. Le prévenu dans le box se redresse subitement et écoute attentivement, comme si le magistrat allait lui faire une grande confidence : « Vous n’êtes qu’un revendeur, et pourtant vous gagnez plus que le procureur de la République. »
Dans le box, le prévenu et son complice « ravitailleur » se regardent en souriant comme surpris par cette déclaration. « Et oui ! À 150 euros pour 5 heures de travail, vous gagnez plus que beaucoup d’entre nous. Attention, si l’on ne fait rien, les trafiquants de drogue seront les premiers employeurs du Gard », reprend le représentant du parquet de Nîmes qui va réclamer condamnation contre les deux hommes.
Le plus âgé des deux prévenus est au plus bas de l’échelle du trafic. Un simple revendeur « qui assume ses actes », et « avec une addiction à la cocaïne ». Cet homme de 34 ans devait de l’argent, près de 2 000 euros selon ses dires, et il n’a rien trouvé de mieux que de vendre des produits stupéfiants pour rembourser ses dettes.
Son complice, le ravitailleur, indique qu’il a été obligé de faire ces délits ! « Un grand de 1,90m est venu me voir, je n’avais pas le choix. J’ai fait ça gratuitement. Pour moi, c’était un travail forcé : c’était soit ça, soit je recevais des coups », estime le prévenu de 22 ans, arrêté trois fois en une semaine et finalement jugé pour les stupéfiants. Il devait, selon ses dires, approvisionner le vendeur et dissimuler la drogue dans « une cachette à l’intérieur du collège ». "Il a été forcé de faire ça, on le voit souvent dans les quartiers avec des jeunes qui sont sous l'emprise des trafiquants", ajoute pour cet homme, maître Patricia Perrien.
Le ravitailleur écope au total de 21 mois de détention car il est en récidive et qu'il avait plusieurs sursis sur la tête. Il est puni de 12 mois ferme pour la détention récente de drogue avec un maintien en détention et il a l'interdiction de fréquenter le quartier du Chemin-Bas-d'Avignon à sa sortie de prison.
Le vendeur est lui sanctionné à 6 mois de prison, avec une interdiction de se rendre dans le Gard. Une sanction qu'il accepte volontiers puisqu'il avait justement décidé de quitter la région nîmoise.