Son arrivée en octobre 2021 coïncide avec la mort de Frédéric Bezin, ce père de famille abattu d’une balle dans la tête alors qu’il partait de chez lui à Vauvert. Depuis trois ans, les gendarmes de la SR de Nîmes ne lâchent rien et pourtant un petit détail ou un témoignage font défaut pour relancer les investigations.

« Cette victime avait une vie parfaitement normale… C’était un bon père de famille, un bon mari, travailleur et sans aucune histoire qui peut expliquer un tel drame », souligne le colonel Jérôme Lacour, patron de la Section de recherches de Nîmes pendant trois ans. L’officier part vers le nord de la France et une promotion puisqu’il dirige depuis le 1er septembre la très étoffée SR de Lille.

Durant son mandat gardois les affaires criminelles se sont succédées, mais il reste marqué par ce crime non élucidé survenu à Vauvert… « Ce qu'il y a de plus terrible dans un homicide est de ne pas pouvoir donner des réponses à une famille qui attend de nous, et c’est bien normal, des résultats. Je pars en sachant que des enfants et une épouse n’ont pas de réponse », regrette l’enquêteur.

La découverte du corps de Silhem

D’autres affaires ont été rapidement élucidées comme celle de la disparition de la jeune Sihem près de La Grand'Combe en janvier 2023. « Il y avait un véritable enjeu dans ce dossier. Le premier était celui de retrouver cette jeune femme, avec l’espoir qu’elle puisse être vivante lorsque nous avons commencé à faire des investigations, explique Jérôme Lacour. On ne savait pas au départ si elle était séquestrée quelque part par exemple ou si elle était décédée ».

L'enquêteur explique que, d’habitude, le point de départ d’une affaire criminelle est le corps et ensuite on retrouve l'auteur. « Là, nous avons arrêté un suspect qui a depuis été mis en examen sans savoir ce qui était arrivé à cette jeune femme, se remémore-t-il. J’ai été marqué par le dénouement tragique, c’est toujours humainement très difficile d’aller voir une famille pour dire que leur fille est décédée ».

Fusillade à Pont

En octobre 2023, la commune de Pont-Saint-Esprit est le théâtre d’une fusillade nocturne avec deux morts et deux blessés à la sortie d’un bar à chicha de la ville. L’enquête de la SR de Nîmes va rapidement s’intéresser aux conflits entre les bandes rivales autour du trafic de drogue. Quatre mois après, début 2024, une opération d’envergure permet d’appréhender une dizaine de personnes. « Il n’y a pratiquement plus de braquages ou d’attaques de DAB. Aujourd’hui, tout tourne autour des stupéfiants et les malfaiteurs n’hésitent pas à utiliser les armes de guerre pour éliminer un potentiel concurrent », analyse-t-il. Lorsque les gendarmes arrivent à Pont-Saint-Esprit, il y a un travail de police scientifique énorme avec des dizaines de douilles au sol. « Cette affaire avait en toile de fond le narcotrafic entre le Gard, le Vaucluse et Marseille », indique le colonel Lacour. En trois ans à la tête de la SR de Nîmes, c’est 2 tonnes de cannabis qui ont été saisies et 10 kilogrammes de cocaïne... Avec aussi un dossier à la dimension internationale, celle des mules venues de Guyane qui ingurgitaient la cocaïne avant de prendre l’avion pour la livrer dans le Gard.

Proxénétisme et délit environnemental

Son départ* est aussi l’occasion de mettre sur la table le travail effectué par ses « hommes », autour de nouveaux délits ou crimes, comme les infractions liées à l’environnement ou au trafic international de pots catalytiques démantelé par la Section de recherches de Nîmes il y a près d’un an.

Un autre phénomène a été repéré par l’enquêteur, celui du proxénétisme et de la prostitution de très jeunes femmes en déshérence : « Des enquêtes avec énormément de souffrance pour ces victimes. »

Dorénavant le colonel Lacour va diriger une nouvelle équipe d’enquêteurs dans le Nord de la France avec d’autres thématiques criminelles et délictuelles. Il est remplacé à Nîmes par le colonel Capsié qui vient officiellement cette semaine de prendre son commandement.

*Entretien réalisé au mois d'août.